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Pastoralisme au Niger : L’élevage, un secteur porteur de richesse, mais plein de risques
Publié le mardi 30 avril 2013   |  Medianiger.info




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Deuxième activité des nigériens après l’agriculture, le pastoralisme au Niger représente 11% du PIB national et 35% du PIB agricole. La vente des produits de l’élevage place ce secteur en seconde position après l’uranium.


De l’importance de l’élevage au Niger


Suite à la demande du mouvement paysan nigérien, le gouvernement du Niger a examiné et adopté le 20 mai 2010 le Projet d’ordonnance relative au pastoralisme. L’ordonnance 2010-029 du 20 mai 2010 relative au pastoralisme consacre la reconnaissance par l’État et les collectivités territoriales, de la mobilité pastorale comme un droit fondamental des éleveurs, des pasteurs nomades et transhumants. Elle vise à renforcer le Code Rural dans son ambition de sécuriser le pastoralisme au Niger et constitue une avancée juridique majeure pour les communautés pastorales. Ce projet d’ordonnance concrétise le principe de transfert des compétences qui propose la commune comme maître d’ouvrage dans la gestion des puits en zone pastorale et institue un système de fermeture et de libération des champs de cultures pluviales en zone agricole, pour prendre en compte les nécessités d’une bonne intégration entre l’agriculture et l’élevage, sous la responsabilité des régions. Enfin, l’ordonnance 2010-029 du 20 mai 2010 relative au pastoralisme clarifie le statut domanial des ressources pastorales et l’institutionnalisation d’une réglementation appropriée. Le secteur de l’élevage constitue aujourd’hui une source importante de revenus pour une grande partie des ménages ruraux. Il contribue efficacement dans la lutte contre la pauvreté en tant que principale source de revenus notamment dans les ménages ruraux où son apport est estimé à 15% du budget. Selon l’ancien ministre de ressources animales,Issyad Ag Kato « cette activité procure un emploi permanent à plus de 87% de la population nigérienne qui pratique l’élevage à temps plein ou partiel ». Grâce à sa très grande diversité biologique, la pratique de l’élevage la contribue à la couverture des besoins alimentaires des populations à travers la fourniture de nutriments nécessaires au développement humain notamment la viande et le lait. L’élevage joue également un rôle important dans le développement de certains secteurs notamment l’agriculture à travers la fumure organique et la promotion du développement industriel notamment les laiteries, les fromageries ou les cuirs et peaux.



Le cheptel et les différents types d’élevage



Le ministère de l’élevage a estimé en 2009, le cheptel nigérien à 36 millions de têtes toutes espèces confondues, soit un capital bétail estimé à plus de 2000 milliards de Fcfa. La plus forte concentration du cheptel se situe dans quatre régions du pays à savoir Zinder avec 26 % de l’effectif du cheptel suivi de Tahoua avec 21 %, Maradi avec 16 % et Tillabéry avec 15 %. Les régions de Diffa et Dosso concentrent respectivement 10 % et 8 % de l’effectif total du cheptel. Les régions de Niamey et Agadez sont les régions où la concentration du cheptel reste faible avec respectivement 1 % et 3 %. Le Niger estun pays à vocation pastorale. Ils sont aujourd’hui plus d’un million de nigériens à exercer à plein temps dans le secteur de l’élevage. Cette activité est aussi pratiquée par une frange importante d’agriculteurs qui complètent leurs activités par la production animale. Il existe principalement trois types d’élevage au Niger. Il s’agit de l’élevage sédentaire, l’élevage nomade et l’élevage transhumant. Selon une étude menée par le Programme des nations unies au Niger (PNUD) : L’élevage sédentaire est le plus dominant. Il concerne 66 % de l’effectif total du cheptel suivi par l’élevage nomade qui représente 18 % et l’élevage transhumant 16 %. En plus les activités d’embouche et de production laitière qui s’intensifient de plus en plus dans le sud-ouest du Niger, environ 2/3 des bovins se trouvent aujourd’hui dans la zone agropastorale entraînant du coup l’intensification de la production laitière. Les superficies pâturables au plan national, sont évaluées à environ 60 millions d’hectare en 1998. La pratique de l’élevage est propice dans une bonne partie du pays, notamment dans la zone pastorale a cause principalement des spécificités agro-écologiques. Selon les spécialistes, en temps normal la production fourragère de cette zone couvre les besoins théoriques de toutes les espèces animales.



