Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Une armée imprégnée d’idéologie au service du Niger, plaidoyer auprès de notre nouvelle école de guerre : Par Ali ZADA

Publié le vendredi 3 mai 2024  |  Nigerdiaspora
Coopération
© Autre presse par dr
Coopération : l`Allemagne offre des matériels et infrastructures militaires à l`armée nigérienne
Le mercredi 12 avril 2023: le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius a procédé à la remise d`infrastructures et d`engins roulants aux Forces Armées Nigériennes.
Comment


’ai suivi avec un grand plaisir sur une vidéo, la cérémonie d’ouverture de la nouvelle école de guerre du Niger. Véritable signe de montée en puissance de notre armée et affirmation percutante de notre souveraineté nationale retrouvée, l’institution comble de satisfaction tous les Nigériens soucieux de voir cesser l’influence française sur nos affaires. Que le CNSP, le gouvernement, notre vaillante armée et tout le peuple nigérien en soient félicités. Labou sanni no !

Depuis le Général Seyni Kountché (qu’Allah lui fasse miséricorde), les Nigériens ont intériorisé le fait que l’armée n’est pas qu’une institution de défense nationale, mais un socle de gouvernance vertueuse et un rempart ultime contre les dérives de la classe politique. Depuis le Général Kountché, une relation de confiance s’est tissée entre le peuple et son armée, une reconnaissance que par ailleurs la classe politique n’a jamais pu s’offrir. Le peuple nigérien voue un attachement affectif puissant à son armée, ayant flirté le parfait amour avec un officier militaire, un épisode honorable qui lui fait nourrir l’espoir profond de revoir son armée remettre de l’ordre dans le pays et le défendre, malgré le douloureux épisode de l’agression impérialiste sous faux-drapeau islamique qui a ravagé le moral du peuple et révélé à la face du monde une classe politique enrôlée au service de l’étranger. En effet, le Général Seyni Kountché qui régna de 1974 à 1987, fut un militaire très proche du peuple. Bien qu’issu de l’armée coloniale, il n’a pas moins fait preuve de toute la somme de vertus attendues d’un soldat. Intègre, austère et d’un patriotisme à fleur de peau, il a laissé à la postérité le portrait-robot de ce que devrait être un officier de l’armée au service de sa patrie et de son peuple. Les Nigériens l’évoquent encore avec nostalgie.

L’échec du développement, l’affaiblissement des Etats et les évènements meurtriers que les peuples de l’AES vivent en ces temps, doivent logiquement amener nos armées nationales à redéfinir leur rôle dans la gouvernance et réviser les concepts de « menaces » qui rôdent autour de nos pays. Nos armées nationales de l’AES ont maintes fois prouvé qu’elles sont le dernier rempart contre l’effondrement de l’Etat, sa disparition programmée et le morcellement de nos territoires. Et c’est désormais par nous-mêmes, au sein de nos écoles de guerre que les réflexions sur la refondation de la république et la redéfinition des missions de l’armée doivent trouver leurs premiers axes d’orientation.

Il faut donc saluer l’ouverture d’une école de guerre au Niger. En attendant qu’elle déménage à Tirmini ou à Sargadji, hauts lieux de la résistance de notre peuple contre la pénétration coloniale, nous nous réjouissons de l’initiative, tant elle constitue un jalon cardinal dans notre marche vers la souveraineté. La sobriété qui a accompagné l’ouverture de l’institution ne surprend pas de la part d’une institution discrète par sa culture. Mais l’évènement est très important et il faut en parler.

Et s’il m’est permis de me mêler des affaires de notre « grande muette », je me plaindrais justement du fait qu’elle soit confinée au mutisme, alors que ses missions se complexifient de plus en plus face à la multiplication et à l’imbrication des menaces sur notre pays. Et cette fondation doctrinale de mutisme je la perçois au-delà du simple fait de ne pas communiquer, pour la comprendre dans cette conception de l’armée en des gens armées coupées du peuple, maintenues à l’écart de toute la vie du pays, interdites de parler de gouvernance, peu outillées aux politiques de développement et aux réformes de société, bref de tout ce qu’il y a à « défendre » en vérité.

