Dans un communiqué lu à la télévision publique hier jeudi par son porte-parole, le colonel-major Abdrahmane Amadou, le Conseil National pour la Défense de la Patrie (CNSP), la junte au pouvoir à Niamey, a tenu à rappeler aux forces françaises stationnées au Niger que le délai qui leur avait été imparti pour quitter le territoire est en train de courir depuis la dénonciation, le 3 août dernier, des accords de défense entre les deux pays. Cette annonce fait suite, selon le Conseil, à la persistance des « manœuvres illégales, suspectes et dangereuses des forces françaises » avec notamment, un nouvel épisode de brouillement des communications des aéronefs militaires français entrant dans l’espace aérien nigérien comme ce fut encore le cas le mercredi 9 août 2023 à 22h30, lorsqu’ un avion militaire de type A401 a cherché à atterrir à Arlit sans plan de vol préétabli en coupant une fois encore tous les moyens de communication et de suivi. Dans son communiqué, les nouvelles autorités de Niamey ont réitéré la mobilisation et la détermination des Forces de défense et de Sécurité (FDS) et du peuple nigérien, « à faire échec à toute entreprise de déstabilisation ».
Dans le communiqué portant le numéro 26, lu jeudi en milieu de journée à la télévision publique par son porte-parole, le CNSP a tenu à porter à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale qu’en « dépit du communiqué n° 25 en date de 9 août 2023 dans lequel le Conseil dénonçait les manœuvres illégales, suspectes et dangereuses des forces françaises consistant à couper sciemment tout moyen de contact pour échapper aux services nigériens de surveillance et de contrôle lors du survol de notre territoire durant des heures », d’autres faits de même nature ont été enregistrés par la suite. C’est ainsi que selon le colonel-major Abdourahmane Adamou, le mercredi 9 août 2023 à 22h30, un avion militaire de type A401 a cherché à atterrir à Arlit sans plan de vol préétabli en coupant une fois encore tous les moyens de communication et de suivi. « Le CNSP, le gouvernement de transition et les Forces de défense et de sécurité fustigent ce manque de transparence et cette duplicité qui consiste à détourner une demande d’autorisation de survol accordée par les autorités nigériennes pour poser des actes attentatoires à la sécurité de notre pays », a-t-il poursuivi avant d’ajouter que « la répétition de ces actes et la persistance de ce comportement inacceptables prouvent à suffisance que les forces françaises ne respectent aucune règle et qu’elles ont plutôt un agenda caché ».
En tout état de cause, a poursuivi le porte-parole du CNSP, « les Forces de défense et de Sécurité et le peuple nigérien sont mobilisés et déterminés à faire échec à toute entreprise de déstabilisation ». Aussi, a-t-il ajouté, « ils rappellent que non seulement l’Etat du Niger a dénoncé, dans le communiqué n°19 du 3 août 2023, tous les accords de défense et de sécurité signés entre notre pays et la France mais également que depuis cette date, les délais accordés aux armées françaises pour quitter le territoire nigérien conformément à ces accords sont en train de courir ».
Escalade entre Niamey et Paris
Pour rappel, les nouvelles autorités militaires nigériennes ont accusé, mercredi dernier, les forces françaises d’avoir délibérément « libéré des terroristes » qui ont par la suite planifiés des attaques contre des positions militaires dans la zone des trois frontières. Le même mercredi, aux premières heures de la journée, la position de la Garde Nationale du Niger (GNN) de Bourkou-Bourkou, à une trentaine de kilomètres du site aurifère de Samira, a été attaqué par des terroristes avec un bilan de 5 soldats tués et 4 autres blessés. Le même jour, et toujours selon le porte-parole de la junte, un avion militaire a décollé de N'Djamena, au Tchad et a volontairement coupé tout contact avec le contrôle aérien à l'entrée de l’espace aérien du Niger entre 6H39 à 11H15 locales. Dans son communiqué, le porte-parole du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), la junte qui a pris le pouvoir au à Niamey, a indiqué que depuis leur avènement au pouvoir, « nous assistons à un véritable plan de déstabilisation de notre pays » dont le but est de le « discréditer le CNSP » et de « créer une rupture avec le peuple qui le soutient » et de créer « un sentiment d'insécurité généralisée ».
Des accusations aussitôt démenties « fermement » par Paris qui les a qualifiés « d’infondées » avant d’accuser « les putschistes au Niger » de « tentative diversion au moment où la CEDEAO multiplie les efforts de médiation afin de restaurer l’ordre constitutionnel au Niger ».
Il convient de noter aussi que le jeudi 3 août 2023, le CNSP avait déjà annoncé sa décision de dénoncer plusieurs accords militaires conclus avec la France, concernant notamment le « stationnement » du détachement français et le « statut » des militaires présents dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. « Face à l’attitude désinvolte et à la réaction de la France relativement à la situation » du Niger, « le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie décide de dénoncer les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense avec cet Etat », a déclaré le porte-parole de la junte qui lisait un communiqué à la télévision publique (RTN). Cependant, pour la France, qui compte environ 1 500 soldats au Niger, seules « les autorités nigériennes légitimes » peuvent dénoncer les accords militaires.