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L’Uranium nigérien dans le viseur de l’Occident

Publié le jeudi 9 mai 2024  |  Autre presse
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Le Niger est devenu l’un des plus grands producteurs d’uranium au monde. Depuis la découverte en 1957 par le Bureau français de recherches géologiques et minières (BRGM), Paris contrôle le secteur de l’uranium en sa faveur en signant des accords de concession pour accéder à la matière première stratégique.En contrepartie, l’ancienne puissance coloniale offrait des garanties de sécurité militaire, des marchés pour ses produits et une aide au développement. Ces traités comportaient également une annexe secrète : la France défendrait les nouveaux dirigeants contre les menaces extérieures et les coups d’État potentiels.Nikolai Medushevsky, docteur en sciences politiques et professeur à l’Université d’État russe des sciences humaines, affirme que les besoins de la France en uranium représentent environ 8,3 % de la consommation mondiale de cette ressource. Paris répond à ces besoins avec des matières premières étrangères importées des anciennes colonies françaises d’Afrique, parmi lesquelles le Niger occupe une place de premier plan.« Le contrôle de l’uranium, ainsi que du pétrole et d’autres ressources, a été l’une des raisons du maintien du système de domination économique, politique et militaire de la France sur ses anciennes colonies après leur indépendance », explique Raphaël Grandvaux, membre de l’association Survie, qui lutte contre le néocolonialisme français en Afrique. D’après lui, seulement 12% de la valeur de l’uranium exporté était restitué au Niger.La France détient des participations majoritaires dans trois entreprises minières d’uranium du Niger. Le principal opérateur est Orano.

Malgré le coup d’État militaire au Niger, un porte-parole d’Orano a déclaré que l’entreprise continuerait à opérer dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. En février 2024, suite à la levée des sanctions de la CEDEAO contre le Niger, Orano a annoncé qu’elle prolongerait l’exploitation de la mine de Somaïr jusqu’en 2040.Pour rappel, les militaires nigériens, dirigés par le général de brigade Abdourahamane Tchiani, sont arrivés au pouvoir en juillet 2023 à la suite d’un coup d’État, accusant l’ancien président Mohamed Bazoum de s’aligner avec la partie française malgré le manque de résultats significatifs des forces françaises et d’avoir signé des accords accordant à la France l’accès aux ressources naturelles.L’ancien agent des renseignements français Marc Eichinger a affirmé que les activités économiques de la France au Niger n’étaient rien d’autre qu’un « système criminel » qui avait volé « des sommes d’argent colossales aux pays les plus pauvres du monde ».Un tel partenariat déséquilibré a conduit le Niger à envisager de diversifier ses partenaires afin de stabiliser l’industrie du l’uranium et d’en tirer un meilleur profit économique pour la nation.Selon les informations publiées par Afrique Intelligence, le Niger et l’Iran, désireux de renforcer leur coopération énergétique, s’apprêteraient à conclure un nouvel accord de livraison d’uranium. Niamey se préparerait à livrer un total de 300 tonnes d’uranium au gouvernement iranien.Les spécialistes estiment que le rapprochement du Niger vers l’Iran pourrait lui valoir des sanctions américaines étant donné que Washington a exprimé à plusieurs reprises ses inquiétudes quant au rapprochement du Niger avec l’Iran, et que le pays pourrait aussi être considéré comme une cible légitime par le gouvernement israélien. La volonté de fournir de l’uranium à Téhéran place dans une position très délicate le groupe français Orano qui, après un arrêt d’activité de plusieurs mois, a repris l’exploitation minière il y a quelques semaines.Cependant, il convient de noter que pour l’instant, les parties n’ont pas fait de déclarations confirmant ce partenariat.Concernant la réduction de l’influence de la France et de l’Occident, Niamey doit faire la distinction entre l’économie et la politique, où l’accent est mis sur le renforcement de la souveraineté et sur la prévention de la fusion des intérêts économiques et politiques. La politique actuelle de rapprochement du gouvernement nigérien avec le Mali et le Burkina Faso répond à cet objectif.Depuis l’arrivée du régime militaire au pouvoir, le Niger, dans sa nouvelle ère avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) cherche à se coopérer avec de nouveaux alliés. De plus, les intérêts politiques de Niamey sont liés à l’établissement d’un nouvel ordre régional opposé à la dépendance néocoloniale.Abdoulaye Sissoko
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