On sait qu’entre autres attentes des Nigériens de la part des autorités de la transition, il y a la question de l’assainissement qui pose un réel problème de justice dans le pays. Les nouvelles autorités ont fait la promesse de s’y atteler et l’on a même entendu qu’on « ne protégera personne ». Après neuf mois, les Nigériens attendent et voient peu. La dernière sortie de la Coldeff qui annonçait un recouvrement de plus de 42 milliards, maigre aux yeux de beaucoup d’observateurs, a ajouté aux doutes car elle n’a pas trop convaincu. Mais ce n’est pas tant la qualité du recouvrement qui est en cause ici, mais la volonté de protéger les visages de ceux qui ont volé et spolié l’Etat. Comment peut-on apprécier la qualité du travail de la Coldeff quand, le faisant, on ne sait pas qui a payé telle ou telle somme d’argent retournée dans le trésor national ? Peut-on savoir, pour rassurer les Nigériens qu’au ministère de la Santé par exemple, dans les dossiers de la Covid par exemple qu’un tel a payé telle somme, ou que, dans le même ministère ces surfacturations de latrines, de tasses de thé, de matelas une place, sont réglées ? Peut-on savoir que pour le riz pakistanais, un tel ou une telle a remboursé telle somme d’argent car, quand même, le riz était un don au profit du peuple du Niger non d’une famille ?
Ou encore, peut-on savoir que dans le cadre de la vaste escroquerie que l’on a appelée le MDN-Gate, certaines personnes ont remboursé telle somme d’argent ?
C’est le flou. Peut-on réglé un flou par un autre ?
Le style de gestion de l’assainissement, tel qu’il se fait aujourd’hui, pose un problème. Pour quelle raison, ces gens qui ne méritent plus aucun respect pour avoir trahi le peuple en lui volant ses deniers, et en le maintenant dans la misère crasse, doivent-ils être protégés ? Pour leur intérêt même, il y a à savoir qu’ils ont remboursé car tant qu’on ne le saura pas, dans le pays, les Nigériens continueront à en parler et en faire des sujets de préoccupation qui poseront toujours l’égalité des Nigériens devant la loi. Le CNSP est-il si faible, en face de certains de ces hommes pour faire ce choix de cacher leurs visages, d’aider à protéger leur réputation ?
On ne peut pas gouverner avec des faiblesses et la transition doit le savoir. En allant en catimini rembourser à la Coldeff l’on est en train de cacher des vérités aux Nigériens qui ont besoin de savoir, parce qu’ils savent le train de vie indéfendable de bien de personnes, ceux qui, face à leurs faits de mal gouvernance qu’ils ont reconnus entre les murs de la Coldeff, ont accepté de rembourser. Est-ce donc, se demandent les Nigériens, l’entente trouvée sur le dos des Nigériens avec des hommes que certains milieux disent encore proches du CNSP, pour leur éviter l’humiliation alors qu’eux avaient passé tout leur temps à humilier des hommes et des femmes sans que rien de sérieux ne puisse le justifier, et même à demander que la ciel tombe sur le CNSP ? Pour l’exemple donc, il faut que les Nigériens sachent la liste de ceux qui paient et pourquoi ils le paient. Sur ce point les propos d’un panéliste sur une télévision privée de la place le dimanche dernier nous paraissent douteux. Dans ce pays tout le monde connait tout le monde comme on le dit et lorsqu’il affirme qu’on ne peut pas arrêter des gens sur la base de la présomption c’est comme s’il n’avait pas été de ce pays où, par les seuls propos d’un tiers, l’on arrêtait et l’on emprisonnait, fort d’une auto-saisine qui n’a finalement fonctionné que contre certains Nigériens. Qui, de ces hommes, et on les connait, peuvent justifier, ces immeubles construits, ces appartements achetés à Marrakech, à Paris Avenu Foch, en Suisse, au Canada, aux Etats- Unis ? Quel fonctionnaire, même président d’une République si pauvre, peut prétendre, par ses revenus légaux, acquérir tant de fortunes ?
Le délit d’apparence n’a donc aucun sens dans notre droit national ? Regardez autour de cette voie menant à Goudel, et dans la ville, ces buildings qui trônent, sans visages ? N’est-ce pas l’argent qui ne pouvait pas aller en banque qui servait ces fantaisies et ces extravagances ?
Il faut dire la vérité aux Nigériens…
Il y a donc quelque chose qui n’est pas clair dans cette affaire. Quand un « enfant » qui n’a travaillé dans le pays que sous l’ombre de Papa, sort, après dix ans seulement de coaching paternel, milliardaire, il y a à s’interroger. Être Fils d’un tel, peut-il être un métier et notamment qui puisse justifier un enrichissement à la vitesse de l’éclair ? Aussi, quand dans le seul dossier du MDNGate, ce n’est pas moins de 72 milliards qui seraient compromis, l’on ne peut que sourire d’entendre la hauteur de la récolte de la Coldeff. Peut-elle, dans sa démarche avoir épargné certains dossiers ?
Qui peuvent-ils donc être et qui, aujourd’hui encore, sans qu’on ne sache pourquoi, devraient bénéficier de la protection du CNSP ?