« La Cédéao poursuivra ses initiatives diplomatiques en faveur du rétablissement de l'ordre constitutionnel en République du Niger sans compromettre l'option du déploiement de la force régionale en attente », a déclaré le président de la Commission de la CEDEAO, Dr. Omar Alieu Touray, lors d’une conférence de presse, à Abuja, le vendredi 25 juillet 2023. Il a en ce sens déclaré que l'option militaire a été décidée par la Conférence des chefs d'État et de gouvernement afin d'endiguer la contagion des coups d'État suite aux trois tentatives réussies et aux trois échecs de coups d’État dans la région. Selon Dr Touray, l’action militaire envisagée au Niger n’est ni « ni une déclaration de guerre », ni « une invasion extérieure » mais découle d’une décision des Chefs d’Etat qui se sont appuyés sur les textes de l’organisation communautaire en la matière.
« L'évolution actuelle de la République du Niger s'ajoute à la liste des tentatives de coups d'État dans la région. Vous pouvez donc comprendre pourquoi les chefs d'État et de gouvernement ont décidé qu'il s'agissait d'un coup d'État de trop et ont décidé qu'il était temps d'y mettre fin à la contagion », a-t-il déclaré. Il a ajouté que « la décision des chefs d’État et de gouvernement d’activer la clause prévoyant l’usage légitime de la force au Niger n’a été prise qu’après avoir dûment pris en compte le fait que le dialogue politique à lui seul n’a malheureusement pas réussi à dissuader les putschistes dans la région ».
« Les précédents au Mali, en Guinée et au Burkina Faso sont troublants et expliquent la raison pour laquelle la Communauté a été obligée d'adopter une position si dure mais légitime, soutenue par le droit communautaire de la CEDEAO qui, je dois le souligner encore une fois, a été souscrit par tous les États membres, y compris la République du Niger », a indiqué Dr Touray, qui n’a pas de souligner, qu’entre temps, l’organisation utilise d'autres éléments de ses instruments et s'engage avec les autorités militaires, comme en témoignent les missions qui ont été déployées dans le pays et les efforts conjoints avec les partenaires, y compris les pays africains, l'Union Africaine (UA) et l'ONU, ajoutant que la Cédéao espère que ces efforts diplomatiques produiront le résultat souhaité et rendront inutile le déploiement de la force. Il a rappelé certaines des initiatives diplomatiques déployées par la Commission dont la première mission envoyée par le Président de l'Autorité de la CEDEAO le 26 juillet 2023, la deuxième mission dirigée par S.E. Le général Abdu Salami Abubakar et le Sultan de Sokoto, qui ont tenu une réunion à l'aéroport ainsi qu'un projet de mission conjointe impliquant l'UA et l'ONU qui a avorté. Le Président de la Commission de la CEDEAO a ajouté : « Je suis heureux d'annoncer que la mission la plus récente a été reçue par le Président du CNSP, le Premier Ministre et les membres du CNSP. La mission a également vu le Président Bazoum ».
Dans son point de presse, le Président de la Commission de la Cédéao a qualifié le coup d'État au Niger de « tragédie pour nos efforts régionaux de consolidation de la démocratie après les crises politiques des années 90, illustrées par les guerres civiles au Libéria et en Sierra Leone », tout en soulignant que « grâce aux efforts collectifs de nos communauté, la région a été stabilisée et les fondements de la démocratie et de l’État de droit restaurés ». En effet, a-t-il poursuivi, jusqu’à trois ans environ, tous les dirigeants de la région de la CEDEAO étaient démocratiquement élus.
Le président a qualifié de « fausse déclaration » l’information selon laquelle la Communauté aurait déclaré la guerre au Niger. Il a noté que la décision de déployer une force régionale est conforme à l'esprit des obligations découlant des instruments communautaires dont la République du Niger est signataire. « Pour éviter tout doute, permettez-moi de déclarer sans équivoque que la CEDEAO n’a ni déclaré la guerre au peuple nigérien et que le déploiement de la force régionale n’est pas non plus un « acte d’invasion ».
Selon ses explications, « la Conférence des chefs d'État et de gouvernement de la CEDEAO a seulement activé une application à grande échelle de sanctions qui inclut le recours à la force légitime pour rétablir l'ordre constitutionnel ». En invoquant les sanctions et les actions associées, le Dr Touray a déclaré que les chefs d'État et de gouvernement de la Communauté se sont appuyés sur les dispositions de la Déclaration de principes politiques de la CEDEAO de 1991 ; le Traité révisé de la CEDEAO de 1993, le Protocole de la CEDEAO de 1999 relatif au Mécanisme de prévention, de gestion, de règlement, de maintien de la paix et de sécurité des conflits ainsi que le Protocole additionnel de 2001 sur la démocratie et la bonne gouvernance. Par ailleurs, Dr Touray a précisé que les actions de l’organisation ont été guidées par une reconnaissance de son obligation dans le contexte de l'esprit de solidarité et de responsabilité collective qui sous-tend l'accord d'intégration de la CEDEAO, ajoutant que la CEDEAO a reconnu la République du Niger comme un membre important de l’organisation communautaire. « Nous sommes profondément préoccupés par le bien-être de la population et du pays, car historiquement, les administrations militaires n'ont démontré aucune capacité à mieux faire face aux défis politiques, sociaux et sécuritaires complexes, alors que la situation sécuritaire dans les pays sous gouvernement militaire a plutôt détériorée, car des territoires nationaux sont abandonnés au profit des terroristes ou sous leur administration, même si cela est devenu la principale justification du coup d’état au Niger», a-t-il indiqué.