Dans un communiqué publié lundi par le ministère fédéral des Affaires étrangères, le Nigeria a officiellement réagi à la décision annoncée le dimanche 28 janvier par le Niger, le Burkina et le Mali de se retirer de la CEDEAO. Une décision que le pays de Tinubu, qui assure la présidence en exercice de l’organisation communautaire, dit regretter surtout de la part de dirigeants militaires, « non élus » et qui refusent à leur peuple le droit souverain de faire des choix fondamentaux concernant les libertés de circuler, de commercer et d’élire ses propres dirigeants. La République fédérale, qui dit se tenir aux côtés de la CEDEAO, dont elle est membre fondateur, a également tendu la main à tous les membres de l’organisation afin de résoudre les difficultés rencontrées.
Dans cette réaction qui fait suite à celle à chaud de la Commission de la Cédéao, la République fédérale du Nigéria a fait part de « sa tristesse » suite à la décision annoncée dimanche dernier par les 3 pays membres de l’AES de se retirer de la Cédéao. « Depuis un demi-siècle, la CEDEAO œuvre pour promouvoir la paix, la prospérité et la démocratie dans la région », lit-on dans le communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères et dans lequel, le Nigeria dit se tenir aux cotés de la Cédéao pour « mettre l’accent sur des procédures régulières et un engagement commun à protéger et à renforcer les droits et le bien-être de tous les citoyens des Etats membres ».
Abuja estime par ailleurs, « avoir travaillé sincèrement et de bonne foi pour tendre la main à tous les membres de la famille de la Cédéao afin de résoudre les différents rencontrés ». Pour le gouvernement fédéral, cette décision de retrait annoncée par le Niger, le Burkina Faso et le Mali indique clairement que es trois pays ne partagent pas la même vision et la bonne foi que le Nigeria. Et le pays de s’étonner du fait que « les dirigeants militaires, non élus, de ces 3 pays adoptent une posture publique visant à refuser à leur peuple le droit souverain de faire des choix fondamentaux concernant la liberté de circuler, la liberté de commercer et la liberté de choisir ses propres dirigeants ».
L’AES pointée du doigt
Cette posture du pays de Tinubu, qui assure la présidence en exercice de l’organisation, a été déjà annoncée par le chef d’Etat nigérian à l’ouverture du dernier Sommet des dirigeants de la Cédéao, le 10 décembre dernier à Abuja. A cette occasion, on se rappelle, le successeur de Muhammadu Buhari, avait plaidé sur « l'impératif de réengager le dialogue » avec les pays sous régime militaire notamment le Niger, le Burkina, le Mali et la Guinée Conakry. «La région a convenu de mesures punitives spécifiques à prendre contre tout État membre optant pour un changement de gouvernement anticonstitutionnel. À cette fin, je voudrais réitérer l’impératif de réengager le dialogue avec les pays sous régime militaire », a fait savoir Bola Ahmed Tinubu. Des déclarations quelques mois après l’annonce par les 3 pays de la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) que le président nigérian n’a pas manqué d’évoquer dans son discours. « Il est important que nous examinions également certains développements dans notre sous-région, notamment la décision de certains de nos membres sous régime militaire de lancer une Alliance des États du Sahel », a indiqué Bola Tinubu pour qui, « cette alliance fantôme semble destinée à détourner l’attention de notre quête mutuelle de démocratie et de bonne gouvernance ». C’est pourquoi, a-t-il estimé, « nous refusons de nous laisser détourner de la poursuite des rêves collectifs d’intégration de la CEDEAO tels qu’énoncés dans nos cadres institutionnels et juridiques ».