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Vingtième anniversaire de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine : « le bouclier » ou « la lance »?
Publié le jeudi 23 janvier 2014   |  nigerdiaspora




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L’événement est presque passé inaperçu. Il est pourtant question d’une quasi-révolution dans l’histoire ! Par rapport aux théories (tout au moins dominantes) de l’intégration économique, les taux de croissance des pays dont il s’agit (le Bénin, le Burkina Faso, la Côte-d’Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo) sont presque insolents, étant donné la conjoncture actuelle des principaux pays de l’OCDE : 5,8%, en moyenne, en 2012.


Résumons : huit pays d’Afrique francophone partagent la même monnaie depuis au moins le 4 avril 1959 (1963 pour le Togo et 1997 pour la Guinée). Ceux-ci ont été amenés à adopter des mesures de politiques budgétaires communes seulement 30 ans plus tard, le 10 janvier 1994, avec la signature à Dakar du Traité instituant l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Ils ont alors choisi un modèle d’intégration allant presqu’à contre-sens des « théories conventionnelles d’intégration économique ».

L’expérience d’intégration de ces pays est digne d’intérêt, même si toutes les normes du pacte de convergence ne sont pas toujours respectées.


Trois raisons peuvent être proposées pour cette longue attente. D’abord, il y a les considérations historiques et géopolitiques. Après tout, les pays en questions sont en voie de développement, des anciennes colonies dont la monnaie était rattachée au franc français (maintenant à l’euro). Les soubassements et les enjeux indirects de ce rattachement monétaire ont presque tous perdu de leurs tabous originels. Il demeure néanmoins un des sujets de relations internationales les plus controversés.

Ensuite, il y a le fait que l’Afrique, notamment francophone, ne semble pas être un laboratoire ou une zone d’illustration de premier choix pour le milieu académique. Les publications scientifiques sur la zone UEMOA dans les revues scientifiques principales de « premier rang » peuvent être comptées sur le bout des doigts… Faute de lectorat ou d’intérêt, sans doute. En troisième lieu, disons-le franchement, ces pays n’ont pas toujours brillés par leurs gouvernances sociales, économiques et politiques.

Cependant, l’expérience d’intégration de ces pays est digne d’intérêt, même si toutes les normes du pacte de convergence ne sont pas toujours respectées. Pour cause ! La stabilité des prix, avec l’extrême vigilance de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), semble plutôt acquise – ce qui contribue sans conteste à la lutte contre l’extrême pauvreté. De plus, la tendance de la mobilisation des ressources fiscales nationales, une des principales sources de financement du développement magnifiées par les institutions financières internationales, est à la hausse.

Lire aussi : Nasser Ary Tanimoune, Du financement public par l’UEMOA et un « Buy West African Act » … pourquoi pas ?


Toutefois, il me semble que l’avantage principal de cette expérimentation est l’apprentissage, plus ou moins réussi, dans la conduite du policy-mix présent dans l’UEMOA – c’est-à-dire la combinaison (optimale) d’une politique monétaire commune et de huit politiques budgétaires distinctes. En cela, l’adoption du Pacte de convergence de l’UEMOA s’apparente certainement à un « bouclier » contre les divers chocs économiques que connaissent ces pays fragiles et vulnérables – on peut alors espérer que l’UEMOA devienne la « lance » accompagnant ces pays africains dans la jungle des relations économiques internationales. Elle devrait en avoir les moyens… et la volonté.

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