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LEVEE DES SANCTIONS CONTRE LE NIGER ET MAIN TENDUE A L’AES : La CEDEAO pourra-t-elle sauver ce qui reste de ses meubles ?

Publié le lundi 26 fevrier 2024  |  lepays
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© Présidence par DR
Ouverture du Sommet extraordinaire de la CEDEAO à Abuja (Nigeria)
Un Sommet extraordinaire de la CEDEAO, ce samedi 24 février 2024, à Abuja, au Nigeria, en présence de chefs d`Etat de l`Afrique de l`ouest.
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Les dirigeants ouest-africains réunis en sommet extraordinaire, le 24 février dernier à Abuja, ont décidé de la levée partielle des sanctions infligées au Niger au lendemain du putsch militaire du 26 juillet 2023, en vue d’imposer le retour à l’ordre constitutionnel et du président déchu à la tête de l’Etat. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) maintient, en revanche, les sanctions individuelles à l’encontre des putschistes, et la suspension du Niger de toutes les instances de l’Organisation. Les populations qui ont été durement et collectivement éprouvées par ce blocus, ont lâché un ouf de soulagement à la lecture du communiqué final, d’autant que la levée des restrictions intervient à quelques jours du mois de jeûne, dans ce pays composé à 95% de musulmans. A vrai dire, cet assouplissement de la CEDEAO vis-à-vis du Niger, n’est pas une surprise, au regard de l’inefficacité des mesures drastiques imposées au pays, et des menaces de dislocation de l’instance sous- régionale depuis que le Mali, le Burkina Faso et le Niger justement, ont décidé concomitamment et avec fracas, de lui tourner le dos le 28 janvier dernier.



La seule façon pour la CEDEAO de pouvoir encore relever la tête, c’est d’opérer sa mue



Reste à savoir si malgré cette magnanimité, la CEDEAO pourra encore sauver ce qui reste de ses meubles, et si son image sera redorée auprès des populations qui l’accusent, à tort ou à raison, de prendre contre elles des mesures inhumaines et d’agir sous le diktat de puissances étrangères, à la tête desquelles se trouve « la France impérialiste ». Rien n’est moins sûr, et ce rétropédalage du week-end dernier ne va pas l’absoudre pour autant, sans doute encore moins susciter le « retour au bercail » des trois dissidents qui doivent être en train de boire actuellement leur petit lait en multipliant les rebuffades, parce qu’ « il n’y a rien en face ». Désormais, cette décision forcée de lever les sanctions les plus dures contre Niamey, fera office de jurisprudence, et pourrait ouvrir la voie ou la porte à une avalanche de coups d’Etat militaires, d’autant que les pays éventuels putschistes ne seront plus économiquement ostracisés. De ce fait, on pourrait assister malheureusement à une sorte de salto arrière dans l’Afrique de l’Ouest des années 80, quand n’importe quel galonné pouvait rêver d’être président, parce qu’il suffisait d’avoir la kalachnikov comme moyen de persuasion, et le tour était joué. Quoiqu’on dise, ce serait un grave recul pour les libertés individuelles et démocratiques, mais, on serait, en même temps, à l’abri de ces pouvoirs civils prétendument démocratiques qui tordent le cou aux textes pour se maintenir au pouvoir, sous le regard très souvent complice d’une CEDEAO laxiste et louvoyante. La seule façon pour l’Organisation sous-régionale de pouvoir encore relever la tête après ce but gag contre son camp face au Niger, c’est d’opérer sa mue à travers un aggiornamento qui la ramènerait à ses fondamentaux, c’est-à-dire uniquement à ses missions initiales d’intégration économique des pays membres de l’espace.



Les trois chefs d’Etat de l’AES pourraient passer à une autre étape dans la quête de la souveraineté totale



Car, il faut reconnaitre qu’elle a commencé à se décrédibiliser depuis qu’elle a intégré le volet politique dans ses attributions, et s’est, plus d’une fois, fourvoyée en prenant des mesures à géométrie variable, sans tenir compte de l’intérêt des peuples pour lesquels elle est censée agir. Après avoir jusqu’ici tenu tête à « l’impérialisme et à ses valets locaux » incarnés par leurs pairs « démocratiquement élus », les trois chefs d’Etat de l’Alliance des Etats du Sahel pourraient passer à une autre étape dans la quête de la souveraineté totale, avec la possible création d’une monnaie commune, afin d’éviter que la BCEAO à laquelle leurs pays respectifs sont affiliés et qui est rattachée au Trésor français, ne soit instrumentalisée par la France pour les asphyxier financièrement, à chaque fois que la CEDEAO lève son épée, comme dans le cas du Niger. C’est possible, car n’oublions pas qu’en dehors des 14 pays qui utilisent le franc CFA en Afrique, chacun des 40 autres bat sa propre monnaie et ne se porte pas si mal. L’argument est peut-être simpliste et même spécieux, mais il est, de plus en plus, brandi pour semer le doute et la trouille dans les rangs de la CEDEAO, de l’UEMOA et de « certaines puissances étrangères » pour les faire dégonfler comme des ballons de baudruche, à l’image de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest dans le cas du Niger. On verra bien dans les mois à venir si les trois dirigeants de Bamako, Niamey et Ouagadougou oseront franchir le Rubicon, et ce qu’il adviendra de l’UEMOA, le cas échéant.



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