Alors que les bouleversements politiques secouent le Niger, le Programme alimentaire mondial (PAM) a déclaré mercredi, dans un communiqué de presse, qu’il était essentiel de poursuivre les distributions alimentaires et les programmes de développement dans ce pays où la crise de la faim s’aggrave. L’agence onusienne appelle à la libre circulation du personnel et des fournitures humanitaires et à un soutien financier soutenu.
« Notre travail est vital pour les plus vulnérables au Niger et doit se poursuivre, en particulier dans les circonstances actuelles », a déclaré Margot Van der Velden, Directrice régionale par intérim du PAM pour l'Afrique de l'Ouest, avant d’ajouter que « quelle que soit la situation politique, la poursuite de nos efforts humanitaires et de résilience est cruciale en ces temps de crise ».
Au cours de la seule première semaine d'août, les équipes du PAM ont livré de la nourriture à 140.000 personnes à travers le pays et des soins vitaux de malnutrition à 74.000 enfants.
« Les parties prenantes doivent rester fermes dans leur engagement à soutenir les personnes confrontées à l'insécurité alimentaire », a déclaré Mme Van der Velden pour qui, « en ces temps difficiles, notre objectif reste de fournir un soutien indéfectible aux communautés vulnérables pendant la période de soudure en cours entre les récoltes ».
Le PAM surveille de près la situation et est prêt à intensifier ses activités en fonction des besoins. En effet, 180.000 personnes supplémentaires touchées par les chocs climatiques continueront également de recevoir des transferts de protection sociale dans le cadre de l'assistance du PAM, qui aide les communautés vulnérables à s'adapter à l'impact de ces chocs.
Fermetures des frontières
Alors que la principale saison de récolte commence en octobre, les communautés du Niger bénéficiant d'un soutien au renforcement de la résilience continuent de développer et d'entretenir des terres restaurées et de produire des aliments nutritifs grâce à des jardins maraîchers établis et à un soutien nutritionnel, notamment pour la prévention de la malnutrition. Cependant, les sanctions et les fermetures de frontières affectent considérablement l'approvisionnement en aliments vitaux et en fournitures médicales au Niger.
Le PAM est très préoccupé par le risque que la hausse des prix place les aliments de base encore plus hors de portée des personnes dans des circonstances déjà difficiles.
L'aggravation de la situation humanitaire survient à un moment où le PAM est contraint de réduire les rations à l'échelle mondiale par manque de fonds, « privant des millions de personnes que nous servons d'une assistance qui non seulement met de la nourriture dans leurs assiettes, mais protège leurs moyens de subsistance », a souligné Mme Van der Velden.
Le PAM a un besoin urgent de 71 millions de dollars pour soutenir ses opérations au Niger jusqu'en janvier – ce chiffre augmentera si la crise s'aggrave. « Si nous ne recevons pas un financement adéquat, les conséquences seront dévastatrices et pas seulement au Niger », a dit Mme Van der Velden. « Au Sahel, de telles crises ne connaissent pas de frontières ».
En effet, le Niger est une voie d'approvisionnement essentielle vers les pays voisins également confrontés à des crises et des besoins humanitaires sans précédent.
Exemptions humanitaires
Pour l'instant, le PAM prévoit d'atteindre 3,6 millions de personnes en 2023. Cela comprend la fourniture d'une aide d'urgence à 1,5 million de personnes touchées par des crises telles que l'insécurité alimentaire saisonnière et les personnes déplacées par l'escalade du conflit.
Rien qu'en juillet, le PAM a aidé au moins 1,2 million de personnes grâce à ses interventions de réponse aux crises et de renforcement de la résilience. Dans les mois à venir, le PAM prévoit également d'atteindre plus de 2,1 millions de personnes avec un programme intégré de résilience.
Les sanctions et les fermetures de frontières mettent en péril la continuité des opérations. En plus des défis majeurs liés à la sécurisation des approvisionnements en carburant dans les circonstances actuelles, les fermetures récentes de l'espace aérien signifient que les vols UNHAS (Service aérien humanitaire des Nations Unies) gérés par le PAM à l'intérieur du Niger sont temporairement cloués au sol.
« Nous exhortons toutes les parties à faciliter les exemptions humanitaires, permettant un accès immédiat aux personnes ayant besoin de nourriture essentielle et de produits de première nécessité », a déclaré la responsable du PAM, soulignant à quel point le travail de l'agence est fondé sur les valeurs humanitaires d'humanité, de neutralité, d'impartialité et d'indépendance.
Solidarité du PNUD
De son côté, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a réaffirmé dans un message sur son compte X (anciennement Twitter) sa solidarité avec la population du Niger. « En pleine crise, nous sommes solidaires du peuple au Niger. Nous croyons aux moyens de changement politique pacifiques, inclusifs et constitutionnels. Nous nous efforçons de soutenir les services de base et appelons les donateurs à s’unir pour continuer à soutenir le peuple nigérien », a déclaré l'agence onusienne.