Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian est arrivé vendredi dernier à Niamey venant de Bamako au Mali. Après l’audience que lui a accordée le Président Issoufou, il a dit ceci : « Comme le Niger nous a beaucoup aidés dans le cadre de la MISMA au Mali, et comme il nous aide ici même à Niamey, j'ai tenu à venir saluer le président Issoufou pour le remercier au nom du président Hollande de sa coopération pour le maintien de la paix dans cette partie de l'Afrique et lui assurer mon soutien et mon amitié. »
Selon de nombreux observateurs, ces propos du ministre cachent bien des choses. Cette tournée du ministre français au Mali, au Niger et au Tchad, rappelle bien la période où ces états ont aidé la France à sortir du joug nazi. Quelques années plus tard, elle leur octroyait l’indépendance, une indépendance qu’elle avait donnée de la main gauche et qu’est est en train de reprendre astucieusement de la main droite. Le cas du Niger qui nous concerne est encore plus patent.
Jean-Yves Le Drian dit qu’il est venu assurer notre président de son soutien et de son amitié. Hors, nous savons tous que la France a toujours claironné haut et fort qu’elle n’a pas d’amis, qu’elle n’a que des intérêts. Et cela s’est nettement vérifié au Niger avec l’exploitation de l’uranium par le géant du nucléaire, Areva. Pendant plus de quarante ans, le Niger et son peuple n’ont vu que de la poussière radioactive. Des retombées financières, le Niger en a été largement et honteusement spolié !
Sur le plan politique, la démocratie lancée au visage des Nigériens était en réalité une sorte de recul de la France pour mieux rebondir et endormir ce peuple martyrisé. A cela il faut ajouter aujourd’hui l’affiliation du principal parti au pouvoir en l’occurrence, le PNDS-Tarayya, à l’Internationale socialiste dont la France semble être la tête de proue. Même si théoriquement la françafrique a été ‘’enterrée’’, le pré carré reste toujours très présent dans les esprits.
Sur le plan économique, depuis 40 ans, la France exploite notre uranium et en profite largement. La dépendance économique de notre pays vis-à-vis des pays occidentaux et des bailleurs de fonds fait du Niger un pays qui vit en permanence de la ‘’mendicité’’ Pourtant, selon l’Observatoire du Nucléaire, le sous sol nigérien est très riche en Uranium, La France n'en possède pas, mais elle possède 58 réacteurs nucléaires qui doivent être alimentés.
Selon toujours l’Observatoire du Nucléaire, la France tient encore sa puissance des richesses africaines. On note que 78 % de l'électricité dans ce pays est d'origine nucléaire. Comment peut-elle alors abandonner les gisements du Niger ? Car elle est pleinement consciente que, si elle met fin à cette occupation, d'autres nations gourmandes la remplaceront aussi vite en pillant à leur tour les réserves africaines.
L’Observatoire rappelle que « l’uranium nigérien est d’abord une exclusivité signée par la France, le 24 avril 1961, sous forme d’un accord de défense entre la métropole, la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Niger. Les annexes de cet accord sont sans équivoques, mélangeant intérêts mutuels en matière de défense et fourniture de matières premières. Par cet accord, la France qui venait d’accorder leurs indépendances à ces trois pays s’arrogeait le droit de poursuivre l’œuvre coloniale, à savoir l’exploitation des ressources minières à un prix arbitraire. » Toujours selon l’Observatoire du Nucléaire, le Niger aurait perdu entre 14,5 et 21 milliards d’euros depuis 1960
Enfin, sur le plan militaire, le Niger est étroitement surveillé par les drones américains. En février dernier, le président nigérien a annoncé la présence des forces spéciales françaises, sur le site d'extraction d'uranium de son pays. La protection des sites uranifères est aujourd’hui assurée par les soldats français en lieu et place de l’armée nigérienne pourtant capable de faire le même travail pour peu qu’elle soit dotée des moyens matériels et logistiques adéquats. Pendant toute la guerre au Mali, notre ciel est quotidiennement envahi par des incessants bruits assourdissants des avions de guerre qui atterrissent et décollent à l’Aéroport international Diori Hamani de Niamey. A quel prix ? Nul ne le sait. Le Niger a acheté deux avions rafales dont les pilotes et les instructeurs seront à n’en point douter encore des Français. On estime à quelques70 milliards de francs CFA ce que la guerre au Mali a coûté au Niger. Tout cela démontre que notre pays vit encore sous la domination française. Que Dieu sauve le Niger et son peuple !
