Le Premier ministre à la Conférence-débat dans le cadre de la célébration du 10ème anniversaire du CNDP : d’importantes communications et des échanges enrichissants
Dans le cadre des activités commémoratives du 10ème anniversaire de la création du Conseil national du dialogue politique (CNDP), le Secrétariat Permanent dudit Conseil, a organisé ce matin, une grande conférence débat dans la salle Margou de l'Hôtel Gawèye de Niamey. Cette conférence, animée par un panel de trois conférenciers s'est déroulée en présence du Premier ministre, Chef du gouvernement S.E. Brigi Rafini, par ailleurs, président du CNDP.
L'on notait aussi la présence des présidents des Institutions de la République, des députés nationaux, des membres du gouvernement, des représentants du corps diplomatique, des responsables et représentants des partis politiques tous bords confondus et des représentants des organisations de la société civile. Ce 10ème anniversaire a été placé sous le thème «Dialogue Politique, un Facteur de la Consolidation de la Paix et de la Démocratie».
Dans une intervention qu'il a faite, le Premier ministre, Chef du Gouvernement, président du Conseil National de Dialogue Politique (CNDP) a tout d'abord rendu un hommage aux différents acteurs qui ont contribué à la création du CNDP. SE. Brigi Rafini a aussi rappelé l'importance de cet instrument qu'est le CNDP dans la consolidation de la paix et des acquis de la démocratie au Niger.
''Le Conseil National de Dialogue Politique (CNDP) trouve toute sa crédibilité aussi, en se sens qu'il constitue un cadre fédérateur de tous les acteurs politiques du Niger ; une tribune où les questions politiques qui les opposent souvent sont traitées, où des questions d'intérêt national sont discutées entre les responsables politiques, et des solutions consensuelles sont trouvées pour la paix, la stabilité et la quiétude sociale dans notre pays'' a souligné le président du CNDP.
Pour le Premier ministre, cette conférence, constitue une occasion pour les différents acteurs de discuter sur plusieurs questions en vue d'améliorer les capacités et la performance du CNDP. Le Chef du gouvernement, président du CNDP devait aussi indiquer que le CNDP a toujours joué son rôle conformément à l'esprit de sa création.
Le Premier ministre Brigi Rafini a ajouté que tout au long des trois (3) années pendant lesquelles il a eu à diriger le CNDP, les travaux de cet important outil ont toujours abouti à un compromis à travers un consensus fort entre tous les acteurs. D'autre part, les débats qu'il a dirigés ont toujours été aussi cordiaux et fraternels même si, il y a toujours des divergences d'idées. ''Ce qui est important pour le pays, c'est qu'après les débats, les différentes parties parviennent toujours à un consensus fort'' a-t-il déclaré.
C'est pourquoi, le Premier ministre, Chef du Gouvernement, président du Conseil National de Dialogue Politique, a salué la présence à cette occasion, de tous les partis politiques à cette conférence débat. Il a rendu hommage à tous ces hommes et femmes qui ont toujours permis le bon déroulement des travaux du CNDP.
Tout en espérant un bon déroulement des débats, le président du CNDP a souhaité que les leçons et conclusions qui en seront tirées, permettent à cet outil de bien fonctionner et d'améliorer ses compétences pour la prévention et la gestion d'éventuels conflits. Peu après, des conférences ont été animées par un panel composé de trois grands conférenciers, M. Sanoussi Tambari Djakou, homme politique, Mme Bello Dr Amina Balla Kalto et Pr Djibrilla Abarchi, tous deux (2) enseignants- chercheurs à l'Université Abdou Moumouni de Niamey.
Le premier conférencier M. Sanoussi Tambari Djakou, un des pères fondateur du CNDP, a présenté le thème : « Raison et processus de la création du CNDP ». Sanoussi Jackou a d'abord rappelé que la naissance du CNDP trouve ses origines au niveau international à travers une résolution des Nations Unies, à l'époque de l'ancien Secrétaire Général M. Koffi Annan. Cette résolution est prise en vue de l'adoption des mécanismes de prévention des conflits à travers le monde.
C'est le fruit d'un constat des Nations Unies à l'issue duquel l'ONU a constaté que des moyens (humains, matériels et financières) importants sont en train d'être utilisés pour éteindre des conflits à travers le monde. Face à cette situation, des réflexions sont menés et ont abouti à la mise en place des mécanismes de prévention des conflits. C'est le sens de cette déclaration faite par Koffi Annan en 1990 dans laquelle il affirme que : «il faut que les Nations Unies s'engagent dans la prévention et non pas qu'elles se contentent d'éteindre des conflits».
Ainsi pour déclencher le processus de la mise en place de ce mécanisme les Nations Unies ont choisi deux pays pilotes dont le Niger et un pays de l'Afrique Australe. C'est dire selon Sanoussi Tambari Jackou que la naissance du CNDP est le résultat d'un processus qui vient de loin. Sur le plan national, a-t-il indiqué, trois périodes de rude tension ont caractérisé la situation sociopolitique du Niger de 1990 à ce jour.
