Dans le cadre des activités commémoratives de l’édition 2024 de la Journée de l’Enfant Africain (JEA2024), les locaux de l’ONG SOS Village d’Enfants de Niamey ont abrité, ce mercredi 19 juin, une journée de solidarité avec les enfants vulnérables de toutes les couches sociales. L’événement, officiellement célébré le 16 juin de chaque année, a été l’occasion d’exhorter les enfants à cultiver la solidarité au quotidien et, par ricochet, de faire jouir les enfants défavorisés de leur droit aux loisirs et aux jeux, des facteurs qui contribuent également à leur éducation et à leur épanouissement. La JEA 2024 a été placée sous le thème « L’éducation pour tous les enfants en Afrique, l’heure est venue ». Dans ce cadre, le financement s’avère crucial pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) en la matière, d’autant que selon l’UNICEF, moins d'un pays africain sur cinq consacre 20 % ou plus de ses dépenses publiques à l'éducation.
Depuis 1976, la Journée de l’Enfant Africain (JEA) est célébrée chaque année le 16 juin à travers tout le continent. Cette commémoration rend hommage aux enfants de Soweto, en Afrique du Sud, qui ont été lâchement assassinés alors qu’ils revendiquaient leur droit à une éducation de qualité. Cette année au Niger, les activités commémoratives ont été différées en raison de la célébration de la fête de Tabaski le même jour. C’est donc ce mercredi 19 juin que la célébration symbolique de cette journée s'est déroulée dans les locaux de l’ONG SOS Village d’Enfants de Niamey, à l’initiative de la Direction de la Protection de l’Enfant au Ministère en charge des Affaires sociales ainsi que des partenaires techniques et financiers (PTF) engagés dans la protection et la promotion de l’Enfant, dont les agences du Système des Nations Unies, comme l’UNICEF, les ONG nationales et internationales, ainsi que des associations de la société civile.
La cérémonie de lancement des activités a été présidée par Mme Moussa Amina, Directrice de la Protection de l’Enfance au Ministère de la Santé publique, de la Population et des Affaires sociales, en présence des cadres du Ministère, du Directeur de l’Ecole des Sourds de Niamey et de plusieurs autres invités représentant les différents partenaires. L’événement a également été rehaussé par la participation massive et active des enfants orphelins des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), des élèves de l’Ecole des Sourds de Niamey, ceux de l’Ecole des Aveugles et ceux de l’ONG SOS Village d’Enfants.
Les enfants défavorisés ont aussi droit aux loisirs et aux jeux
Dans le discours qu’elle a prononcé à cette occasion après les mots de bienvenue d’usage, la Directrice de la Protection de l’Enfant a rappelé le contexte particulier dans lequel intervient la célébration de l’édition 2024 de la Journée de l'Enfant Africain (JEA), particulièrement au Niger. Elle a ensuite expliqué les raisons pour lesquelles la Direction de la Protection de l’Enfant a choisi d’initier une journée de solidarité avec tous les enfants de toutes les couches sociales de la communauté urbaine de Niamey pour marquer cette journée. « Cette journée de solidarité est aussi une occasion pour vous d'internaliser et de pérenniser cette solidarité, car vous êtes les garants des valeurs sociales dans le futur », a déclaré Madame Moussa Amina. Elle a également saisi l’occasion pour souhaiter à tous les enfants du Niger une bonne célébration de leur Journée, au nom du Ministre de la Santé Publique, de la Population et des Affaires sociales, le médecin colonel-major Garba Hakimi.
La Directrice de la Protection de l’Enfant a assuré les enfants que son Département s’engage, avec l’appui de tous les partenaires, à leur faire jouir de tous leurs droits, dont le droit à l’éducation et en particulier le droit aux loisirs et aux jeux pour les enfants défavorisés ou issus des couches vulnérables de la population.
La cérémonie de lancement des activités commémoratives a été marquée par plusieurs prestations, dont des animations, des poèmes, des danses et des chorégraphies brillamment exécutées par les enfants. Au cours de ces prestations, les enfants ont pris la parole et ont profité de l’occasion pour rappeler aux invités présents, mais aussi et surtout à leurs parents, qu’ils ont des droits et qu’ils les connaissent. Ils ont cité ces différents droits et rappelé que la Convention des droits de l'enfant (CDE), ratifiée par le Niger, leur permet de jouir de ces droits. Les enfants ont donc adressé un appel à leurs parents : « Chers pères et mères, veuillez respecter les droits des enfants ! ».
