Le nouveau Président de la République fédérale du Nigeria, Asiwaju Ahmed Bola Tinubu, a été désigné Président en exercice de la Conférence des chefs d'État de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), lors de la 63e session de l'organisation qui s'est tenue dimanche 9 juillet 2023 à Bissau. Aussitôt investi, le successeur de Muhammadu Buhari a déroulé les priorités de son mandat qu'il a principalement axé sur la guerre contre les changements anticonstitutionnels dans l'espace régional. Le leader de la première puissance d'Afrique de l'ouest, qui a annoncé placer son mandat sous le sceau de la démocratie, envoie ainsi un signal fort contre les coups d'Etat et les régimes militaires. Un message qui a certainement dû bien résonner à Bamako, Conakry et Ouagadougou.
"Nous n'avons pas investi dans nos armées, leurs uniformes, leur formation, leurs bottes pour qu'ils se braquent contre les populations et violent les principes républicains", a déclaré le nouveau Président en exercice de la Cédéao, dans le discours qu'il a prononcé suite à sa désignation par ses pairs à la tête de l'organisation régionale. Le président Ahmed Bola Tinubu qui a annoncé faire de "la démocratie sera le socle de son action", en a vanté les mérites. "La meilleure forme de gouvernement", bien qu’elle soit "très difficile à gérer", a-t-il toutefois reconnu. "Nous en avons besoin pour être un exemple pour le reste de l’Afrique et du monde", a indiqué le nouveau Président de la République fédérale du Nigeria, qui succède au chef d'Etat bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, à la tête de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. "Nous ne permettrons pas qu’il y ait coup d’État après coup d’État en Afrique de l’Ouest", a-t-il ajouté alors que trois (03) membres de l'organisation (Mali, Burkina et Guinée) ont subi cinq coups d’État depuis 2020.
« Nous devons être des défenseurs de la démocratie. Nous avons fait beaucoup de sacrifices pour elle, nous en avons besoin et nous devons être des exemples ». HE. Ahmed Bola Tinubu
Les transitions militaires en cours dans ces trois pays étaient d'ailleurs au menu du Sommet des chefs d'Etat. Dans le sillage de la position affichée par le nouveau Président en exercice, M. Omar Alieu Touray, président de la commission de la Cédéao, a exhorté les juntes de ces pays à respecter les délais convenus pour remettre le pouvoir à des dirigeants civils. "Dans le cas où le temps imparti pour la transition échoue, des sanctions majeures pourront tomber", a-t-il prévenu.
Le leader du géant nigérian s'aligne ainsi sur son prédécesseur, Muhammadu Buhari, qui durant son mandat à la tête de l'organisation, s'est opposé aux changements anticonstitutionnels y compris les coups d'Etat et les 3e mandats. Le Président Ahmed Bola Tinubu aura de quoi s'occuper avec la gestion des transitions militaires au Mali, au Burkina et en Guinée, où le retour à l'ordre constitutionnel devrait, en principe, intervenir au cours de l'année 2024. C'est en tout cas ce qu'il a été convenu avec la Cédéao dans le cadre de la médiation qu'elle déploie dans ces 3 pays membres actuellement dirigés par des juntes militaires.