Plusieurs mines d'or, exploitées par une société chinoise dans le nord désertique du Niger,
ont été temporairement fermées vendredi après la mort de plusieurs dizaines d'animaux
ayant bu des eaux rejetées par les puits d'exploitation, a appris l'AFP dimanche auprès des
autorités et de sources locales.
Face à des séries de morts d'animaux soudaines et massives et en l'absence de sécheresse et
d'épidémie, les éleveurs d'une dizaine de villages situés autour de la commune de Tabelot
ont présumé des efets néfastes sur leur bétail d'eaux rejetées par les puits d'exploitation de
la société chinoise Sahara SARL.
"Nos bêtes (chèvres, moutons et chameaux) ont commencé à mourir sans raisons
apparentes. Nous avons enregistré 24 morts en deux jours et fin avril, nous avons enfin réalisé
que l'hécatombe était provoquée par les produits nocifs contenus dans les eaux des mines
rejetées dans la nature", a expliqué Youssaf Houssa, le chef de Tamannit, un des villages
afectés.
Almou Akoli, une habitante de Fasso, un autre village touché, dit avoir "perdu 16 animaux",
tandis que ses "voisins ne comptent plus le nombre de leurs animaux décimés".
Des permis ont été accordés à la société chinoise Sahara SARL en juin 2023, qui a débuté
l'exploitation de l'or en janvier dernier, au milieu de pâturages où les points d'eau sont quasi
inexistants pour les hommes et leur bétail.
Après la venue vendredi d'enquêteurs de la gendarmerie et de la police dans les villages
concernés, le ministère nigérien des Mines "a ordonné" la fermeture temporaire d'au moins
quatre des sites miniers, a-t-on appris auprès d'une source oficielle.
"Les Chinois ont efectivement suspendu les travaux et nous surveillons nos animaux contre
les eaux contaminées", assure Youssaf Houssa.
Il a indiqué qu'une dizaine de villages avaient déjà porté plainte devant les tribunaux, qui
doivent rendre une décision en appel mercredi.
Selon le journal privé Aïr Info, édité à Agadez (nord), un rapport oficiel confirme que "la
catastrophe" a pour origine des "produits chimiques" utilisés dans les mines et qui
"représentent une menace sérieuse pour la faune et la nappe phréatique".
Dans la région d'Arlit (nord), des ONG accusent souvent la société française Orano (ex-Areva),
qui y exploite depuis plus de 40 ans l'uranium, de "polluer" l'environnement des animaux
déjà très hostile et de "provoquer de la radioactivité".