Monsieur, Suite à la lecture de votre ouvrage ayant pour titre « MAHAMADOU DANDA un destin nigérien », j’ai relevé des contre-vérités que je vous invite à redresser. Au-delà du souci d’éviter la déformation de l’histoire, ma démarche vise surtout à rendre justice aux membres du Ministère chargé de l’enseignement supérieur qui ont cru en moi et soutenu mon action au péril de leurs relations sociales et même de leur carrière.
Ainsi, en parlant du Premier Ministre Mahamadou Danda vous avez affirmé à la page 11 qu’
« en moins de cinq cent jours, il a su donner une formidable impulsion à l’industrie énergétique, créé trois nouvelles universités à Tahoua, Maradi et Zinder, ouvert une banque agricole ».
Plus loin à la page 149 vous avez allégué qu’ « alors qu’il souhaite mettre à profit les dernières semaines de la transition pour réformer la gestion de l’université de Niamey en dissociant le Conseil de l’université du Rectorat, il se heurte à un tir de barrage du puissant syndicat des enseignants-chercheurs qui parvient à accéder directement au chef de l’Etat. Djibo Salou se montre sensible à leurs arguments, la réforme semble définitivement compromise. Mahamadou l’a compris. Le ministre directement concerné, Laouali Dan-dah, qui défend ce projet jugé à la fois moderne sur le plan de la gestion et de la réforme de l’université n’accepte pas ce blocage catégoriel et refuse le statu quo. Homme de conviction, il n’hésite pas à évoquer au cours d’un tête-à-tête qu’il provoque avec le Premier ministre l’hypothèse de sa démission ».
En définitive, dans les développements précités vous vous êtes évertué à soutenir que la création des trois universités (Maradi, Tahoua et Zinder) et la réforme des statuts de l’université Abdou Moumouni (UAM) de Niamey sont l’œuvre du Premier ministre et que le Ministre responsable de ce département ministériel à l’époque des faits, se bornait à appliquer les directives de son chef.
Or, la création des trois universités ainsi que la réforme des textes régissant l’université de Niamey participent d’un programme d’ensemble visant à améliorer la qualité de notre système d’enseignement supérieur à travers la définition d’obligations de résultats et l’instauration d’une bonne gouvernance à tous les niveaux de la gestion des universités.
Ce programme que j’ai initié a été développé et affiné par mes principaux collaborateurs qui s’en sont très vite appropriés et travaillé dans la discrétion sur les conditions techniques de son opérationnalisation. C’est seulement lorsque mon équipe et moi avons acquis la certitude que notre programme était techniquement faisable que j’ai informé le Premier ministre et échangé avec lui sur l’introduction des projets de textes y afférents dans le circuit d’adoption.
L’adoption de ces différents textes a provoqué une levée de boucliers au sein d’une partie de la communauté universitaire regroupée au sein de son syndicat allant jusqu’à demander mon départ du Gouvernement. Ce syndicat a multiplié ses attaques contre moi, et uniquement contre moi, en tant qu’initiateur des réformes qu’il combattait. Les attaques de ce syndicat contre ma personne étaient tellement fréquentes et inélégantes qu’elles donnaient au différend qui nous opposait, l’allure d’un problème de personne.
Pire, lesdites attaques avaient réussi à créer le doute voire une certaine appréhension chez de nombreux acteurs de la Transition au point où il n’est pas exagéré d’affirmer que sur le terrain politique, je m’étais retrouvé seul pour défendre ce dossier. Toute mon équipe du Ministère que je félicite pour sa détermination, a vécu à des degrés divers l’ostracisme politique auquel nous étions confrontés.
Lorsque j’ai eu le sentiment que ceux qui, sur des bases subjectives, se sont érigés en adversaires de la réforme bénéficiaient d’une certaine attention au sommet de l’Etat, j’ai adressé au Président du CSRD (également chef du Gouvernement) par le biais du Premier Ministre, une lettre de démission. Au préalable, j’avais informé mes principaux collaborateurs de ma décision et de ses motivations. Le Chef de l’Etat étant en déplacement à l’extérieur (New York), le Premier ministre m’a demandé de surseoir à ma décision jusqu’à son retour en me promettant de lui en parler.
A cette occasion j’ai tenu à souligner que le déblocage du dossier de création des trois nouvelles universités conditionne la renonciation à ma décision de quitter le Gouvernement. Pendant ce temps, une partie de l’opinion publique nationale ayant appris grâce aux médias l’existence de ma lettre de démission s’est mobilisée et a organisé des manifestations publiques de soutien aux réformes en question. Ainsi, des marches ponctuées de déclarations publiques furent organisées notamment dans les régions de Maradi, Tahoua et Zinder.
Sur instruction du Chef de l’Etat, une réunion a été convoquée le 29 novembre 2010 au Cabinet du Premier ministre en présence des diverses parties prenantes. De nombreux participants ont souhaité le déblocage du dossier de création des nouvelles universités, tandis que le syndicat des enseignants-chercheurs insistait sur la dissociation des statuts des nouvelles universités de ceux de l’université de Niamey. Dans les jours qui ont suivi, le texte consacrant la réforme des statuts de l’université de Niamey a été abrogé. En revanche, les textes portant création des trois nouvelles universités ont été maintenus.
Certes, le Gouvernement de la Transition étant une équipe, on peut dans une certaine mesure, mettre à l’actif de chacun de ses membres ce succès qu’est la création des nouvelles universités mais pas selon la manière que vous avez utilisée qui procède d’une tentative de récupération. Selon toute vraisemblance, vous avez dès au départ décidé de travestir la vérité pour des raisons que j’ignore. En effet, l’honnêteté intellectuelle devrait vous interpeller et vous pousser à vérifier vos informations ce qui vous aurait évité de vous livrer à des affirmations particulièrement malheureuses.
Or, s’agissant des points que je conteste, vous ne vous êtes renseigné ni auprès de moi, ni auprès de ceux qui ont travaillé avec moi sur la réforme des statuts de l’UAM et sur la création des trois nouvelles universités. L’interpellation en ce qui vous concerne devrait être constante d’autant plus que même si vous ne me connaissez pas, vous avez quand même mon adresse.
C’est d’ailleurs, cette adresse que vous avez utilisée lorsqu’il a été question pour vous de chercher auprès de moi des informations sur la personnalité de Mr Mahamadou Danda. Vous auriez pu utiliser cette circonstance pour m’interroger sur la réforme du système universitaire pendant la Transition ainsi que et sur certaines informations qui me concerne directement. Au lieu de cela, vous vous êtes limité à des questions sur la personnalité voire mes relations avec l’intéressé en citant mon témoignage dans votre ouvrage pour faire croire aux lecteurs que je cautionne vos contre-vérités. Cette démarche pernicieuse est à la limite du dol et devrait interpeller votre conscience.
Sachez que vos anecdotes sur mon entrée au Gouvernement n’engagent que vous et ne peuvent en aucune manière m’amener à me soustraire de mon devoir de citoyen de veiller à ma manière à ce qu’on rende à « César ce qui lui appartient ». En conséquence de ce qui précède, je vous invite à vous ressaisir et à redresser les contre-vérités contenues dans votre ouvrage.
Mr Mahaman Laouali Dan Dah
Ancien Ministre des Enseignements Secondaire, Supérieur et de la Recherche scientifique