La guerre sans fin

Les marchands d’armes prospèrent tant qu’ils peuvent allumer des guerres entre les peuples. La fitna sioniste poussera incessamment les peuples les uns contre les autres. Les plans illuminatis contre l’humanité avanceront par la guerre permanente et du sang innocent versé en abondance. La guerre est alors tellement ancrée dans la culture de gouvernance mondiale que le slogan « qui veut la paix prépare la guerre » a valeur de postulat. Et même dans les ambitions nationales de développement, on admet que l’hégémonie occidentale ne laissera aucun pays se développer tant que ce dernier ne lui oppose pas une dissuasion en langage compréhensible. On a en tout cas entendu un homme d’Etat allemand regretter que l’occident ait lassé la Chine se développer. La Corée du nord l’a compris en forçant une dissuasion nucléaire face à l’Amérique. L’Iran a établi une dissuasion à base de missiles à laquelle Américains et Israéliens ont gouté. Kadafi l’a omis et l’a payé cher. Le principe que « du chaos naît l’ordre » est désormais un projet en réalisation avancée sur une humanité dominée par Satan et ses armées.

Donnant la réplique à un diplomate qui estimait que leur rôle est d’éteindre les feux allumés par les militaires, un célèbre général américain répondit que les militaires donnent leurs vies pour tenter de solder les intrigues des politiciens.

Il est donc bien clair que la « paix » et le « développement » sont des chimères en ces temps où les forces du Dajjâl ne laissent aucun peuple tranquille, qu’il soit leur allié ou leur ennemi. Que la naïveté ne nous pousse donc plus à affaiblir notre armée et à l’isoler de la gestion de nos affaires, simplement parce que des constitutions parachutées sur nous prônent le cantonnement des militaires à leurs baraquements et que les élites civiles soient les seules habilitées à diriger un pays.
Faisons corps avec nos armées car la guerre gronde partout sur la planète. Militarisation des pays, tests balistiques, augmentation exponentielle des budgets de défense, bruits de bottes, meurtres de masses, attentats terroristes, tout cela augure que les menaces sur les peuples sont des développements qui s’inscrivent dans la durée. Il n’y a aucune perspective de paix durable à l’horizon. Préparons-nous à la guerre. En tout cas le monde n’évolue pas vers la paix et la sécurité internationale, mais vers une guerre qui, sinon mondiale, du moins insidieuse et permanente contre les peuples. Les peuples qui ne se préparent pas à la guerre auront mis leur existence en péril. N’est-ce pas d’ailleurs à cette préparation que le Coran appelle les croyants en ces termes : « Et préparez [pour lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée, afin d'effrayer l'ennemi d'Allah et le vôtre, et d'autres encore que vous ne connaissez pas en dehors de ceux-ci mais qu'Allah connaît. Et tout ce que vous dépensez dans le sentier d'Allah vous sera remboursé pleinement et vous ne serez point lésés » (sourate 8, le Butin, verset 60). Par des gouvernances sans vision promues par des élites assises sur du vide idéologique, nos pays ont ignoré ces injonctions du Coran et en paient le prix.

Cessons donc de répéter les mêmes erreurs stratégiques depuis la Conférence Nationale. L’armée ne doit plus se cantonner à la corvée de faire et refaire des intrusions sur la scène politique pour réparer les conneries sans fin des politiciens et retourner dans ses casernes en attendant la prochaine tragédie qui tombera sur le pays. Faut-il donc extirper de nos mœurs politiques cette manie d’écarter les militaires de la vie politique, d’en faire des « muets » dociles au service des civils.

Les menaces sur nos peuples ont évolué

Les projets communautaristes qui secouent actuellement le Sahel ont montré à suffisance que pour autant que les menaces armées sont d’origine externe, elles n’ont pas moins besoin de force internes qu’elles instrumentalisent. Je me joins donc sur le bout des doigts à l’opinion de tous ceux qui intègrent dans leur appréciation des causes du terrorisme l’échec du développement du fait de l’incohérence et l’inefficacité des politiques de développement et l’échec de la décentralisation. Mais il serait en effet un peu trop simpliste de résumer l’agression terroriste à un échec du développement. Quand des mercenaires venus de contrées très lointaines se retrouvent dans les rangs des terroristes, on comprend qu’il ne sert à rien de renégocier la paix et le développement avec des gens simplement au service du plus offrant. Il s’en trouve que l’équation sécuritaire est pour sa part raccourcie à la seule solution militaire.

