Migration irrégulière: avec « les Opportunity Days », des jeunes sensibilisés sur les conséquences ainsi que les alternatives à la migration irrégulière
L’Université Abdou Moumouni de Niamey a servi de cadre, les 21 et 22 février 2024, avec l’organisation de conférences et d'activités culturelles dédiées aux jeunes autour de la problématique de la migration et des opportunités d’emploi. L’initiative, qui s’inscrit dans le cadre du Projet « L’épanouissement personnel comme alternative à la migration », mis en œuvre par l’ONG CISP et ses partenaires, a ainsi permis à plus de 300 jeunes garçons et filles d’être sensibilisés sur les conséquences de la migration irrégulière, les voies et moyens pour la migration régulière, et les alternatives à la migration.
La question de l'autonomisation et de la participation des jeunes dans les sphères socio-économiques est désormais au cœur de la stabilité du Sahel, une sous-région qui a la population la plus jeune du monde, avec 65% de la population âgée de moins de 35 ans. Si la situation démographique comporte d'excellentes opportunités, elle présente aussi des risques. La jeunesse dans le contexte du Burkina Faso, du Mali et du Niger est une composante principale pour le développement. Vu la dégradation sécuritaire dans ces pays depuis 2011, les enjeux concernant les populations vulnérables, qui sont les plus touchées en temps de crises, sont devenus une priorité pour les gouvernements et les institutions internationales, vu notamment la place qu’occupent les jeunes filles et les jeunes garçons soit pour renforcer la radicalisation, soit pour participer au développement des sociétés. Parmi les préoccupations majeures qui sont soulevées, les jeunes filles et jeunes garçons étant vulnérables, leur insertion sociale et leur réelle contribution à la vie économique des pays se présentent comme les plus déterminantes pour assurer leur résilience à tous chocs possibles et à la migration irrégulière. En effet, le chômage et le sous-emploi passent pour être de réels fléaux sociaux et une « bombe sociale » à retardement. Ces problématiques, qui doivent être adressées par le présent programme, peuvent être déclinées en termes d’insuffisance « d’un écosystème d’entrepreneuriat, d’emploi, d’innovation adéquat et de développement personnel », dans lequel les leviers pour la création et la pérennisation d’entreprises résilientes (Start-up, TPE, PME) sont mis en synergie avec des modules de développement personnel, facilement accessibles aux jeunes filles et jeunes garçons et de nouveaux processus plus performants mis en place et la consolidation des acquis.
De ce fait, il apparaît clairement qu’une jeunesse disposant d’un emploi, d’un esprit de développement personnel, capable de s’assumer psychologiquement et économiquement constituerait une force positive susceptible de porter les changements décisifs dont ont tant besoin le Burkina Faso, le Mali et le Niger pour relever les multiples défis de développement auxquels les pays font face, dont l’immigration irrégulière.
L'épanouissement personnel comme alternative à la migration
C’est dans ce cadre que s’inscrit le Projet : "L'Épanouissement Personnel Comme Alternative à la Migration’’ implémenté dans le cadre du « Regional Project for Youth Empowerment in the Sahel (RPYES) » financé par le Ministère italien des Affaires Étrangères à travers un accord entre le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et l’ONG LVIA en partenariat avec Link 2007, l’ONG CISP, Le Réseau et JVE. Le Projet a pour objectif global de contribuer à des décisions raisonnées de la jeunesse quant au phénomène migratoire, prenant pleinement en compte les opportunités locales et régionales d’épanouissement personnel et professionnel. Cela passe par des initiatives qui mettent d’une part en exergue et rendent visibles les opportunités d’emploi et d’auto-emploi existant pour les jeunes ; et d’autre part facilitent l’accès à l’information sur ces opportunités aux jeunes. Ainsi, pour atteindre ces objectifs, l’ONG CISP et les partenaires locaux impliqués dans la mise en œuvre du projet ont initié l’organisation des « Opportunity Days », des conférences et événements culturels dans les villes d’Agadez et de Niamey, qui se veulent être des cadres de rencontre entre les jeunes (filles et garçons) et des structures porteuses ou offrant des opportunités en termes d’emploi et de création d’entreprises en faveur des jeunes. Elles s’adressent aux jeunes de toutes les catégories et couches sociales, notamment les étudiants en fin de cycle, les jeunes vivant en milieu urbain et rural ou les personnes en situation de handicap, pour ne citer que ceux-là. L’objectif global de ces conférences et des évènements culturels plus spécifiquement, est de sensibiliser les jeunes aux conséquences de la migration irrégulière, aux voies et moyens pour la migration régulière, et aux alternatives à la migration, avec comme cible plus de 300 jeunes filles et garçons qui sont informés et sensibilisés.
Des activités académiques et culturelles sur les conséquences de la migration irrégulière et les alternatives pour les jeunes
C’est dans ce cadre que l’Université Abdou Moumouni de Niamey (UAM) a abrité, les 21 et 22 février 2024, un événement culturel et une conférence axée autour de la problématique de la migration.
Le premier événement a été un concert géant à la Place AB de l’Université auquel ont massivement assisté les étudiants, qui ont eu droit à des prestations de célèbres artistes et slameurs. L’événement, organisé en collaboration avec l’Association Culture-Arts (ACA Rumbu) et la Commission des Activités Culturelles (CAC) de l’université de Niamey, propose une émission hebdomadaire intitulée « Exprime-toi » à la Place A.B de l’Université Abdou Moumouni de Niamey. Au cours de cette émission, plusieurs thématiques sont développées et débattues, et plusieurs artistes se produisent en présence d'au moins 1 000 jeunes filles et garçons étudiants en début et en fin de cycle. Pour l’émission du mercredi 21 février 2024, le thème choisi est « L’épanouissement personnel comme alternative à la migration » plusieurs artistes se sont produits sur scène et ont été chaleureusement acclamés par l'assistance séduite des messages véhiculés.
Le second événement a été l’organisation d’une conférence-débat, le jeudi 22 février 2024, portant sur la migration. Organisée en collaboration avec le Groupe d’Étude et de Réflexion sur les Migrations, Espaces et Sociétés (GERMES), la conférence s’est déroulée dans l'Amphithéâtre de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines (FLSH) et a été précédée par la projection du film « Moi, Capitaine », qui retrace les péripéties de Moussa et Seydou, deux jeunes africains tentés par l’aventure et confrontés aux difficultés de tout ordre, notamment lors de la traversée du désert et de la méditerranée. Bien qu’il s’agisse de fiction, l’œuvre a beaucoup ému le public, qui a rempli la salle. Le film a servi de cadre pour la conférence sur la migration, animée par des enseignants chercheurs brillants ainsi que des doctorants, et s’est révélée fort utile pour les étudiants, les migrations subsahariennes étant aujourd’hui un enjeu majeur pour les sociétés de départ. Lors de cette conférence, quatre thématiques liées à la migration ont fait l’objet de présentations et de discussions : Migrations entre régularité et irrégularité, les causes de la migration irrégulière, les conséquences de la migration irrégulière et les alternatives à la migration.
Il convient de noter que le choix de l’université pour accueillir cette activité n’est pas fortuit, car elle regroupe en son sein les jeunes ressortissants de presque toutes les contrées du Niger, où ils sont considérés dans leurs villages comme des références et serviront donc de relais au niveau de leurs villages respectifs.
«Entreprenez si vous ne voulez pas migrer irrégulièrement!», avait conclu un des enseignants chercheurs ayant participé à cette rencontre.