NIAMEY - Le gouvernement du Niger a annoncé l’ouverture d’une enquête sur la disparition potentielle de plus de 600 millions d’euros des caisses de l’Etat, rumeur lancée par l’ancien président Mamadou Tandja.
"Le parquet d’instance de Niamey a été saisi. Lui-même a saisi la gendarmerie, qui a d’ores et déjà entamé son travail", a déclaré mercredi le ministre de la Justice Marou Amadou.
"Pas moins de 40 personnalités et hauts fonctionnaires" seront entendus, dont M. Tandja, et il sera également procédé à des vérifications "des comptes bancaires et coffres-forts", a-t-il affirmé.
"Il s’agit pour nous de faire la lumière sur cette question pour l’opinion publique nationale et internationale, puisque cela a suscité un vif émoi tant au niveau des Nigériens que de nos partenaires", a justifié le ministre.
Le montant avancé par Mamadou Tandja est considérable pour le Niger, dont le budget pour 2014 est de 1.867 milliards de francs CFA (2,8 milliards d’euros).
A la base de ce potentiel scandale d’Etat, une vingtaine de minutes d’une conversation de l’ex-chef de l’Etat avec des militants de son parti, vraisemblablement captée par un téléphone portable, qui se sont retrouvées en octobre sur la place publique. Des copies ont immédiatement été diffusées sur le marché noir.
"Le jour où j’ai quitté le pouvoir, je leur ai laissé environ 400 milliards de FCFA (env 610 millions d’euros). Aujourd’hui dans notre Trésor, il y a des matins où vous ne trouverez que trois millions de FCFA (environ 4.600 euros)", affirme M. Tandja en haoussa.
Et de lancer : "Ce sont tous des voleurs ! Aucun d’eux ne dit la vérité. Chacun cherche de l’argent. Ils ont amassé l’argent du pays. Vous avez vu l’argent circuler dans le pays ? On a tout accumulé et caché."
Les responsables désignés par l’ancien chef de l’Etat sont difficiles à déterminer. Il pourrait s’agir des militaires putschistes l’ayant chassé du pouvoir en 2010, alors qu’il avait modifié la Constitution pour se maintenir au terme de son second et dernier mandat, ou de l’actuel régime de son successeur Mahamadou Issoufou.
Le lieu où l’argent aurait été dérobé est également inconnu.
Début décembre, le Trésorier général du Niger a fait savoir que le 18 février 2010, jour du coup d’Etat, il y avait "dans les caisses du Trésor 43 milliards de FCFA" (66 millions d’euros), soit un dixième de la somme mentionnée par l’ex-président.