La guerre contre les peuples est globale, avec ses facettes politiques, idéologiques, économiques, culturelles et militaires. Aussi, les menaces d’ordres idéologique et culturel doivent être prises en compte dans nos écoles de guerre. En effet, les nationalismes ont allumé les guerres dans l’Europe du 19ème siècle. Le national-socialisme a poussé l’Allemagne à embraser l’Europe du 20ème siècle. Le nationalisme japonais a poussé l’armée impériale à envahir la Chine, la Corée, la Thaïlande, les Philippines, etc. C’est la politique hégémonique au service du libéralisme qui a poussé l’Amérique à envahir et détruire le Viêt-Nam, l’Irak, l’Afghanistan et la Syrie, déstabiliser la Lybie en assassinant Kadafi. L’agression terroriste qui frappe les pays du Sahel et du Moyen-Orient est motivée par l’hégémonie occidentale. L’occident global qui a compris ses faiblesses face à la Russie en Ukraine, a besoin des ressources de nos pays pour rebondir. C’est dire que les armées occidentales seront toujours au service visant notre domination. Le fait d’ignorer cette donne fut une grave erreur pour nos pays.

Mais la guerre la plus dévastatrice, celle qui est insidieuse et qu’on ignore, parce qu’elle est « soft », est la guerre idéologique et culturelle qui nous expose à la corruption morale, érode nos valeurs de communauté et de famille, pervertit la jeunesse, greffe au corps de la société la perversion homosexuelle, affaiblit l’Etat et coupe nos armées nationales de la société, constitue la plus grande menace à intégrer à notre doctrine de défense. Cette guerre vide l’esprit des gouvernants de toute conscience idéologique et enlève des cœurs tout sentiment patriotique. Elle affaiblit méthodiquement nos armées par une culture de discipline sans morale, d’obéissance sans conscience, de soumission à des politiciens injustes et d’usage d’egos individuels sans aucun sens de l’honneur militaire.

Une armée de défense et de développement
Une armée moderne est une armée à large composantes d’éléments d’excellence à l’avant-garde d’idées novatrices, d’innovations technologiques, de renseignements de qualité, d’analyses et de prospective géopolitique. C’est un hub et une vitrine de capacités scientifiques, techniques, technologiques et industrielles nationales, tant il est vrai que si l’on veut s’informer du niveau technologique d’un pays il faut regarder son armée.

Une armée nationale qui ignore les ressources naturelles de son pays n’est pas une armée ancrée dans ses réalités. L’armée du pays détenant les plus grandes réserves d’uranium au monde mais qui paradoxalement n’a pas un seul officier spécialiste du nucléaire, est certes une armée qui doit se poser certaines questions. L’armée d’un pays détenant les troisièmes plus grandes réserves de fer du monde, mais qui n’a pas d’officiers spécialistes en métallurgie, est certes une armée qui doit apprendre qu’Allah a mis la puissance et le confort des nations dans le fer, selon ce verset du Coran : « Et Nous avons fait descendre le fer, dans lequel il y a une force redoutable, aussi bien que des utilités pour les gens », Sourate 57, Al-hadid (le fer). Les canons ont fait la puissance des nations et les canons sont fait d’acier.

S’il n’est pas le premier, le Niger est au moins le deuxième ou le troisième pays parmi les mieux dotés du monde en ressources naturelles. Mais ils sont combien nos officiers de l’armée à les connaître, à les situer sur une carte et à savoir ce qu’on en fait de par le monde ? Ils sont combien nos officiers formés à la prospection minière et au développement des chaînes de valeur des ressources naturelles ? Pourtant, veiller sur un pays et son peuple commence par connaitre les facteurs pouvant allumer des convoitises étrangères sur eux.

Les officiers de notre armée nationale doivent donc comprendre les politiques publiques en leur pertinence, cohérence et efficacité, pour apprécier leurs aptitudes à produire du développement, enrayer la pauvreté, éviter les crises sociales et prévenir les velléités étrangères qui en profiteraient. Car c’est par des politiques publiques de qualités qu’il faut prévenir l’infiltration des projets étrangers. Ce que nous vivons avec le terrorisme a une large part dans l’acharnement thérapeutique de recettes néolibérales d’austérité qui créaient massivement de la pauvreté année après année, affaiblissant l’Etat et l’armée et rendant au final le pays incapable de se défendre seul. Quand par un entêtement de paradigme néolibéral nos pays font vœu de pauvreté en refusant de s’enrichir pour confier le financement du développement à des institutions, ONG et entreprises étrangères, les premiers à s’en offusquer devront être les officiers de l’armée qui auront compris que les mesures d’austérité finiraient par impacter le budget de défense, affaiblir l’armée et exposer le pays aux agressions armées.

Promouvoir une armée politique et idéologique

Je ne doute pas que les meurtrières épreuves que notre armée continue de vivre l’ont murie et l’ont amenée à intégrer ce que le simple civil que je suis perçoit comme nécessité pour une armée moderne.

