Lors de son passage à la tribune de l’ONU, jeudi dernier, le Représentant de la République du Togo, le ministre des Affaires étrangères Robert Dussey, a plaidé en faveur de la paix et du dialogue, affirmant que son pays s’oppose à la guerre quelles qu’en soit les raisons. Une position qui tranche avec celles des Etats va-t’en guerre de la Cédéao, dont le Togo est membre, et qui poussent l’organisation sous-régionale à intervenir au Niger pour restaurer l’ordre constitutionnel après le renversement du régime de Bazoum Mohamed.
A la tribune de la 78e Session de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) qui se tient à New York, aux Etats-Unis, l’intervention du ministre des Affaires étrangères togolais, Pr Robert Dussey, qui a déclaré que son pays s’oppose à la guerre, « quelles qu’en soient les raisons », n’est pas passé inaperçue. Alors que certains dirigeants de la Cédéao maintiennent ferment qu’une intervention militaire au Niger, après le coup d’Etat du 26 juillet, est toujours sur la table, la position du Togo, membre de l’organisation, a été vue comme une manière du pays de se désolidariser de cette option militaire aux conséquences incertaines et surtout risquées. Pour le chef de la diplomatie togolaise, rien en effet de peut justifier le déclenchement d’une guerre surtout dans la sous-région.
« Le Togo est un pays de paix et le Togo s’oppose à la guerre, quelles qu’en soient les raisons. Depuis notre indépendance le 27 avril 1960, jamais le Togo n’a fait la guerre à ses voisins. Jamais, le Togo n’a agressé ses voisins ou un quelconque pays. Jamais, le Togo n’a servi de base arrière pour une quelconque agression contre un pays. Le Togo est un pays de paix. La paix est dans l’ADN du peuple togolais. Le Togo a toujours été un pays de médiation, qui favorise le dialogue, la négociation et l’entente entre les peuples et les gouvernements ». Pr Robert Dussey, ministre des Affaires étrangères du Togo.
En se démarquant de la posture des autres pays, comme avant lui le Cap-Vert, le pays de Faure Eyadéma continue de marquer des points dans cette crise politique que connait le Niger depuis la prise de pouvoir par le CNSP fin juillet. De sources crédibles, des contacts avaient été d’ailleurs pris entre la présidence togolaise et les autorités militaires au pouvoir à Niamey, dans la recherche d’une solution pacifique à la situation.
La semaine dernière, le gouvernement togolais s’est dit aussi favorable à la facilitation de l’accès de l’aide humanitaire au Niger. Dans une note adressée au président de la Commission de la Cédéao, vendredi 15 septembre 2023, le chef de la diplomatie togolaise a fait part de la disponibilité du Togo à « faciliter le travail des agences humanitaires des Nations unies qui apportent une assistance vitale aux populations vulnérables dans le contexte de la crise politico-sécuritaire ».
Cet avis favorable du Togo fait suite à la demande des agences onusiennes, notamment du Sous-Secrétaire général des Nations Unies en charge des affaires humanitaires et de la coordination des secours d’urgence, qui avait sollicité la Cédéao pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire au Niger. Ceci, alors que les pays de la sous-région ont suspendu leurs transactions commerciales avec le Niger, en application des décisions prises par les chefs d’état de l’organisation sous-régionale suite au renversement du président Mohamed Bazoum. Pour le Togo, en permettant l’acheminement de l’aide humanitaire à travers notamment le port de Lomé, il s’agit de prendre en compte « l’intérêt du peuple frère nigérien et de notre communauté ».
Au lendemain justement de l’adoption de ces sanctions économiques et financières qui impactent beaucoup les populations nigériennes, les évêques de l’Eglise catholique togolaise ont appelé, dans une déclaration publique, à leur levée ainsi qu’à la poursuite du dialogue.