Ali Mahamane Lamine Zeine a exprimé son mécontentement à la délégation de la Banque mondiale venue renouer la coopération avec Niamey après que celle-ci ait été interrompue suite au coup d’Etat de juillet dernier.
Lors de sa rencontre avec une délégation de la Banque Mondiale, jeudi dernier, Ali Mahamane Lamine Zeine, Premier Ministre et Ministre de l’Économie et des Finances du Niger, a exprimé un vif mécontentement à l’égard de l’institution de Bretton Woods, lit-on sur la page Facebook du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP).
Si la reprise de la coopération entre les deux parties, suspendue il y a six mois après le coup d’État, a été accueillie favorablement, le chef du gouvernement nigérien a vivement critiqué les prises de position de la BM après la prise du pouvoir par l’armée le 26 juillet 2023.
Zeine a notamment souligné le délai jugé trop long pris par la Banque pour effectuer une évaluation nécessaire à la reprise de la coopération. Il a également dénoncé la promptitude avec laquelle l’institution financière a soutenu les sanctions punitives de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
A l’en croire, celles-ci ont impacté négativement le Niger en restreignant notamment l’accès aux produits de première nécessité tels que les médicaments, les denrées alimentaires et l’énergie.
« Je ne peux pas laisser cette occasion sans qu’on se dise effectivement certaines vérités », a-t-il déclaré lors de la rencontre, dénonçant « la précipitation avec laquelle la Banque mondiale s’est alignée sur la batterie de sanctions punitives décidées par la Cedeao. »
Il a aussi remis en question l’existence de mesures similaires dans les textes de la Banque, soutenant une fermeture des frontières et des sanctions sur des produits de première nécessité.
Ali Mahamane Lamine Zeine a en outre exprimé « son choc », rappelant ce que la Banque avait été capable de faire il y a une quinzaine d’années, ou un peu plus, dans le pays, avec sensiblement la même situation. Il a de plus rappelé que le coup d’État du 26 juillet 2023 est « le seul changement non constitutionnel, parmi les six qu’a connus le pays, qui s’est déroulé sans violence et qui a bénéficié d’un large soutien populaire. »
« Nous avions pensé que nos partenaires allaient en tenir compte », a-t-il affirmé sur un ton déçu. Cette réaction met en lumière les préoccupations du Premier Ministre quant aux décisions de certains partenaires du Niger prises après les événements du 26 juillet tout en soulignant une forme d’ingérence dans les affaires intérieures du pays.