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Blocage de l’embarquement du pétrole nigérien à Sèmè-Podji : Patrice Talon en apprenti maître-chanteur !

Publié le vendredi 10 mai 2024  |  actuniger.com
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© Présidence par DR
Coopération Niger -Bénin: Visite d’amitié et de travail du Président de la République au Bénin
Le Président de la République, Chef de l`État, SEM Mohamed Bazoum, est arrivé lundi 13 mars 2023 à Cotonou, pour une visite d`amitié et de travail de 48 heures, à l`invitation de son homologue béninois SEM Patrice Talon
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La décision des autorités béninoises de bloquer l'embarquement du pétrole nigérien à partir de Sèmè-Podji, en rétorsion au maintien par les autorités nigériennes de maintenir la fermée la frontière entre les deux pays malgré la levée des sanctions de la Cédéao, est venu amplifier les relations déjà tendues entre Niamey et Porto-Novo. Si le président Talon semble tenir un moyen de chantage efficace contre les autorités de transition, la stratégie risque de ne pas faire long feu. En plus de se tirer une balle dans le pays en engendrant une perte énorme à l’économie de son pays, le Bénin risque de se mettre à dos les chinois pour qui les enjeux sont encore plus énormes et davantage stratégique, d’autant que Niamey a déjà empoché une avance colossale sur la part qui lui revient de la vente de son or noir, conformément à l’accord conclu le mois dernier avec la CNPC.


C’est sur la radio française RFI que le président béninois a choisi de dévoiler ses cartes par rapport à cette affaire qui fait déjà couler beaucoup, de part et d’autre, depuis quelques mois. En réaction à ce qu’il a appelé « le manque de collaboration » de Niamey dans l’apaisement des relations tendues entre les deux pays, depuis les évènements du 26 juillet 2023, le Bénin a décidé de bloquer l'embarquement du pétrole nigérien destiné à l’exportation à partir de Sèmè-Podji. Une mesure de rétorsion mais aussi un moyen de chantage contre Niamey suite au maintien par les autorités nigériennes de la fermeture de la frontière entre les deux pays en dépit de la levée, depuis fin février, des sanctions de la Cédéao et de l’Uemoa mais aussi de sa réouverture du coté béninois.

Lors de cet entretien, Patrice Talon a exprimé ses préoccupations quant aux relations tendues entre son pays et le Niger et a réaffirmé son souhait de les voir se normaliser. « Je suis peiné par les relations tendues entre le Niger et le Bénin, deux pays amis et frères », a-t-il déclaré, réfutant par ailleurs certaines allégations des autorités nigériennes par rapport aux raisons invoquées pour expliquer la position de Niamey. « Prendre le Bénin comme pays ennemi et répandre qu’il a massé des troupes étrangères à ses frontières pour attaquer le Niger est totalement ridicule », a estimé le locataire du Palais de la Marina de Cotonou. Il n’a pas manqué à l’occasion, de mettre en avant la bonne foi de son pays pour apaiser les tensions tout en dénonçant et regretter en même temps, le manque de réponses des autorités nigériennes aux initiatives prises par les autorités béninoises pour améliorer les relations bilatérales. Il s’agit notamment de l'ouverture des frontières du côté béninois et de l'envoi de messages de conciliation comme l'envoi à Niamey de son ministre des Affaires étrangères en tant qu'émissaire.

Les raisons de la discorde entre Niamey et Porto-Novo

Selon le Président béninois, l’absence d’échanges formelles entre les autorités des deux pays, qu’il attribue au manque de collaboration de Niamey, est à la base de la persistance et même de l’amplification des tensions entre les deux pays. A ce sujet, il a indiqué que c’est à travers les partenaires chinois que les autorités béninoises ont appris la présence d'officiels nigériens au Bénin pour l'inauguration et la mise en service du pipeline et des activités d’embarquement du pétrole à partir du port de Sèmè-Podji, construit pour l’occasion. Pour les autorités béninoises, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase d’autant que malgré le maintien par les autorités nigériennes de la fermeture de la frontière, de grandes quantités de céréales béninoises étaient acheminées de manière informelle vers le Niger. « On ne peut pas nous voir comme des ennemis et vouloir notre collaboration et nos moyens. Cette situation ne saurait perdurer », s’est-il presque emporté tout en prêchant pour la normalisation des relations bilatérales entre les deux pays. Entre temps, les autorités béninoises ont pris des mesures drastiques pour interdire l’entrée informelle sur le territoire nigérien des produits céréaliers à travers le fleuve Niger, des mesures difficiles à appliquer tant la consistance des échanges entre les populations frontalières est dense et les méthodes des « fraudeurs » pour contourner les blocages et autres contrôles sont des plus imaginatives !

Cette situation est venue exacerber des relations déjà tendues entre les deux pays voisins suite aux mesures prises par le Bénin contre le Niger, au lendemain de la prise de pouvoir par le CNSP qui a renversé l’ancien président Bazoum et dans le sillage des sanctions prises par les organisations régionales (Cédéao et Uemoa) et que Cotonou n’a pas hésité à appliquer de manière radicale, poussant Niamey à dénoncer même l’accord de coopération militaire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

Un chantage qui prend l’allure d’une auto-flagellation pour l’économie béninoise

Avec cette mesure de blocage ainsi que les autres, les autorités béninoises entendent ainsi faire chanter leurs homologues du Niger et forcer la main au régime militaire du général Tiani, de céder face à la pression et d’ouvrir ses frontières. Sauf que dans les faits, cela risque plutôt de se retourner contre le Bénin dont l’économie a tout aussi autant à perdre dans cette affaire. Les droits de passage que le pays devrait engranger sont énormes et pour le Niger, l’affaire est pour au moins pour une année, déjà conclue car le pays a empoché une avance sur la part qui lui revient de la vente de son or noir destiné à l’export. Le reste, c’est entre le Bénin et les partenaires chinois (CNPC et Wapco) et c’est une inconnue de l’équation que Patrice talon a visiblement ignoré. Au risque de se mettre à dos la Chine qui est un important partenaire commercial du pays, les autorités béninoises feront mieux de revenir à de meilleur sentiment, tout comme celles de Niamey, d’ailleurs, pour aplanir les divergences et repartir sur de bonnes bases. C’est le cas de l dire, la surenchère n’arrange ni le Niger et encore moins le Bénin, deux pays voisins condamnés à entretenir des relations saines et empreintes de respect comme au bon vieux temps de l’Organisation commune Bénin-Niger (OCBN)…

Ikali Dan Hadiza (actuniger.com)
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