Le 17 juin, le monde entier célèbre la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse. Intitulée « Femme, sa terre et ses droits », l’édition 2023 vise à mettre en lumière la condition des femmes dues à la sécheresse.
Une lutte permanente.
Si les conséquences de la sécheresse sont multiples, les dégâts environnementaux sont les plus visibles. La désertification rend les terrains inondables, cause une salinisation des sols et détériore la qualité de l’eau. D’après l’Organisation météorologique mondiale et l’ONU, le « nombre et la durée des sécheresses ont augmenté de 29 % depuis 2000, par rapport aux deux décennies précédentes ».
Selon la banque mondiale, le manque à gagner s’élève à 42 milliards de dollars pour les régions touchées par la désertification. Paradoxalement, le coût annuel de la lutte contre cette catastrophe est seulement de 2.4 milliards.
Au Niger, la désertification s’explique par le changement climatique. Il entraîne de mauvaises récoltes, une hausse du prix des produits vivriers et une baisse du revenu des populations rurales. Dans un pays où 80 % de la population dépend de l’agriculture pluviale, les sécheresses peuvent également être à l’origine de crises alimentaires sévères comme celle de 2004.
Cette dépendance oblige le pays à provoquer "des pluies artificielles". Les autorités nigériennes annoncent plus de 4,4 millions de personnes en insécurité alimentaire "sévère", soit environ 20% de la population. L'Organisation mondiale de la santé (OMS), elle, prévoit un taux de malnutrition aiguë plus élevé chez les enfants : 12,5%, dépassant le seuil d'urgence de 10% fixé par l’OMS.
Les ravages de la sécheresse sur une majeure partie de la population nigérienne rendent cette lutte quotidienne. Et au Niger, le défi est double : lutter contre une réalité qui touche toutes les couches de la société et faire face à l’injustice que subissent les femmes dans le milieu agricole.
« Femme. Sa terre. Ses droits. »
Le choix de ce thème pour l’édition 2023 n’est pas anodin. Selon Ibrahim Thiaw secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la Lutte Contre la Désertification (CNULCD), « les femmes sont des acteurs majeurs des efforts mondiaux visant à réduire et à inverser la dégradation des terres. Cependant, dans la grande majorité des pays, les femmes ont un accès inégal et limité aux terres et au contrôle de celles-ci. ». « Nous ne pouvons pas atteindre la neutralité en matière de dégradation des terres sans égalité des sexes, tout comme nous ne pouvons pas exclure la moitié de la population des décisions relatives à la gestion des terres en raison de leur sexe », poursuit-il.
Bien que près de la moitié de la main-d'œuvre agricole mondiale soit aujourd'hui féminine, moins d'un propriétaire foncier sur cinq dans le monde est une femme selon l’ONU. En d’autres termes, seulement 15 % d’entre elles sont propriétaires des terres qu’elles cultivent.
Parmi les difficultés rencontrées par les femmes dans le monde, apparaît l’héritage des biens de leur mari. Dans certains pays, ce droit continue d'être bafoué au nom de lois et de pratiques coutumières, religieuses ou traditionnelles.
Au Niger, on dit souvent que « les femmes c’est la sauce et les hommes c’est la boule (de mil) ». Or, cette expression traduit mal l’implication des femmes pour la sécurité alimentaire.
« Femme. Sa terre. Ses droits » est un thème qui participe grandement à l’éveil des consciences. Il entraîne une réflexion sur l’importance des femmes dans le domaine agricole comme sur la nécessité de respecter leurs droits à la propriété.