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Renaissance africaine : La parole révoltée des Africains qui fusent de partout sur le continent

Publié le samedi 30 septembre 2023  |  nigerdiaspora
Sommet
© aNiamey.com par Dr
Sommet extraordinaire de la CEDEAO sur la situation politique au Niger
Participation du Président de la République, S.E.M Alassane OUATTARA, au Sommet extraordinaire de la CEDEAO sur la situation politique au Niger, ce dimanche 30 juillet 2023, à Abuja.
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Plus rien ne sera comme avant. C’est une certitude. L’Afrique se réveille, sort de la nuit sombre pour affronter le nouveau jour et les lueurs du soleil qui se lève sur le continent. Elle sort d’années d’anéantissement et de marginalisation, prenant conscience qu’elle est à un rendez-vous crucial de l’Histoire qu’elle ne saurait manquer. Elle aspire à sa dignité récusée depuis que sa jeunesse prenait conscience de ses responsabilités et de la puissance de ses rêves. Tous les peuples semblent avoir compris le sens des mutations qui s’opèrent sur le continent, s’efforçant de les entendre et conséquemment, de ne pas les contrarier. Nul ne peut dévier le cours de l’Histoire. C’est un fait. Mais la France ne semble pas comprendre ces dynamiques et joue, sous les mêmes paradigmes néocoloniaux désuets, à les renverser, manquant ainsi d’intelligence à marcher avec, pour espérer conserver un peu de son partenariat aujourd’hui hué sur le continent, massivement rejeté. La France – et c’est triste – ne comprend pas que le monde change et qu’elle doit changer avec si tant est qu’elle voudrait rester la France, c’est-à-dire une puissance au coeur de l’Europe qui peut encore jouir du même respect et mériter la même influence par laquelle elle se croit être une des locomotives incontournables de l’UE.

L’Afrique n’est plus la même Afrique. C’est une certitude. Il est dommage que la France ne puisse pas voir et comprendre les évolutions qui s’opèrent sur le continent, incapable de diagnostiquer le mal viral qui gangrène sa relation avec le continent, continuant toujours de croire que si ça ne lui marche pas bien sur le continent, ce serait par la faute de certains partenaires nouveaux venus lui disputer sa zone d’influence qu’elle a cru être à jamais à elle seule, déniant jusqu’aux peuples et aux Etats le droit de décider pour eux-mêmes quand même le droit international leur reconnait leur souveraineté, leur liberté à s’autogérer. Et elle accuse la Russie, la Chine, la Turquie, l’Iran – et qui d’autres ? – à venir mettre en péril son influence et ses intérêts, les accusant de ne venir que pour nos ressources comme si elle, pouvait venir pour autre chose que pour celles-là qui lui donnent tant de salive. Son aventure et ses déboires au Sahel ne lui permirent pas de comprendre, de garder sa sérénité pour mieux lire les événements qui s’y déroulent et savoir ce qu’elle pouvait avoir à faire pour être en phase avec les dynamiques sociales et politiques d’une Afrique blessée qui se révolte. La dernière Assemblée générale Nations-Unies, dont la tribune avait servi à faire entendre certains discours qui brisent certains silences pour sortir des soumissions et des silences commodes d’une époque, plus que d’étonner, ont averti qu’il y a à faire attention à toutes ces colères qui grouillent dans les peuples d’Afrique et qui appellent à une refondation des relations internationales. Tant de ces dirigeants qui se sont adressés à la tribune des Nations-Unies, brûlant une des traditions d’un certain conformisme, ont osé une parole qui gêne et fâche. Le malaise est même généralisé car au-delà de l’Afrique, on peut entendre les mêmes récriminations qui viennent d’autres continents. Nous nous en tenons ici à celles, non moins outrageantes du Président colombien, Gustavo Petro, qui dresse un réquisitoire du caractère léonin des relations internationales mues par des partis pris et des intérêts égoïstes, les seuls de la géopolitique internationale où les petits Etats n’ont rien à revendiquer sinon qu’à subir et à courber l’échine. Aussi, peut-il rappeler à la mémoire de ceux qui mènent le monde que tout ce qu’ils font ne se fait que pour leurs seuls intérêts. Ainsi, dira-t-il, plaintif : « Ils ont oublié que pour le pétrole, ils avaient envahi l’Irak, la Syrie, la Libye. […] Ils ont oublié que pour atteindre les objectifs du développement durable, il fallait mettre fin à toutes les guerres. Et ils ont fait semblant de ne rien comprendre de tant d’enjeux pour fabriquer dans le monde, loin de leurs territoires, des guerres pour déstabiliser d’autres peuples, d’autres Etats qui paient ainsi pour leur ressources ». L’Afrique vit son tragique tour programmé par les puissances impériales dont le Président colombien interroge la conscience, se demandant « s’il n’est pas temps de mettre fin à ces […] guerres pour construire des routes, pour sauver la planète » faite de tant de bêtises et d’ignominie. Se définissant comme Président de la Colombie, « pays de la beauté », il « propose de finir la guerre pour avoir le temps de nous sauver ». Mais il fallait trouver les moyens de nous mettre encore davantage en retard pour hypothéquer nos avenirs.

