NIAMEY, (AFP) - Deux journalistes et un activiste nigériens ont été interpellés à la suite d’un débat télévisé et placés en garde vue lundi, jour où deux autres journalistes et un activiste ont été libérés, a-t-on appris de sources concordantes.
"Zakari Adamou, un journaliste de la télévision Canal 3 et deux de ses invités lors d’un débat le 14 janvier, à savoir Ousmane Danbadji, directeur de la revue l’Union, et Nayoussa Djimraou, un acteur de la société civile, viennent d’être interpellés ce lundi vers 19 heures locales" (18H00 GMT), a annoncé la télévision Canal 3 lors de son bulletin de 20H00 (19H00 GMT).
"Nayoussa Djimraou a été arrêté cet après-midi pour le chef d’accusation de +délit de presse et dénonciation calomnieuse+", a confirmé à l’AFP Nouhou Arzika, le président du Mouvement pour la citoyenneté responsable (MCR), dont M. Djimraou est le secrétaire général.
M. Djimraou est connu pour ses positions critiques contre le régime du président du Niger, Mahamadou Issoufou. Plusieurs radios et télévisions indépendantes ont annoncé ces trois arrestations.
Ces interpellations interviennent alors que deux autres journalistes et un ardent opposant au régime, arrêtés la semaine dernière, ont été remis en liberté par la justice lundi.
L’un de ces journalistes, arrêté jeudi dernier, était "poursuivi pour complot contre la sûreté de l’Etat et recel de malfaiteurs", après la publication le 17 janvier d’un article critique contre le pouvoir, selon les organisations de journalistes nigériens.
L’autre journaliste, interpellé samedi, était accusé de "propos outrageants à l’égard du président de la République, tenus par l’un de ses invités à un débat télévisé le 16 janvier", de même source.
Les organisations de journalistes avaient "exigé" dimanche leur "libération immédiate et sans condition", estimant que leur "détention préventive" était "en violation de la loi sur le régime de la liberté de la presse".
Un texte de 2010 dépénalise les délits de presse au Niger.
Lors d’un point de presse mercredi, le ministre de la Justice, Marou Amadou, avait annoncé que ses services allaient poursuivre "cinq" cas "d’appels à la haine ethnique, à l’insurrection et au coup d’Etat" proférés sur des médias locaux.