Il y a quelques jours, Orano a annoncé reprendre le développement du gisement d’uranium d’Imouraren au Niger. Après près de 10 ans de suspension, cette reprise des activités se heurterait à l’opposition du gouvernement nigérien, qui pourrait aller jusqu’à retirer le projet au groupe français.
Orano pourrait perdre d’ici le 19 juin le permis d’exploitation minière du gisement d’Imouraren au Niger, l’un des plus grands gisements d’uranium au monde. C’est en tout cas l’une des issues qui se dessine après le rejet il y a quelques jours du nouveau plan de développement proposé à la junte militaire au pouvoir à Niamey.
Selon une correspondance dont le contenu est relayé cette semaine par Bloomberg, le plan annoncé par Orano ne répondrait pas aux attentes des autorités. « Le deuxième et dernier avis prendra fin le 19 juin, date après laquelle le permis d’exploitation de la société sera révoqué », précise la lettre.
Après avoir suspendu le développement du projet en 2015, Orano a indiqué il y a quelques jours le redémarrage des activités à Imouraren qui héberge environ 200 000 tonnes de réserves. Une décision qui s’inscrit dans un contexte d’accélération des projets d’uranium partout à travers le monde, en raison de la hausse des prix et de la demande, grâce au regain d’intérêt des décideurs mondiaux pour l’énergie nucléaire.
Pour le moment, aucune communication officielle d’Orano ou du gouvernement nigérien ne vient confirmer cette information. Si elle devient officielle, une telle révocation confirmerait d’autres informations avancées début juin concernant des négociations en cours pour réattribuer des actifs d’uranium détenus par Orano à la société nucléaire russe ROSATOM.
Depuis l’arrivée au pouvoir des militaires en juillet 2023, ces derniers ont rompu les liens avec la France, ancien colonisateur, pour s’allier à la Russie. Un départ ou une réduction de la présence d’Orano au Niger s’inscrirait dans cette stratégie de réduction de l’influence de Paris dans le pays, après le départ de l’ambassadeur français et des troupes françaises l’année dernière.
Rappelons qu’Orano exploite actuellement Somaïr, la seule mine en activité du pays, permettant au Niger d’assurer 4 % de la production mondiale d’uranium en 2022 (World Nuclear Association). Grâce à cette mine, Orano contribue à environ 15 % des besoins français en uranium.