Ce que j’apporterais comme contribution c’est de souligner que l’armée du 21ème siècle est une armée gardienne des valeurs idéologiques et culturelles dans lesquelles elle puise ses valeurs, sa force morale et la justification de son dévouement à la patrie. Elle est aussi déployée au service du progrès scientifique et technologique national. C’est donc une armée de défense nationale et de développement économique autant qu’une institution qui veille sur l’idéologie et la culture. C’est ce rôle transversal que jouent deux armées parmi les plus idéologisées et les plus efficaces du monde, notamment celles de Chine et d’Iran. Ces deux armées perçoivent les influences idéologiques et culturelles qui se greffent à leurs peuples comme des dangers qui phagocytent la société, liquéfient ses valeurs et provoquent en fin de compte l’effondrement de l’armée et de l’Etat. Le ciment de l’Etat et de l’armée c’est l’idéologie et la culture dans lesquelles ils baignent. Une armée au service de l’Etat ne défend donc pas l’Etat que contre les menaces armées. Une telle armée éveillée et forte entrevoit les questions idéologiques et culturelles comme des diluants insidieux qui décomposent la superstructure politique et institutionnelle pour l’enrôler au service des convoitises étrangères.

La pire des agressions contre les peuples est celle qui se fait contre la culture. En dénaturant les sociétés on peut facilement les défaire. C’est l’agression culturelle qui a conduit nos pays à promouvoir des élites apatrides qui ont facilité l’agression armée et l’occupation militaire.

La guerre idéologique et culturelle est très dévastatrice pour nos pays car elle affaiblit nos armées de l’intérieur. Les armées qui ignorent la guerre idéologique et culturelle pour ne développer en leurs soldats que des aptitudes à manier des armes, sont des armées exposées à être instrumentalisées par l’étranger contre leurs peuples et leurs leaders patriotes. La menace sur nos peuples c’est aussi les projets de déshumanisation par la corruption morale, la culture de bestialité qui souffle sur le monde, l’éclatement de la société, l’éloignement de Dieu.

Après soixante ans d’indépendance, il s’est avéré qu’en général nos armées africaines francophones baignent dans un vide idéologique permanent qui n’a pas permis de les repositionner sur les nouveaux fronts de menaces sur leurs peuples, notamment les nouvelles formes de guerres livrées aux peuples, ainsi que les mécanismes du maintien de nos pays dans le giron néocolonialiste français, par son instrumentalisation pour arrêter net toute tentative de sursaut national à visée émancipatrice. Loin de moi l’idée que les taupes occidentales ne sont que du seul apanage de nos armées. La classe politique civile s’est révélée plus zélée au service de l’étranger.

Ajouté à cette faiblesse structurelle de la conscience politique, nos armées africaines n’ont pas été formée à intégrer les questions de capacitation scientifiques, techniques, technologiques et industrielles dans les doctrines nationales de défense. Au demeurant, la puissance colonisatrice a interdit à nos armées africaines francophones la possession d’avions chasseurs, de drones, radars et de missiles. C’est dire que nos armées nationales entraient dans l’avenir à reculons, jusqu’à ces jours historiques où au Mali, au Burkina et au Niger les institutions ont décidé de revenir à leur vocation de défense de la patrie, alors qu’elles étaient déjà réduites à leur plus simple expression.

La faiblesse spirituelle et morale de l’élite gouvernante et de l’armée constitue le pire ennemi des peuples car elle fait intérioriser et même sublimer la dépendance, la domination et la servitude. Elle applaudit le pillage économique et empêche toute ressource aux esprits pour comprendre le sort du pays. L’impérialisme tire donc beaucoup plus de dividendes de son influence idéologique et culturelle que de ses agressions armées contre les peuples. En effet la soumission idéologique et culturelle des peuples est très rentable si l’on en juge par les soixante années que notre pays a passées à obéir docilement à la puissance coloniale en lui livrant presque gratuitement son uranium et en se soumettant à son système monétaire. C’est le vide idéologique des esprits, la faiblesse spirituelle des consciences et la déchéance morale des âmes qui ont amené les gouvernements à courber l’échine au néocolonialisme français pour nuire au pays.

