Des détenus se sont évadés ce jeudi 11 juillet dans l’après-midi de la prison de haute sécurité de Koutoukalé, à moins d’une cinquantaine de kilomètres de Niamey, dans la région de Tillabéri. Suite à cette évasion, les unités de recherche des Forces de défense et de sécurité (FDS) ont été mises en alerte et le ministre d’État, ministre de l’Intérieur, a pris une série de mesures pour renforcer la vigilance sécuritaire et rechercher les évadés. Un couvre-feu à partir de 21 heures a été décrété à compter de ce jour dans la ville de Tillabéri. Pour rappel, cette évasion de la prison la plus sécurisée du pays, au sein de laquelle sont détenus des criminels de haut vol, notamment des chefs terroristes, intervient au lendemain d’une attaque qui visait une unité de la Garde nationale (GNN) vers Tébaram, dans la zone frontalière du Mali des régions de Tillabéri et Tahoua où opère l’EIS (ex-EIGS).
Les circonstances de cette surprenante évasion de la prison la plus sécurisée du pays ne sont pas encore connues en attendant la communication officielle. Selon des sources, les détenus dont le nombre reste encore indéterminé, se sont mutinés dans la journée de ce jeudi 11 juillet 2024 de la Prison de haute sécurité de Koutoukalé, à une quarantaine de kms de Niamey, dans la région de Tillabéri, avant de prendre la poudre d’escampette. Des coups de feu ont été également tirés au cours de l’évasion et des unités des forces de défense et de sécurité ont aussitôt été déployées dans la zone avec des renforts qui ont même été dépêchés de Niamey.
Dans un message radio adressé aux Gouverneurs des Régions ainsi qu’aux Préfets des Départements et à tous les administrateurs délégués, le Ministre d’Etat, en charge de l’Intérieur, de la Sécurité publique et de l’Administration du territoire (MI/SP/AT) a confirmé de « l’évasion de détenus de la maison d'arrêt de Koutoukalé », ce jeudi 11 juillet 2024, sans d’autres détails. Les unités de recherche des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) ont été mises en alerte et un appel à redoubler de vigilance sur l'ensemble du dispositif sécuritaire a été lancé. Le ministre d’Etat a aussi demandé aux destinateurs du message de « mettre à contribution les chefs traditionnels et les leaders religieux ainsi que de sensibiliser les populations dans la dénonciation de tout individu ».
Dans un communiqué publié toujours ce jeudi, l’Administrateur délégué de la Commune urbaine de Tillabéri, située pas très loin du site qui abrite la maison d’arrêt, a annoncé qu’un couvre-feu à partir de 21 heures a été décrété sur toute l’étendue du territoire de la ville à compter de ce jour. Il concerne la circulation des piétons, les engins à deux roues et les véhicules. « Les forces de l’ordre seront déployées pour assurer le respect de cette mesure et garantir la sécurité de tous » précise le communiqué dans lequel il est précisé que « tout contrevenant s’exposera à la rigueur de la loi ».
Zone d’insécurité
La prison de haute sécurité de Koutoukalé est située dans la région de Tillabéri, une zone d’insécurité qui fait face depuis 2015 à des attaques meurtrières des groupes armés terroristes. En 2016, 2019 et 2020, elle a été la cible à plusieurs tentatives d’assaut par des assaillants armés présumés membres des groupes terroristes actifs dans la zone des trois frontières (EIS, JNIM). Des assauts qui ont été jusque-là contenus et repoussés par les soldats qui assurent la sécurité des lieux. Le dispositif sécuritaire composé des éléments de la Garde nationale du Niger (GNN) a été d’ailleurs renforcé ces dernières années tout comme c’est le cas de l’ensemble de la région.
Il faut dire que c’est au sein de cette prison que sont détenus les criminels de haut vol. Il s’agit notamment des chefs terroristes de Boko Haram, de l’ISWAP, de l’EIS ou du JNIM. La prison abrite aussi des anciens officiers de l’armée impliqués dans les tentatives de coup d’état déjouée sous l’ancien régime de Mahamadou Issoufou mais également certains responsables civils et militaires interpellés au lendemain du coup d’Etat du 26 juillet 2023 dont des proches de l’ancien président Mohamed Bazoum.
Cette évasion est intervenue également au lendemain d’une nouvelle attaque terroriste qui a visé une unité de la Garde nationale entre Tébaram et Takanamatt, dans la région de Tahoua, frontalière de celle de Tillabéri, dans une zone située près du Mali et où opère l’EIS. Sept (07) soldats ont été tués dans l’attaque selon un bilan non encore officielle mais confirmé par des sources sécuritaires et locales. Lundi dernier déjà, la Katiba Hanifa, affiliée au JNIM, a revendiquée une embuscade contre une patrouille mixte des FDS (Gendarmerie, Garde et Police) entre Tamou et Say, dans la partie de la région qui fait frontière avec le Burkina Faso.