NIAMEY- Deux journalistes et un ardent opposant au régime ont été interpellés entre jeudi et samedi et placés en garde vue à Niamey, selon des sources concordantes.
"Soumana Idrissa Maiga, le directeur du quotidien privé l’Enquêteur, a été interpellé jeudi et placé en garde à vue", a indiqué la rédaction du journal.
Selon ses collaborateurs, M. Maïga, qui dirige l’unique quotidien privé du Niger, a été Interpellé après la publication d’un article vendredi 17 janvier dans lequel on pouvait lire: "le compte à rebours a commencé pour le pouvoir en place", certains "ne lui prédisent même pas un an de plus à régner".
Abdoulaye Mamane, un journaliste de la télévision privée Bonféreye "a été interpellé ce samedi matin et placé en garde à vue de 48 heures", a indiqué à l’AFP son rédacteur en chef Moustapha Zongoma.
"Nous ne savons pas de manière très précise les raisons de son interpellation, mais nous pensons que c’est lié à un débat qu’il a animé le 16 janvier", avec des représentants de l’opposition et du parti au pouvoir, a dit M. Zongoma.
Enfin, Doudou Rahama, un opposant, est également détenu depuis vendredi dans les locaux de la police, selon son parti, la Convention démocratique et sociale (CDS). "Notre camarade Doudou Rahama est depuis vendredi à la police, mais on ne sait pas exactement les motifs", a affirmé un responsable de la CDS que dirige l’ex-président Mahamane Ousmane (1993-1996).
M. Rahama est connu pour ses positions très critiques contre le régime du président du Niger, Mahamadou Issoufou.
Lors d’un point de presse mercredi, le ministre de la Justice, Marou Amadou, avait annoncé que ses services allaient poursuivre "cinq" cas "d’appels à la haine ethnique, à l’insurrection et au coup d’Etat" proférés sur des médias locaux.
Le climat politique est très tendu au Niger depuis août 2013, avec le départ de la coalition présidentielle d’Hama Amadou, principal allié du chef de l’Etat et actuel président du Parlement, qui a rejoint le camp de l’opposition.
A l’appel de l’opposition, des milliers de personnes ont manifesté le 28 décembre contre le président Issoufou accusé de "corruption" et "dictature", lui reprochant aussi de "censurer les opposants dans les médias publics".