L’Occident aura tort de ne pas écouter ces voix révoltées, rebelles qui l’interpellent des quatre coins du monde pour plaindre leur marginalité et le cynisme occidental. Les Africains ont également donné de la voix, criant à leur tour, sur la même tribune, les mêmes colères, les mêmes indignations. L’intervention que nous retenons ici vient d’un pays qui n’est pas officiellement du Sahel mais elle dit, haut, tout le malêtre de ces peuples écrasés pendant plus de dix ans de violence et de terrorisme. Le Togo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, alerte sur le fait que ce qui se passe au Sahel, avec des dirigeants qui peuvent ouvertement dire leurs dissensions avec la France, sans retenue, n’est plus un cas isolé, donnant à comprendre que toute l’Afrique vit au rythme de la même pandémie. C’est dans un discours poétique, à la reprise anaphorique, par une parole puissante, que le représentant du Togo, sans gant, dit le mal africain qui révolte les peuples d’Afrique. Pour lui, il ne faut plus douter de ce que l’Afrique a compris et qu’elle n’est plus la même, ayant désormais un message à délivrer au monde. Ainsi dira-t-il, « Pour la jeunesse africaine, [sa parole] est claire, ses mots sont clairs, [et] c’est ceci : «nous sommes fatigués par le paternalisme ; nous sommes fatigués par votre mépris de nos opinions publiques, votre mépris de nos populations et de leurs dirigeants ; nous sommes fatigués par votre condescendance ; nous sommes fatigués par votre arrogance ; nous sommes fatigués, nous sommes fatigués et nous sommes fatigués ! ». L’Afrique en a donc marre et ne peut donc plus continuer à subir, quand elle ne peut plus rien décider même pour elle-même. Elle a donc décidé de lever la tête pour assumer sa révolte et décider de ses choix.

L’éveil d’une Afrique nouvelle…

L’époque des soumissions aveugles est révolue. L’Afrique ne peut plus être, dans une monde dont la carte se redessine, avec les mêmes partenaires, ne pouvant accepter qu’un autre lui adjoigne de ne pas marcher avec un tel ou un tel. Elle est libre et elle choisira, seule, ses amis, c’est-à-dire ceux qui peuvent vraiment se comporter avec elle en vrais amis. La France, elle, avertissait déjà qu’elle n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts. Ouattara, victime de cette arrogance, le sait. Aussi dira le responsable togolais, « Pour ceux qui ne savent pas, le temps est celui du réveil africain, panafricain […]. L’Afrique et les Africains réclament et entendent porter leur voix et ceci de façon souveraine, de façon libre, indépendante, sur la scène internationale. L’Afrique sait ce qu’elle veut, les peuples africains et du Sud global sont frustrés car ils se sentent insultés, ils se sentent déshumanisés, et parfois, ils se demandent qui donc êtes-vous pour bafouer leur humanité ? Qui donc êtes-vous pour les mépriser ainsi ? Qui donc êtes-vous pour les humilier ainsi ? ». On en a marre !

L’Afrique a donc besoin que l’autre monde change de regard sur elle. Elle ne saurait être l’enfant qui ne peut pas grandir. Une Afrique mûre qui aspire à se prendre en charge

