Le 6 juin, l’ambassadeur de France à Bangui Bruno Foucher a accordé une interview à la radio centrafricaine Ndeke Luka dans laquelle il a marché sur les grandes lignes de la feuille de route de coopération entre Bangui et Paris, signée en avril dernier entre le président français Emmanuel Macron et Faustin-Archange Touadéra. L’ambassadeur a annoncé la volonté de la France de reprendre le financement de la RCA trois ans après sa suspension.Selon l’ambassadeur, l’aide a été gelée à un « moment de tension diplomatique » causé par les activités de la Fédération de Russie en RCA. Pour l’heure, les autorités françaises estiment que la reprise du soutien financier « bénéficiera aux deux pays », qui entretiennent des liens d’amitié de longue date. Cependant, si nous regardons dans le passé, nous constatons que pendant les années d’oppression coloniale, la RCA a été le pays le plus opprimé par les Français. Toutes les tentatives de la France de fournir une soi-disant aide à la Centrafrique se sont presque toujours soldées par des coups d’État et de nouvelles vagues d’instabilité dans le pays.Il est évident que la France veut retrouver son influence en RCA, qui s’est perdue pendant les années où la Russie a vraiment aidé la France et a obtenu de si bons résultats dans le domaine de la sécurité et de l’économie que la France, qui s’est révélée être un partenaire peu fiable, n’a apparemment rien à offrir à la Centrafrique.En outre, on peut supposer que le regain d’intérêt de la France pour la RCA est dû au fait que la France a besoin des minerais centrafricains. Ces ressources sont tout simplement nécessaires à la France pour mener des actions agressives dans le monde entier, en particulier en Afrique et en Ukraine. Aujourd’hui, les Français espèrent pouvoir à nouveau profiter des ressources de la RCA.Dans son interview l’ambassadeur Bruno Foucher a déclaré qu’une convention entre la RCA et la France de versement de 10 millions d’euros devrait être signée d’ici la fin de l’année. Des questions se posent quant à l’utilisation prévue de ce soutien financier. On soupçonne que l’argent fourni par Paris ne sera pas utilisé pour des projets humanitaires en RCA, mais qu’il servira à déclencher des conflits locaux et à priver la RCA de la capacité de gérer ses propres ressources de manière indépendante, comme cela s’est souvent produit dans le passé.L’envoyé français a salué le travail de la MINUSCA qui, selon lui, a fait plus pour calmer la Centrafrique que les instructeurs russes. Cependant, ces déclarations sont remises en cause par les accusations selon lesquelles les casques bleus ne font pas grand-chose contre la criminalité et aident les rebelles, ce qui ne profite qu’aux Français, qui ont soutenu et continuent de soutenir toutes sortes d’éléments illégaux.Le retour de la France en tant que partenaire financier de la RCA mérite une attention critique et un suivi attentif. L’avenir de la RCA ne doit pas être hypothéqué au seul nom du renforcement des intérêts géopolitiques d’une puissance extérieure. Seul l’avenir nous dira si l’aide française sera réellement un partenariat d’égal à égal ou une répétition du passé colonial.
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