Le ministre d’Etat et ministre de l’Intérieur a révélé que plus de 3.000 soldats français sont actuellement présents au Niger, soit le double des 1.500 qui étaient jusque-là avancés par Paris et repris par les médias. Le général de Brigade Toumba Boubacar Mohamed qui intervenait, hier mardi 3 octobre à l’occasion d’une rencontre entre les membres du gouvernement de transition et les représentants des forces vives de la nation, a aussi donné des détails sur des manœuvres en cours pour déstabiliser le pays, avec la complicité de la France, qui traine les pieds pour rapatrier ses troupes du Niger, et aussi des dignitaires du régime déchu ainsi que de certains pays de la sous-région.
Il importe de préciser qu’avant de prendre les rênes du stratégique ministère de l’Intérieur à la faveur des évènements du 26 juillet, le général de Brigade Toumba Boubacar Mohamed, était chef d’Etat-major de l’armée de terre (CEMAT) et commandait l’état-major tactique de l’opération « Almahaou », basé à Ouallam, dans la zone des trois frontières. Cela après avoir commandé la zone de Défense 4 de Tahoua, toujours sur la ligne de front et surtout d’avoir été l’un des hommes orchestre de la neutralisation de la capacité de nuisance de Boko Haram, dans le bassin du Lac Tchad, en dirigeant les opérations qui ont permis de déloger les éléments d’Aboubacar Shekaou hors de la région de Diffa, allant jusqu’à les bouter des localités nigérianes comme Malam Fatori ou Damassak.
C’est dire donc que la situation sécuritaire du pays, le général Toumba la maitrise parfaitement de même que les enjeux actuels du pays en matière de défense. Les révélations qu’il a faites, hier mardi dans l’après midi à la Primature, doivent être prises avec tout le sérieux possible puisqu’il en va de la sécurité et de la stabilité du pays malgré le contexte difficile actuel.
L’une des premières révélations faites par le Général, c’est qu’en réalité, plus de 3.000 soldats français sont actuellement stationnés au Niger et non les 1500 annoncés. Ils sont implantés à Niamey, sur la base aérienne, mais aussi à Ayerou et Ouallam, dans la région de Tillabéri, zone dite des trois frontières. « Après les dénonciations d’accords, ces troupes ont décidé de quitter mais ils refusent de suivre les méthodes de départ qu’on leur a proposées, afin de profiter pour déstabiliser le Niger, faire en sorte que les nigériens s’entre-déchirent entre eux en créant la zizanie », a aussi fait savoir le Ministre de l’intérieur qui, pour illustrer ces propos, s’est référé aux attaques terroristes enregistrées au cours de ces deux dernières semaines, notamment au niveau du Barrage de Kandadji. « L’objectif, a indiqué le ministre de l’Intérieur, c’est de détruire le barrage et tout ce qui va avec afin de faire en sorte que ceux qui sont en train de construire décident d’arrêter et d’amener le programme du Niger à zéro ». Selon le Ministre d’Etat, « grâce à l’effort de nos vaillants soldats, ces assaillants n’ont pas atteint leur objectif, mais nous avons perdu également des soldats ». Et d’ajouter que : « tout ce qu’on vous dit est documenté c’est ces forces françaises chargées de nous aider à lutter contre le terrorisme qui incitent et accompagnent ces mêmes djihadistes à attaquer, car lors de nos accrochages, on y trouve toujours des blancs ».
Des propos qui corroborent ceux faites la même journée par le ministre d’Etat, ministre de la Défense nationale, le Générale de corps d’Armée Salifou Mody, suite à l’embuscade de lundi dernier, à Tabatol, dans la vallée de Takanamatt, près de la frontière malienne, et qui a coûté la vie à 29 soldats selon un bilan provisoire de l’Etat-major. « Des communications des terroristes contraints au repli ont été interceptées et ont permis d’établir que ces criminels ont bénéficié d’une expertise extérieure », a indiqué le ministère de la Défense dans le communiqué publié à cet effet.
Des mercenaires recrutés pour déstabiliser à partir de la Lybie
Le Général Toumba Mohamed a également évoqué un autre cas d’attaque qui est en train d’être orchestré par des responsables du régime déchu, « celui d’engager des mercenaires vers la Libye pour venir attaquer le Niger ».
Lors de cette rencontre présidée par le Premier ministre, qui a réuni les chefs traditionnels, leaders religieux, représentants des syndicats et associations de la société civile, Ali Mahamane Lamine Zeine a appelé les populations et différentes organisations nationales à plus vigilance, d’unité, et de résilience pour une bonne sortie de crise, au regard notamment des défis et des enjeux du moment. « La France en complicité avec certains pays africains, veulent profiter de la situation pour déstabiliser le Pays », a déclaré le premier ministre de la transition qui a d’ailleurs saisi l’occasion pour déplorer propos d’un spécialiste militaire français, [un ex cadre des services spéciaux français, la DGSE, NDLR] qui a dit sur une chaine internationale qu’ils vont quitter le Niger et après s’organiser pour pouvoir déstabiliser facilement le pays. Et selon Lamine Zeine, ils ont commencé malheureusement avec la complicité de certains de nos compatriotes. « C’est pourquoi nous vous invitons à redoubler de vigilance. L’une des voix qu’ils ont trouvées a consisté à engager des tueurs à gage, à recruter des mercenaires pour procéder à des assassinats ciblés que ce soit des chefs traditionnels, des leaders religieux, des représentants de la société civile et des membres du gouvernement avec l’appui de deux à trois pays. Tout cela est documenté et le moment venu les preuves seront exhibées », a aussi assuré le Premier ministre.