Le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine a effectué, hier mercredi, une visite de travail, la deuxième du genre depuis sa prise de fonction, à N’Djamena, au Tchad. L’occasion pour le Chef du gouvernement de Transition d’échanger avec le Président de la République Tchadienne, sur les dernières évolutions de la situation politique au Niger ainsi que sur les négociations en cours avec la Cédéao. Bien que le Tchad, voisin du Niger, ne fasse pas partie de l’organisation sous-régionale ouest africaine, c’est le général Mahamat Idriss Déby qui a été le premier commis par les dirigeants ouest-africains pour prendre contact avec les militaires du CNSP, à la suite du coup d’Etat du 26 juillet et le renversement du régime de Bazoum Mohamed. A la veille d’un sommet ordinaire mais stratégique de la Conférence de la Cédéao, et alors que les négociations semblent dans l’impasse, les autorités nigériennes ont certainement voulu activer la carte tchadienne, ce qui expliquerait cette brève visite mais stratégique et pleine d’enjeux du Premier ministre au Tchad.
Pour ce second déplacement dans la capitale tchadienne, le Premier ministre de la Transition était accompagné par le Ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique et de l’Administration du territoire, le général de Brigade Mohamed Toumba ainsi que des membres du CNSP et du gouvernement.
A Njaména, le PM Ali Mahaman Lamine Zeine a été reçu en audience par le Président de la Transition Tchadienne, le Général Mahamat Idriss Deby Itno, avec qui il a échangé sur la coopération bilatérale notamment le renforcement des liens d’amitié entre le Tchad et le Niger. Les deux pays, qui partagent une frontière commune, sont confrontés à des défis similaires liés notamment à la sécurité et au développement économique. Le Premier Ministre, Ministre de l’Économie et des Finances Ali Mahaman Lamine Zene est donc allé réitérer la volonté de son pays à collaborer étroitement avec le Tchad dans divers domaines, afin de favoriser le développement mutuel. L’occasion donc d’aborder avec les autorités tchadiennes
L’autre point de la discussion entre le Chef de l’Etat et son hôte a porté sur la situation politique au Niger, avec en toile de fond, l’évolution des pourparlers en cours avec la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Le Premier Ministre nigérien a fait part au Chef de l’Etat des récents développements de la situation d’autant que, bien qu’il n’est pas membre de l’organisation d’intégration ouest-africaine, le Tchad a été impliqué dans la résolution de la crise par les chefs d’Etats qui l’ont notamment mandaté à Niamey, dès les lendemains de l’avènement du CNSP au pouvoir. Le Tchad a également joué un rôle important dans le départ des soldats français du Niger avec les garanties données aux autorités nigériennes que leur pays ne servira pas de base pour des opérations de déstabilisation de la transition.
Il faut aussi noter que cette visite du PM nigérien, qui était en poste à Ndjaména comme représentant résident de la BAD avant d’être appelé au service de la patrie par le CNSP, intervient au lendemain de l’annonce faite par le Niger et le Burkina Faso, de suivre la voie du Mali et de se retirer du G5 Sahel, laissant ainsi le Tchad et la Mauritanie comme seuls membres de l’organisation créée en 2014 pour lutter contre les menaces sécuritaires et promouvoir le développement socioéconomique dans les 5 pays partageant la bande sahélienne. Dans un communiqué conjoint, mercredi 06 décembre, les chefs d’Etat tchadien et mauritanien ont annoncé prendre acte et respecter cette décision souveraine des 3 états membres désormais de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), tout en réaffirmant leur volonté de poursuivre leurs efforts avec tous les pays du Sahel, pour relever les défis auxquels la région est confrontée.
Lors de l’audience avec le Premier ministre Lamine Zeine, le Général Mahamat Idriss Déby Itno n’a pas manqué de souligner l’importance de la solidarité entre les nations pour relever les défis régionaux. Il a en ce sens particulièrement insisté sur la nécessité de collaborer étroitement pour faire face aux menaces sécuritaires transfrontalières, tout en favorisant le développement économique et la prospérité partagée.