L’Afrique ne peut donc pas s’accommoder du maternage indéfini

d’une Europe qui ne peut se libérer d’elle, voulant se servir d’elle ad vitam aeternam. Les Africains sont donc conscients des enjeux de l’époque et s’organisent pour prendre en main leur destin. C’est pourquoi le représentant togolais rassure : « Notre organisation commune, l’Union Africaine travaille à porter au mieux notre voix et la voix d’une Afrique blessée, souveraine qui veut être souveraine et indépendante sur la scène internationale, mais aussi nous y travaillons dans le cadre de l’Alliance Politique Africaine lancée à Lomé au Togo ». C’est pourquoi, pour lui l’Afrique doit avoir la lucidité de comprendre les choix qu’elle a à faire. Aussi avertitil que « les rivalités entre les grandes puissances ne doivent pas être d’emblée celles africaines. Tout le défi pour nous nations africaines [est] de ne pas prendre part à des rivalités qui ne sont pas les nôtres. [Pour cela] il nous faut porter nos propres combats qui sont entre autres la lutte contre le néocolonialisme, la lutte contre la pauvreté, l’industrialisation du continent et la prospérité économique, le combat contre la désafricanisation de l’Afrique, la lutte pour la renaissance africaine, la lutte pour nous libérer définitivement de toute subordination étrangère, l’engagement pour une meilleure représentativité de notre continent dans le concert des nations ». L’Afrique ne peut et ne doit pas se mêler de combats qui ne sont pas les siens pour affronter ses propres défis, selon son regard, sa vision. « Nos combats, [ insiste le ministre togolais], ne sont ni ceux de l’Est ni ceux de l’Ouest encore moins d’un quelconque bord ou partie du monde. [C’est pourquoi] nous devrons nous concentrer sur nos combats actuels et à venir ».

Ces rêves de grandeur que porte l’Afrique ne peuvent se réaliser sans que les règles qui régissent les relations internationales changent. C’est pour cela que le Togolais parle d’ « un système international réformé, fondé sur des valeurs et des principes que respectent tout le monde ». Il peut d’ailleurs, à juste titre, espérer un « renouveau et un changement de paradigme dans les relations internationales car cette nouvelle Afrique « a pris conscience d’elle-même et de ses responsabilités internes à l’égard du reste du monde. Celleci « a besoin d’un partenariat respectueux de la stricte dignité de chacun. Il insiste d’ailleurs sur le fait que « Nous voulons être les partenaires [de l’autre monde] non [ses] sujets ». Et c’est clair, après certains de ses anciens dirigeants se soient compromis dans des complicités avec la force impériale, les nouveaux dirigeants ont des choix lucides : « Nous voulons servir nos peuples, dira-t-il, et non servir des intérêts étrangers. Mais, il est important à préciser que dans cette dynamique, l’Afrique n’est contre personne. Elle joue ses intérêts. Et c’est normal. On en a assez. On est fatigué…

L’Afrique libre qui vient…

Plus personne, plus aucun Etat, ne doit dicter à un autre peuple, à un autre Etat, ce qu’il doit faire. La souveraineté dont un Etat peut se réclamer lui confère le droit de disposer de lui-même sans qu’un autre, fut-il une ancienne puissance colonisatrice, ne lui fasse des injonctions pour lui dire ce qu’il doit faire. Ainsi, revient le représentant togolais au « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes [qui] implique le droit de chaque Etat à se comporter comme il veut sur la scène internationale sous les limites du respect de ses engagements internationaux. [Pour lui] sur les grands défis transnationaux de notre siècle dont les changements climatiques et la lutte contre le terrorisme international, nos vues peuvent rencontrer celles des autres, mais elles doivent demeurer nos vues, profondément réfléchies et arrêtées conformément à notre agenda propre ». Le Burkina Faso, profitant d’une autre tribune, à la Conférence internationale du travail, blâme un monde qui ne comprend pas les souffrances du Sahel. Il condamne à juste titre ces « groupes terroristes dont la perfidie et la barbarie ne semblent pas titiller la conscience de certains dirigeants du monde qui se réclament pourtant d’être des fervents défenseurs des droits de l’homme ». Comment ne pas s’étonner des moyens par lesquels ces terroristes sont approvisionnés en armes et en aliments, quand on sait que « Au Burkina Faso, il n’y a pas, pour l’instant, d’usine de fabrique d’armes ni de fabrication de munitions », quand même « les groupes terroristes en ont comme des grains de sable pour endeuiller des populations innocentes », s’indigne le pays de Thomas Sankara ? Aussi s’interroge son représentant à la conférence : « D’où viennent donc ces armes et qui leur procure ces armes ? ». Mais il rassure que le Burkina Faso ne vient pas à cette tribune pour pleurnicher et exhiber sa souffrance. Il vient le dire pour qu’on comprenne que le Sahel a compris que ces hordes de tueurs bénéficient de complicités qui leur donnent les moyens de leur guerre contre le Sahel. Le Sahel en a jugé et prend ses responsabilités, toutes ses responsabilités.

Mairiga
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