Réunion des ministres des Finances des pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel à Bamako au Mali : Vers une accélération du processus d’intégration économique et financière
Le processus d’intégration économique et financière des pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (A.E.S) prend de plus en plus forme et s’accélère même. En effet, après les experts des pays et organisations de l’A.E.S, les ministres en charge de l’Economie et des Finances se sont réunis le 25 novembre dernier à Bamako. Le Niger a été représenté à cette réunion par le ministre délégué auprès du Premier Ministre, ministre de l’Economie et des Finances, chargé des Finances, M. Boubacar Saidou Moumouni.
Pour le ministre Boubacar Saidou Moumouni, la tenue de cette rencontre traduit la volonté des trois chef d’Etats des pays membres de l’AES d’assurer le développement économique dans l’espace commun. Il a souligné le contexte difficile que vivent les trois pays (Burkina Faso, Mali et Niger) du fait notamment des sanctions injustes et illégales à eux imposées par les organisations régionales dévoyées aujourd’hui de leurs objectifs véritables. « Toutefois, l’engagement total et la capacité de résilience de nos populations permettront à nos pays de surmonter cette phase décisive de leur histoire », a-t-il estimé. Déplorant encore la situation desdits pays 63 ans après leur accession à la souveraineté internationale, le ministre délégué a souligné que le choix qui se présente à eux est très clair : celui « d’engager des actions vigoureuses tendant à briser les chaines de la dépendance ou périr ».
« Nous sommes convaincus que la création de l’AES nous permettra d’atteindre cet objectif de souveraineté. Le Gouvernement du Niger auquel j’appartiens, a fait ce choix de suivre le sens de l’histoire. Plus que jamais, les Nigériens sont déterminés à conquérir et renforcer la vraie souveraineté nationale. Cette attitude est issue du pragmatisme qui a toujours été à la base des décisions politiques majeures prises par notre pays », a-t-il déclaré. Il rappelle à titre illustratif, l’attitude courageuse du Président Diori Hamani, lors de la guerre civile du Biafra qui a fait plus d’un million de morts au Nigéria entre 1967 et 1970, avec la complicité avérée des puissances coloniales. Il a également évoqué le cas des Présidents Seyni Kountché et Ibrahim Baré Mainassara pour les rôles joués dans l’animation de certaines organisations d’intégration régionale et la promotion de la coopération Sud-Sud. Il a enfin rappelé les actions courageuses entreprises par le Président Tanja Mahamadou, pour aboutir à la diversification du partenariat dans le domaine de l’exploitation des matières premières notamment l’uranium et le pétrole.
Pour le ministre délégué aux Finances, les résultats et les recommandations forts enrichissants auxquels sont parvenus les Experts des trois pays constituent des leviers importants pour lancer les bases des discussions qui vont aboutir à des reformes structurantes dans l’espace AES. C’est pourquoi, il a estimé que la réunion des ministres doit émettre des signaux forts pour rassurer les populations de l’espace commun, dont les attentes à ce propos sont pressantes et légitimes. Ces signaux doivent porter sur quatre points essentiels. Il s’agit selon le ministre délégué de la mise en place rapide d’une administration légère, dotée d’un budget conséquent pour financer les opérations de lutte coordonnées contre le terrorisme, les escortes conjointes pour la sécurisation des corridors de désenclavement, d’approvisionnement et des sites d’extraction de nos richesses minières ; la réalisation d’une étude rapide sur la zone « franc » qui dégagerait tous les scénarii possibles. « Cette étude sera menée par les universitaires de nos trois pays de l’AES et le financement sera assuré par l’administration légère évoquée ci-dessus », a-t-il précisé. Il y a en outre la tenue, dorénavant, d’une rencontre de concertation des trois pays de l’AES avant toute réunion de la BCEAO, de l’UEMOA, de la CEDEAO et des autres organismes internationaux pour harmoniser leurs positions respectives et la tenue rapide d’un sommet des Chefs d’Etat pour entériner les décisions importantes auxquelles nous sommes parvenus.
Rappelons qu’avant les ministres, les experts des pays membres de l’AES se sont réunis du 23 au 24 novembre dans la capitale malienne. Cette réunion qui a regroupé les experts dans les domaines, de la sécurité intérieure, des transports, des douanes, de l’énergie, des mines, du commerce, des industries, de l’économie et des finances a pour objectif d’échanger et de créer une synergie d’action entre les pays membres sur l’accélération du processus d’intégration économique et financière au sein de l’Alliance. De manière spécifiques, les experts ont entre autres, procédé à une évaluation des forces, des faiblesses, des opportunités et menaces qui se présentent à l’AES. Ils ont également évalué les potentialités économiques des pays (ressources humaines, minières, etc.) ; le poids de l’AES dans l’UEMOA et la CEDEAO. Les experts ont par ailleurs identifié les contraintes et difficultés économiques majeures auxquelles sont confrontées les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) ; analysé les problèmes de financement des économies des pays de l’AES. Ils ont ensuite identifié les solutions spécifiques et endogènes ; identifié et analysé les solutions aux entraves à la libre circulation et à la sécurisation des biens et des personnes à l’intérieur tout en assurant un meilleur contrôle aux frontières extérieures de l’AES. Les experts de l’AES ont par ailleurs défini des stratégies pour sécuriser l’approvisionnement des pays de l’AES en produits importés tout en minimisant les coûts ; défini une stratégie de création des unités industrielles. Ils ont enfin élaboré une feuille de route pour la réalisation des actions majeures retenues.