Nous avions promis de revenir et de donner une suite à notre article paru dans notre précédente livraison relativement à l’affairisme qui a cours dans les services des douanes nigériennes. Et bien, nous avons continué nos investigations et ce que nous avons découvert est révélateur.
A propos de la correspondance de l’inspecteur principal des douanes M. Bruno Fassinou, à l’époque Directeur régional des douanes de Maradi adressée à sa hiérarchie, publiée en fac-similé et qui dénonçait un certain nombre de manquements dont la disparition de plusieurs carnets de transit routier (CTR). Nous nous posions alors un certain nombre de questions : quels étaient les différents responsables des douanes à Maradi au moment des faits ? Quels sont les opérateurs économiques ayant bénéficié de ces fraudes ?
Vraisemblablement, la correspondance de l’inspecteur principal Bruno Fassinou est rentrée dans l’oreille de sourds. Elle n’a pas eu de suite, du moins pas l’effet attendu. Que sont devenus les responsables des douanes de Maradi au moment des faits ? Le dénonciateur des mauvaises pratiques, l’ancien Directeur régional des douanes de Maradi serait en ce moment dans un bureau à l’inspection générale des services des douanes à la Direc tion générale à Niamey ; le garage dira l’autre. Quant à l’un des protagonistes, ou disons le principal protagoniste, chef de bureau des douanes de Maradi, en charge justement du contrôle des fameux CTR, il continuerait à se la couler douce dans un de ces endroits qu’on appelle dans le jargon administratif poste juteux. Selon nos investigations, ce dernier bénéficierait d’une solide relation dans la hiérarchie de la « Renaissance ».
Voilà bien « l’inversion des valeurs » dénoncée sous les 5ème et 6ème Républiques auréolée et célébrée sous la 7ème République. Nous nous sommes également interrogés sur les opérateurs économiques pouvant avoir bénéficié des fraudes sur les CTR. Ils sont plus d’une vingtaine parmi lesquels des gros pontes tapis dans les principales formations politiques de la majorité au pouvoir qui continuent à mener leurs activités en toute tranquillité et en toute impunité. Pour la période allant d’octobre 2011 à janvier 2012, les investigations ont relevé une quarantaine de CTR enregistrée dans les postes émetteurs de Torodi et de Gaya qui n’ont jamais atterri au poste récepteur de Maradi, mettant ainsi en doute le contrôle du bureau des douanes concerné.
Les tonnages concernés sont effarants et témoignent de l’ampleur des préjudices financiers causés à l’Etat. Voilà qui explique pour quelque peu la baisse des recettes douanières qui a été imputée à la gestion du colonel Ibro Salifou Dodo éjecté de la Direction générale des douanes pour insuffisances de résultats. A l’époque, une certaine opinion avait vu derrière l’éviction du colonel Ibro Salifou Dodo des mains politiques tapies dans les rouages des douanes. Car ce dernier, très rigoureux, qui a fait ses preuves en termes de mobilisation de recettes douanières, sous l’ère Tandja, constituerait un danger pour certains intérêts. Aujourd’hui, on peut donner foi à ces supputations qui avaient été versées dans le compte des surenchères de l’opposition politique.
En effet que de scandales impliquant des services des douanes sous cette 7ème République mais restés sans suite. Tout se passe comme si ce semblant d’omerta fait les affaires des certains décideurs politiques.