Des contraintes



La difficulté majeure de la pratique de cette activité réside dans la disponibilité et l’accès à l’eau et aux pâturages. Son caractère essentiellement extensif, sa dépendance exclusive des facteurs climatiques, le problème foncier qui continue à être au centre de plusieurs conflits sanglants et le faible dynamisme des organisations des producteurs. En témoigne la rixe survenue le 19 juin 2012 à Zouzou Saney, dans le canton de Koygolo dans la région de Dosso. Ce drame dont la gestion du foncier est à l’origine a causé la mort de six personnes et plusieurs dégâts matériels et une perte énorme d’animaux. Le pastoralisme est également une activité à risque pour ceux qui le pratique car même en dehors des conflits avec les agriculteurs, il y subsiste une autre forme de menace. Il en est ainsi des actions du banditisme transfrontalier qui se traduit par le vol de bétail avec utilisation d’armes à feu. Ce type de banditisme prospère dans la zone pastorale là ou les forces de défense et de sécurité sont les moins visibles. La région de Tillabéry qui est la zone la plus touchée.Le secteur de l’élevage est également très dépendant des conditions climatiques. La vulnérabilité du secteur de l’élevage aux changements climatiques s’explique par l’observation de la relation positive entre les hauteurs de pluie tombée et les ressources fourragères et aussi du lien positif entre les hauteurs de pluie tombée et les effectifs du cheptel d’où la vulnérabilité de ce secteur aux changements climatiques. A titre illustratif , les sécheresses successives de 1970 à 1974, puis de 1983 à 1985 ont entraîné d’importantes mortalités du cheptel national et engendré de fortes perturbations tant dans la composition que dans la structure des troupeaux. Cette année, il a été enregistré un déficit de 10 millions de tonnes de fourrage. Ce déficit fourrager représente en effet plus de la moitié des besoins annuels de l’ensemble du cheptel national.Les contraintes sanitaires sont principalement caractérisées par le refus des éleveurs d’utilisés les produits notamment pour des raisons d’utilité et de coût. Les contraintes sont aussi marquées par une insuffisance accrue de la surveillance sanitaire liée par l’absence d’un circuit fiable d’approvisionnement en produits pharmaceutiques et zootechniques. Ainsi, si certaines épizooties comme la peste bovine ont pu être stabilisées, il n’en demeure pas moins que les contraintes sanitaires constituent aujourd’hui des inquiétudes car pouvant compromettre significativement le développement des ressources animales au Niger. Les maladies les plus courantes sont les maladies parasitaires et les maladies épizootiques.



Problématique de compétitivité



Les difficultés qui entravent la compétitivité des productions animales sont multiples et variées. Il s’agit de la prédominance des systèmes traditionnels de production ne permet pas d’offrir des produits de qualité toute l’année, l’absence de vrais professionnels dans le secteur et la présence de plusieurs intervenants informels qui rendent les transactions et les opérations peu performants. Les contraintes sanitaires compromettent également les possibilités d’exportation vers les marchés africains, européens et américains. Ce secteur reste une activité précaire dans laquelle les différents gouvernements au Niger ont peu investi. En 2009, le gouvernement à investit seulement 1% du budget national contre 35% dans le secteur de l’agriculture. Le secteur de l’élevage est aussi caractérisé par l’inexistence d’un schéma directeur de développement de l’élevage ce qui caractérise la baisse d’efficacité des structures d’encadrement et la forte baisse de financement du secteur de l’élevage. En dehors de quelques programmes de relance de la production animale, ayant consisté en l’octroi des animaux de reproduction à des éleveurs sinistres suite aux aléas climatiques et des femmes pour le petit élevage les actions de soutien à la production animales sont quasiment inexistantes ou très timides.



Altération de la fonction d’éleveur



L’altération de la fonction d’éleveurs est aussi un aspect qui nécessite une prise en compte sérieuse dans la valorisation de ce secteur. Aujourd’hui il n’existe que très peu d’éleveurs qui peuvent se targuer d’être propriétaire du bétail dont ils ont la charge. La plupart ont perdu leurs animaux. A l’heure actuelle, ils ne sont que des bouviers exerçant pour le compte des tiers. Très mal payés et sans véritable protection beaucoup sont sur la voie de raccrocher, s’ils ne l’ont pas déjà fait. Le pastoralisme n’est pas en voie de disparition mais sa perte de vitesse est réelle dans le sahel en général et dans notre pays en particulier. Son agonie risque d’affecter considérablement ce pan essentiel de notre économie qu’est l’élevage si des mesures idoines ne sont prises. Face à cette situation, il est urgent d’envisagé une refonte totale du secteur tant dans sa forme que dans son fond. Le pastoralisme ne doit plus être cette activité exercée suivant sa forme traditionnelle actuelle. Des méthodes modernes doivent impérativement y être associées. La fonction d’éleveur se doit également d’être revalorisée en allouant des crédits ou des subventions aux éleveurs victimes des aléas climatiques ou sécuritaires. Malheureusement, malgré les importants bénéfices apportés par les systèmes de production pastoraux, ce secteur multiforme et important à l’économie nigérienne continue à demeurer dans une précarité sans précédente. Cette activité a pour corollaires la persistance des conflits meurtriers qui conduit au désintéressement progressif des éleveurs de leur activité principale jugée trop dangereuse débouchant ainsi sur leur reconversion dans autres choses.La prise en compte des mesures alternatives serait plus que nécessaire afin d’assurer une viabilité et surtout une durabilité àcet important secteur.



Des perspectives



L’élevage occupe une place importante au Niger. Très prometteur, ce secteur fait l’objet d’un regain d’intérêt tant au niveau du gouvernement et aussi au niveau des acteurs et partenaires au développement. Dans le cadre de l’aide à l’élevage le gouvernement nigérien et l’Agence française de développement (AFD) ont lancé le 15 mars 2012 un programme d’aide à l’élevage. Cet important programme vise à appuyer la campagne pastorale et surtout fournir le fourrage au cheptel afin d’assurer sa survie. Le déficit fourrager de 10 millions de tonnes de fourrage, représente en effet plus de la moitié des besoins annuels de l’ensemble du cheptel national. Selon l’AFD sur les 10 millions d’euros d’aide budgétaire pour l’année 2011, 2,48 millions d’euros sont immédiatement affectés à l’acquisition des 10 000 premières tonnes sur les 25 000 tonnes prévues de compléments alimentaires pour le bétail constitué de son de blé et tourteaux de graines de coton. En plus de compenser le déficit fourrager, entend apporter un soutien aux éleveurs fragilisés par la montée des prix des matières premières alimentaires en mettant sur le marché des aliments à 50 % du prix du marché. Ainsi, cette action à l’endroit de l’élevage vise à complémenter les programmes nationaux de vaccination et de déstockage du bétail afin de favoriser la préservation du cheptel nigérien.

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