Le grand artiste sculpteur, Lankondé Issoufou, s'est éteint, mardi dernier, des suites d'une maladie. Plusieurs personnalités du monde de la culture, dont le ministre de la Jeunesse et le Secrétaire général du Ministère en charge de la Culture se sont mêlées à ses amis et parents pour la levée du corps qui s'est déroulée aujourd'hui dans l'après midi , à la morgue de l'Hôpital national de Niamey.
Instable, et fidele en amitié, souriant et frondeur, passionné et créatif... Il faut plus d'un adjectif pour cerner ce capricieux garçon au talent fou. D'aucuns préféreraient plutôt parler de don plutôt que de talent. Ceux-là ont raison et cela est d'autant plus vrai que ses œuvres dépassent largement les stéréotypes dans lesquels on voulait les mouler.
Lui s'est inspiré des maitres de la sculpture traditionnelle africaine créatrice de masques et objets aratoires aux significations mystérieuses ainsi que des grands sculpteurs peintres d'Europe qu'il a découverts en tant qu'étudiant à l'école des Beaux Arts à Bourges et à Tours en (France) en 1975.
Révélation des années 80, il a foudroyé les amateurs d'art en réalisant des œuvres d'une rare beauté artistique telles que l'éfigie d'Oumarou Ganda, '' le cheval'' monument érigé à l'entrée de Diffa (et pour lequel l'artiste s'est estimé grugé),'' la Corne d'abondance'' à l'entrée d'une institution bancaire, ''la girafe '' aux abords de la ville de Tahoua.
De nombreuses autres oeuvres aussi diverses les unes que les autres sont venues confirmer son talent eternel, comme la vache Kouri réalisée au symposium de la sculpture, en Chine en 2011
Mais Lanki , comme aiment l'appeler son cercle d'amis, n'est pas de ceux qui se tuent à l'ouvrage. Sa quête de liberté l'amène à fuir loin. Il aime vivre au point de ridiculiser la vie. Il s'oublie. De nombreuses frasques!... Mais les grands penseurs et artistes ne sont-ils pas comme cela ?
Pourtant ils nous fascinent. Comme Lankondé Issoufou.
Bien que n'étant pas très attaché aux honneurs, il en a eu. Officier des Palmes académiques du Niger en 2008, il fut président de la commission nationale de la sculpture pour les préparatifs des 5èmes Jeux de la francophonie en 2005, et depuis le 30 mars 2011, directeur général de l'école des Beaux arts de Balleyara (Filingué) d'où il est originaire, ayant vu le jour dans la petite localité de winditan à quelques encablures de là. Il est souhaitable qu'une main altière érige sur sa tombe son effigie avec cette mention Lankondé Issoufou 1954-2014