La nouvelle école de guerre pourrait donc avoir entre autres missions d’aider à refonder l’armée nationale nigérienne en donnant à ses officiers une base idéologique solide faite d’une compréhension révolutionnaire de l’Islam, idéologie partagée par 99% des Nigériens) et un attachement à ses valeurs humaines, morales et communautaires. Plus que toute autre idéologie, l’Islam promeut un engagement fort au service de la patrie, un rapprochement étroit avec le peuple et une compréhension pointue des défis géostratégiques, géoéconomiques et géopolitiques en ayant offert à l’humanité une grille de lecture de la scène du monde depuis les premiers temps, une scène faite des mêmes forces que sont les croyants et les mécréants.
Ce sont les valeurs dans lesquelles il puise qui font le bon soldat

Les armes peuvent s’acheter partout. Les qualités humaines intrinsèques, notamment la force morale, le dévouement, la loyauté à la patrie et le courage ne s’achèteront jamais. Elles s’acquièrent en puisant dans les valeurs nationales, car le bon soldat est celui-là qui puise dans son histoire, sa culture, l’honorabilité de sa famille et sa foi pour répondre aux grands rendez-vous de défense de la patrie.

De l’antiquité à nos jours, les armées ont connu le leadership de grands stratèges, défenseurs et conquérants. Les écoles de guerre ont de par le monde produit de grands stratèges qui ont marqué l’histoire militaire contemporaine. Les projets hégémoniques américains sur le Moyen-Orient ont fait briller une étoile comme le Martyr Général Qassem Soleimani d’Iran. Tous ces grands hommes en uniforme ont en commun le dévouement, le courage et la loyauté envers leur pays. C’est dire qu’être rompu aux seules disciplines militaires ne fait pas les grands officiers. Il doit falloir que notre école de guerre pense à améliorer l’humain pour espérer produire des officiers supérieurs de qualité.

Qu’on me permette de parler un peu du Général Qassem Soleimani d’Iran, lâchement assassiné en mission officielle en Irak par l’Amérique. Cet homme a aligné toutes les valeurs qu’on attend d’un bon soldat. Intelligent et brillant général loué même par ses ennemis les plus mortels, il a œuvré plus à éviter les batailles qu’à en livrer. Il a usé de plus de diplomatie que d’armes, pour concilier et rassembler des musulmans ayant l’entité sioniste israélienne comme ennemi commun, pour défaire l’encerclement de l’Iran, casser les reins à DAECH en Irak et en Syrie et finir par encercler Israël de forces redoutables comme le Hezbollah du Liban, le Hamas et le Jihad Islamique de Palestine, Ansarullah du Yémen et Hezbollah d’Irak. Et quand il faut faire parler les armes, Qassem Soleimani ne dédaignait pas le front et se mettait à l’avant-garde. Courageux guerrier, fin stratège, diplomate infatigable et patient, ceux qui connaissent les attributs du noble Prophète Muhammad (Paix et Salut sur lui) diront que Qassem Soleimani fut simplement un bon croyant disciple du Saint Prophète.

Qassem Soleimani a fait preuve de qualités diplomatiques exceptionnelles pour concilier et éviter des batailles. Le bon officier n’est donc pas forcément celui qui sait esquisser des plans de guerre ou conduire des hommes sur les théâtres d’affrontements. Le bon officier est celui qui sait éviter la guerre, car connaissant mieux que les politiciens le coût humain d’une confrontation militaire.

Mais mieux, à la tête de la Force Qods, Qassem Soleimani a diffusé auprès des peuples opprimés du Moyen-Orient le concept de « résistance », au point d’en faire une idéologie, une stratégie de survie, un combat contre le sionisme, une cause, un principe politique et tout un axe stratégique qui a créé une ligne farouche de dissuasion militaire contre le sionisme et a permis l’espoir de voir la région un jour débarrassée de la présence militaire américaine.
En effet nos peuples sont désormais dans une obligation de « résistance » pour ne pas périr. Une résistance contre l’impérialisme, son arrogance et ses diktats, contre l’injustice des plus forts contre les opprimés, contre le néocolonialisme et ses symboles, contre les lois des plus forts, contre les agressions armées. Et certes, les menaces contre les peuples ne sont plus d’ordre uniquement militaire. Elles sont évolutives et ont désormais pour noms : sanctions commerciales, embargos économiques, guerre idéologique, guerre culturelle, guerre économique, guerre biologique, terrorisme, attaques sous faux drapeaux, pillage économique, guerre psychologique, intimidation, manipulations, instrumentalisations, etc.

Les peuples de l’AES ont appris à rester debout pour résister, résister et résister contre les intimidations, les menaces, les embargos économiques et financières et les sanctions commerciales. Ils se sont mis ensemble pour résister ensemble contre le même ennemi néocolonial qui a libre cours pour mettre des valets nègres de maison au service de ses plans.