La première période est celle de la cohabitation en 1995. Cette situation a conduit au Coup d'Etat du Baré Maïnassara que beaucoup de Nigériens avaient qualifié de coup d'Etat de salut public parce que la tension entre la majorité au pouvoir et l'opposition était vive et les différentes parties étaient sur le point de s'affronter.
La deuxième période est celle qui a abouti au processus de la création du CNDP en 2003. Cette période s'est également caractérisée par les différends qui opposent la majorité et l'opposition de l'époque. En revenant sur la décision des Nations Unies, M. Sanoussi Tambari Djakou a indiqué que pour mettre en place le mécanisme de prévention des conflits, les Nations Unies ont procédé à la création des comités rattachés à la Primature, chargés de piloter le projet.
Au Niger c'est Mme Bayar Gamatché qui a été placée à la tête de ce projet qu'elle bien conduit pendant trois ans, au terme desquelles un rapport a été déposé sur l'organisation de trois forums sur la paix et la sécurité à Agadez. C'est suite aux examens desdits rapports qu'une conclusion était sortie, proposant ainsi la mise en place d'un cadre de dialogue et de concertation entre les partis politiques, estimant que tous les conflits selon l'analyse sont d'ordre politique.
cndp-2Vu que les politiques ne s'entendent pas sur cette idée, Mme Bayar Mariama Gamatché eut l'idée de faire appel aux grands sages du pays. Ainsi elle a saisie le Président de l'association des chefs traditionnels du Niger le Sultan d'Agadez de l'époque, le Président de l'Association Islamique du Niger, Cheick Ismaïl et le représentant des Eglises du Niger, Mgr Michel Kartatégui.
Malgré l'implication de ces éminentes personnalités les partis politiques avaient du mal à s'entendre, et le CNDP qui devait voir le jour depuis 2001, a attendu trois ans après avant de voir le jour. Le principal point de discorde selon le conférencier, était la question du code électoral entre les grands partis, majoritaires et les petits partis, majoritaires sur l'échiquier politique.
Enfin, à la fin de l'année fin 2003 le Premier ministre de l'époque, M. Hama Amadou et le chef de fil de l'opposition Issoufou Mahamadou de la même époque ont fini par tomber d'accord sur la création du CNDP. Et la présidence du Conseil est attribuée au Premier Ministre, Chef du Gouvernement pour une question de transparence et d'équité dans la conduite des travaux.
Après ce rappel historique exhaustif, la deuxième conférence animée par Mme Bello Amina Balla Kalto, a porté sur le thème « Rôle de la femme dans la consolidation de la paix et de la démocratie ». La conférencière a rappelé la portée historique de la participation des femmes dans la consolidation de la paix en Afrique, à travers des exemples pris sur des pays, comme le Mali, le Darfour, le Congo, le Niger, etc,.
Les femmes ont joué un grand rôle par leur participation active à la consolidation de la paix et de la démocratie dans les pays ainsi cités. Du reste au regard de leur poids numérique (plus de 50% de la population de nos pays), les femmes, estime la conférencière, ont intérêt à participer à la consolidation de la paix partout dans le monde parce qu'elles constituent, avec les enfants, les principales victimes des conflits.
Autre question soulevée par Mme Bello Amina Balla Kalto, c'est la marginalisation et la discrimination dont sont victimes les femmes même après leur participation à la résolution des conflits. Au regard de cette situation, les femmes à travers le monde comme au Niger, se sont constitués en associations en vue de défendre leurs droits. La communicatrice a saisi l'occasion de la présence du Chef du Gouvernement pour faire un plaidoyer dans le sens d'une plus grande implication des femmes dans la gestion des affaires publiques.
Mme Bello Amina Balla Kalto, a par ailleurs évoqué les raisons de la faible implication de la femme dans la consolidation de la paix et dans la vie publique en général. Il s'agit notamment des influences culturelles et religieuses qui sont surtout à la base de cette situation. Des perspectives ont été proposées pour la participation de la femme dans le processus de la consolidation de la paix et de la démocratie
Le troisième conférencier, Pr Djibrila Abarchi, a traité du thème :
« Quel outil juridique pacifique et efficient pour un cadre de dialogue politique ? ». Pour le conférencier, le CNDP qui est créé par un décret n'a pas une base juridique proprement dite, comme les autres institutions qui sont d'ailleurs prévues dans la constitution, même si cet outil joue un rôle fondamental. C'est pourquoi estime Pr Djibrila Abarchi, il est importent d'harmoniser le texte créant le CNDP pour une bonne efficacité de son rôle de consolidation de la paix au Niger.
''Il est important de corriger, si c'est une erreur, pour constitutionaliser cet outil, de façon à préserver l'ordre social auquel il a toujours contribué'' explique le conférencier.
Enfin, les participant, ont émis les vœux, pour qu'en dehors du CNDP, des cadres tels que le Pacte Républicain, la CNDS, la Charte de bonne conduite des parts politiques, soient restaurés pour renforcer le cadre de dialogue au Niger.