La région d'Agadez est confrontée à une crise majeure en matière de qualité de l'eau, due aux activités minières, notamment l'exploitation d'uranium et de charbon. Les autorités régionales ont récemment alerté sur des écarts radiologiques préoccupants dans les rapports des sociétés minières. Dans le même sillage, l’Ong AGHIR IN’MAN, a adressé un courrier aux Ministres de l'Hydraulique, de l'Environnement, des Mines.
Excellences Messieurs les Ministres,
Comme vous le savez, la région d'Agadez est le théâtre de plusieurs exploitations minières (Somaïr, Cominak, Sonichar, Somina, Somida). Cette exploitation, notamment d'uranium et du charbon, a eu plusieurs impacts sur les nappes fossiles, c'est-à-dire la qualité radiologue de l'eau de ces nappes qui servent à la consommation humaine.
Nous sommes heureux de constater que les autorités régionales (Gouverneur d'Agadez et Préfet d'Arlit) ont dès leur installation en décembre 2023 alerté les services techniques de l'État sur des écarts radiologiques des années 2019-2022 contenus dans des rapports radiologiques d'une société minière. Des prélèvements ont été effectués et les résultats sont en attente.
Rappelons que dans les années antérieures notamment en 2017, le Préfet du département d'Arlit d'alors nous avait interdit de faire des prélèvements pour analyse sur la nouvelle installation. Depuis leur création en 1969, les sociétés minières Somair et Cominak alimentaient les populations de la ville d'Arlit en eau jusqu'en 2017 ou l'Etat a construit une adduction d'eau potable. Il s'avère malheureusement que depuis cette mise en place les seuls résultats radiologiques des eaux disponibles sont ceux des sociétés minières, alors que la SPEN, la SEEN et leur partenaire le groupe français Veolia devaient procéder avant de donner en consommation à des analystes radiologiques et aussi de façon régulière pendant cette période hélas, il n'en est rien.
Cette situation est d'autant plus grave lorsqu'on sait actuellement que les risques de contamination sont énormes avec la fermeture de la Cominak.En effet plusieurs aspects de cette fermeture de la mine de la Cominak constituent pour nous des inquiétudes du fait de l'augmentation des risques de contamination des nappes de la région.
D'abord l'existence d'une nappe artificielle radiologiquement contaminée (ou contamination d'une nappe) sous la première verse à résidus radioactifs de la Cominak découverte en 2006 et qui fait l'objet de pompage dans un bassin en surface depuis 2011 et se poursuit actuellement à raison de 20m3/heure soit environ 1 400 000 M3 retirés de cette nappe sans aucun repère pour son épuisement.
Notons que cette nappe se trouve à un dizaine de km des forages de consommation humaine à Arlit, sans doute Cominak déploie plusieurs efforts à travers le pompage, le placement des piézomètres et les analyses radiologiques pour contenir la progression de la contamination.
Deuxième aspect, c'est la mine de la Cominak avec ses 600km de galeries qui à terme va se remplir d'eau radiologiquement contaminée au risque de mettre en contact certaines nappes de la région.
Troisièmement, la verse à résidus radioactifs d'environ 20 millions de tonnes qui conserve son potentiel risque d'infiltration jusqu'aux nappes.
Quatrième risque, c'est la contamination par des nitrates utilisés à la Sonichar auxquels s'ajoutent les effets des mines d'uranium de la Somida, celle de la Somina et Imouraren à 130 et 80 km d'Agadez et Arlit, sans doute que le comité national et local de suivi du réaménagement du site de la Cominak existent mais face aux seules résultats radiologiques de la Cominak, il y a de quoi émettre des doutes et avoir des inquiétudes.
Au vu de tout cela, Veolia s'est retiré après avoir empoché l'argent et au risque d'avoir mis en danger la santé et la vie des populations pendant des années ! Cela n'est-il pas envisageable pour tous ces exploitants miniers?
Nous tenons à vous alerter sur cette situation afin que des mesures soient prises pour éviter des catastrophes écologiques.
Veuillez agréer, Messieurs les Ministres, l'expression de notre haute considération.