Opportunément les Iraniens ont puisé aux sources de leur très vieille civilisation perse et de l’Islam chiite historiquement résistant, pour relever honorablement les défis posés à la république islamique pendant plus de quarante ans par l’occident global. Les Maliens se sont rappelés être un pays bassin de vieilles civilisations pour se dresser fièrement contre les zizanies du néocolonialisme français. Le Burkina Faso du fier Thomas Sankara s’est rappelé son illustre martyr pour chasser la France. Le Niger a fait appel à l’Islam pour marcher derrière le CNSP et faire face au devoir de chasser les armées étrangères d’occupation.

Nouvelles missions de notre école de guerre

Une école de guerre ne forme pas uniquement à la guerre. Elle est en ces temps un haut lieu pour apprendre à outiller les pays au développement et à « résister ». La pauvreté sans fin depuis six décennies est une des principales menaces à intégrer dans nos doctrines de défense. Un peuple qui ne peut pas se nourrir lui-même n’a pas pire ennemi que cette situation.

Je m’approprie d’emblée l’ambition d’intégrer au programme de formation les questions de géopolitique, ainsi que l’officier qui présentait l’institution le promettait. La mission d’une école de guerre est d’abord de mener une guerre sans merci contre les mentalités et les comportements contraires à l’éthique militaire et aux intérêts suprêmes du pays. Il s’agit surtout d’aider à décoloniser les mentalités, dépolluer les esprits et laver les cerveaux pour permettre l’ancrage de nouvelles valeurs et orienter les regards vers de nouveaux sommets faits d’honneur et d’idéaux élevés pour la restauration de la patrie. Dans ses grandes lignes, l’Ecole de Guerre doit former des officiers capables de réformer profondément l’armée nigérienne en la posant sur un solide socle idéologique, politique, scientifique et de capacités défensives. Plus précisément, elle doit modeler les jeunes officiers dans de nouveaux moules pour les mettre à l’abri des corruptions spirituelles et morales.

Plus militairement, l’Ecole de Guerre pourrait avoir pour missions de :

• Être une institution nationale de formation militaire éloignée de l’influence idéologique, politique et culturelle des puissances impérialistes. C’est bien ce que l’officier laissait entendre devant la presse et c’est hautement louable ;
• Former des officiers idéologiquement armés au service du peuple, de la patrie et de la religion d’Allah. Il faut en effet souligner la nécessité d’imprégner nos officiers des hautes valeurs du Coran et de la Sounna de notre Prophète (PSL), notamment de la crainte d’Allah. Plus que tout citoyen, le soldat doit avoir la foi et doit connaître Allah pour l’adorer sincèrement. C’est dire qu’il ne s’agit pas de créer une autre école laïque sans référence à Allah. Le soldat est un amoureux de sa patrie. L’amour de la patrie fait partie de la foi, selon le Prophète (PSL). Aimer la patrie c’est d’abord aimer Allah et pour aimer Allah il faut comprendre sa religion. Si notre école de guerre a omis d’enseigner l’Islam et ce que l’histoire de l’Islam a enseigné en art militaire, elle doit rapidement revoir sa copie ;
• Faire de l’officier nigérien un acteur politique de premier plan, car formé à la compréhension de la scène politique nationale et à l’intégration dans ses analyses et comportements des questions idéologiques, culturelles, géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques qui gravitent autour du Niger et de l’Afrique. Pourquoi un officier militaire ne peut-il pas participer à des élections s’il a un programme pour le pays ?
• Former les officiers à une résistance organisée du pays contre les menaces, intimidations, guerre psychologique des médias, sanctions commerciales bilatérales et internationales, embargos financiers et embargos sur les armes, et agressions militaires conventionnelles et asymétriques dont les puissances promotrice du Nouvel ordre mondial ont fait leurs armes contre les peuples en quête de liberté ;
• Etc.
Qu’Allah le meilleur Gardien, garde le Niger et son peuple croyant ;
Qu’Allah bénisse notre armée et la fasse triompher sur l’ennemi ;
Qu’Il honore nos martyrs ;
Qu’Il inspire nos gouvernants à sa crainte ;
Qu’Il souffle l’effroi dans les cœurs de nos ennemis et qu’il anéantisse leurs projets.

Louange à Allah
Paix sur le Prophète Muhammad et sa famille.

Par Ali ZADA
• Expert en politiques publiques ;
• Enseignant à Swiss Umef University de Niamey



Commentaires