La junte nigérienne a menacé de riposter sur un des pays membres de l’organisation régionale, en cas d’attaque.
La Communaute économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) franchira-t-elle le pas ? Dimanche 30 juillet, l’organisation régionale avait donné aux putschistes nigériens un délai d’une semaine pour rétablir le président Mohamed Bazoum dans ses fonctions. Élu en avril 2021, ce dernier a été destitué mercredi 26 juillet par des officiers de l’armée nigérienne au terme d’un mouvement d’humeur de la garde présidentielle. Sept jours se sont écoulés sans que le moindre signe d’un fléchissement du Comité national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), junte au pouvoir au Niger, n’apparaisse.
Son chef, le général Abdourahamane Tchiani, a condamné les sanctions économiques et financières de la Cédéao qu’il a qualifiées, à travers un discours prononcé la veille de la 63e célébration de l’indépendance, d’ « injustes » et d’ « inhumaines ». Dans un communiqué lu le 3 août par le colonel major Amadou Abdramane, porte-parole du CNSP, les militaires au pouvoir ont mis en garde l’organisation communautaire contre toute agression ou tentative d’intervention contre l’Etat du Niger qui se verrait dans l’obligation de riposter immédiatement et sans préavis « sur un de ses membres à l’exception des pays amis suspendus ».
Face à cette témérité, les pays favorables à une intervention armée n’ont pas reculé. Le même jour, profitant d’un face-à-face avec la presse, la ministre sénégalaise des Affaires étrangères, Me Aissata Tall Sall a déclaré que le Sénégal est prêt à prendre part à une opération de la force en attente de la Cédéao. Car pour la cheffe de la Diplomatie sénégalaise, il faut en finir avec les coups d’Etat. En dehors de Dakar, Cotonou, Abidjan et Abuja seraient les autres capitales ouest-africaines favorables à un règlement du conflit par les armes.
Existe-il encore un moyen d’eviter la guerre ?
En face, le camp composé du Mali et du Burkina Faso se sont joints au Niger. Au lendemain de la lecture d’un communiqué conjoint à travers lequel elles ont apporté leur soutien à leurs homologues du Niger, les autorités malienne et burkinabè ont reçu une délégation du CNSP conduite par le général Salifou Modi. Selon les versions officielles, les échanges ont tourné autour du renforcement de la coopération militaire entre les trois pays. Ce qui semble indiquer qu’une entente est en train de se mettre en place en face des pays « va-t’en guerre » de la Cédéao.
Cette mobilisation des différents camps fait craindre le pire cette fois alors que dans les cas malien et burkinabè, la recherche d’une solution pacifique avait prévalu. Pourtant, l’option militaire n’est pas encore entérinée par la Cédéao. Lors de l’ouverture des travaux des chefs d’Etat-major de la Cédéao, le commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité, Le Ghanéen Abdel Fatau Moussa a rappelé que la voie pacifique est privilégiée. Sans opposer son véto à une intervention militaire, le sénat nigérian a demandé au président Bola Ahmad Tinubu d’explorer toutes les voies pacifiques et diplomatiques pour régler la crise nigérienne. En outre, des analystes estiment que la nécessité pour les chefs d’Etat de préserver la Cédéao, menacée d’implosion, peut être un élément dissuasif pour la confrontation même si l’organisation régionale joue sa crédibilité à travers cette nouvelle épreuve.