La cérémonie s'est clôturée par une grande kermesse au cours de laquelle de nombreux enfants ont remporté des prix.
Le financement de l’éducation, un aspect crucial pour l’avenir des enfants en Afrique selon l’UNICEF
Cette année, le thème de la Journée de l'Enfant Africain est : « L'éducation pour tous les enfants en Afrique : l'heure est venue ». Dans ce cadre, le financement de l'éducation s’avère crucial pour l'avenir des enfants en Afrique. Selon le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), moins d'un pays africain sur cinq consacre 20 % ou plus de ses dépenses publiques à l'éducation, alors qu’il est impératif de prioriser l'apprentissage de base pour chaque enfant.
Dans un communiqué publié à la veille de la célébration 2024 de la JEA, l’UNICEF a indiqué que moins d’un pays africain sur cinq atteint le seuil de référence en matière de financement de l’éducation, alors que près de 183 milliards de dollars sont nécessaires chaque année pour l’éducation des enfants africains. Les nouvelles données sur le financement de l’éducation montrent que les gouvernements africains ne dépensent toujours pas ce qu'il faut pour garantir une éducation de qualité aux enfants du continent. La plupart d’entre eux ne respectent pas leurs engagements d’allouer 20 % de leur budget national à l’éducation, comme le recommande le cadre d’action pour les Objectifs de développement durable pour l’éducation.
Ainsi, neuf des 49 pays africains - moins d’un sur cinq - ont consacré 20 % ou plus de leurs dépenses publiques à l’éducation. Dans le même temps, 24 se sont engagés à au moins 15 % et six pays ont consacré moins de 10 % de leurs dépenses à l’éducation. « Les systèmes éducatifs ne répondent pas aux attentes d’un trop grand nombre d’enfants. Pour assurer la prospérité de l’Afrique, nous avons besoin de toute urgence d’une révolution continentale », a affirmé Etleva Kadilli, Directrice régionale de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe.
Le communiqué poursuit en précisant que les gouvernements africains consacrent environ 2 % de leur budget d’éducation à l’enseignement pré-primaire, tandis que 20 % sont consacrés à l’enseignement supérieur en moyenne. L’UNICEF souligne que malgré les progrès considérables réalisés par les gouvernements africains pour augmenter le taux de scolarisation dans le primaire et le premier cycle du secondaire au cours de la dernière décennie, les écoles restent sous-financées. Dans ces conditions, les classes sont surchargées et les enseignants sont en nombre insuffisant, beaucoup d’entre eux n’ayant pas la formation et les compétences adéquates. La faiblesse des résultats d’apprentissage est très préoccupante en Afrique, où quatre enfants sur cinq âgés de 10 ans sont incapables de lire et de comprendre une histoire simple. « Plus de 100 millions d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire et secondaire ne sont pas scolarisés en Afrique », a déclaré Gilles Fagninou, Directeur régional de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Alors que l’Union africaine célèbre l’année 2024 comme l’Année de l’éducation, l’UNICEF rappelle que les ressources disponibles s’élèvent à 106 milliards de dollars, ce qui laisse un déficit de financement de plus de 40 %. Le besoin d’investissement ne fera que croître pour répondre aux exigences d’une population en âge d’être scolarisée et en forte croissance, puisqu’on estime que le continent comptera 1 milliard d’enfants d’ici 2050. C’est pourquoi, à l’occasion du Forum organisé le vendredi 14 février par l’UA sur la question, l’UNICEF a lancé un appel aux États membres de l’Union africaine pour qu’ils accordent la priorité à l’apprentissage pré-primaire et fondamental pour chaque enfant. Il s’agit, selon le fonds onusien, de s’engager à nouveau à faire de l’éducation une priorité budgétaire et d’atteindre le seuil recommandé de 20 % de dépenses annuelles pour l’éducation d’ici 2025, en tirant parti des ressources internationales publiques et privées. L’UNICEF demande aux pays africains d’accroître l’attention budgétaire accordée à l’apprentissage précoce et de s’engager à allouer au moins 10 % des budgets de l’éducation à l’enseignement pré-primaire.