Le Premier ministre du Niger, Lamine Zène, a organisé, le samedi 11 mai, un point de presse pour apporter une réplique au président Béninois. Il y a quelques jours, Patrice Talon, au cours d’une sortie médiatique, avait subordonné l’embarquement, sur des tankers, du pétrole brut nigérien à l’ouverture de la frontière entre les deux pays. Et ce, en dépit des accords, avec des dispositions particulières, entre le Bénin, le Niger et la Chine. L’une d’elles est précise : « aucun incident, ni aucune occasion ni prétexte, n’empêchent que l’objectif, pour lequel le pipeline a été créé, puisse se réaliser le moment venu. »
Dans ces mêmes accords une autre disposition dit que « l’Etat béninois ne modifiera, n’annulera, ne résiliera, ne déclarera invalide ou inopposable, ni cherchera à éviter ou à limiter, d’une manière ou d’une autre, les effets de ces présents accords ou tout autre document de projet ou document de financement, sans le consentement écrit, préalable de la société et du projet lui-même. » En clair, cette décision du président béninois n’a aucun fondement du point de vue non seulement des engagements auxquels il a lui-même souscrits mais surtout du point de vue de la morale, du vivre ensemble. Il se présente comme un maître chanteur et présente son pays comme un Etat voyou. Cette sortie de Patrice Talon aura eu le mérite de se rendre compte de sa duplicité dans toute son existence. Le président Talon ne mérite pas la confiance. Et l’on comprend parfaitement la décision des autorités nigériennes de refuser d’ouvrir la frontière avec le Bénin. Au cours du point de presse du Premier Lamine Zène, on apprendra que les militaires français partis à la demande des autorités se sont installés au nord du Bénin à la frontière avec le Niger. Ceci explique pourquoi ces militaires voulaient sortir du Niger par le Bénin. Ce que le CNSP et le gouvernement ont refusé. Après avoir fait plus de 1 500 kilomètres en direction de la frontière tchadienne, ils se sont finalement installés au pays de Talon. Zène avec une cartographie bien documentée informera les Nigériens que des militaires français se trouveraient dans cinq camps où ils entraînent des terroristes en vue probablement de déstabiliser le Niger. Le président du Bénin ne semble pas retenir les leçons du passé. En permettant un regroupement et un entraînement de terroristes sur son territoire, il risquerait de déstabiliser son pays. En général, ces terroristes se retournent contre le pays formateur. L’histoire regorge de tels cas. Les Américains en savent quelque chose. Ils ont créé et financé Ben Laden pour mettre les Russes hors de l’Afghanistan. L’organisation créée par ce dernier s’est retournée contre eux. Si l’on sait aussi que toute la vie du président Béninois est jalonnée de duplicité, le refus des autorités d’ouvrir la frontière trouve sa justification. On se rappelle que Patrice Talon a été suspecté d’avoir voulu empoisonner le président Yayi Boni. Dans cette affaire, il a fui le pays pour s’exiler en France. On se rappelle aussi qu’il a accusé et mis en condamné celui qui l’avait soutenu contre Zinsou. Adjavon, arrivé troisième au cours des élections qui ont amené Talon au pouvoir, l’a soutenu au deuxième tour. Sans oublier la fermeture unilatérale de la frontière après le coup d’Etat du 26 juillet au Niger. Talon faisait partie de l’aile dure qui a préconisé une action militaire contre le Niger pour rétablir le président déchu, Bazoum Mohamed. Comment dans ces conditions faire confiance à un tel homme ? En décidant de chanter le Niger, le président du Bénin ne se rend pas compte qu’il se met aussi à dos la Chine qui a investi énormément d’argent pour l’aboutissement de ce projet et qui est actionnaire majoritaire. Sans compter qu’en retardant l’enlèvement du brut nigérien par le terminal de Sémè, c’est retarder les emplois pour les Béninois et surtout un manque à gagner pour le Trésor de son pays. La Chine et le Bénin ont le plus à perdre. Le Niger a déjà anticipé le coup de Jarnac. Les autorités du Niger ont déjà perçu une avance sur la production de l’année prochaine. Elles peuvent attendre et voir venir la suite. Elles peuvent au cours de cette année-là décider de détourner le pipeline vers un autre pays. Ou tout simplement raffiner le pétrole destiné à l’exportation sur place. Ce chantage de Talon tombe au mauvais moment pour lui. Le Nigéria, fournisseur de pétrole à son pays vient de mettre la visse. Et les populations béninoises en payent le prix. Le renchérissement du prix de l’essence et son indisponibilité sont un véritable casse-tête. On le voit bien, le Niger dans ce bras de fer est celui qui perd le moins. Et l’ouverture d’une frontière est un acte de souveraineté que les voisins se doivent de respecter.