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Niger: un an après avoir été renversé, Mohamed Bazoum toujours prisonnier

Publié le mardi 23 juillet 2024  |  AFP
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© Présidence par DR
Visite de travail du Président de la République, S.E.M Mohamed Bazoum, dans la région de Tahoua
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Un an après le coup d'Etat qui l'a renversé, le président élu du Niger Mohamed Bazoum est
toujours retenu prisonnier par le régime militaire au pouvoir à Niamey, dans des conditions
de détention strictes et avec la perspective d'un procès qui inquiète ses proches.
Mohamed Bazoum a été renversé le 26 juillet 2023 par le général Abdourahamane Tiani, le
chef de sa garde présidentielle. Elu en 2021, il n'a jamais démissionné et revendique toujours
d'être le président du Niger.
- Quelles sont ses conditions de détention ? -
Mohamed Bazoum est séquestré avec son épouse Hadiza depuis le jour du coup d'Etat dans
sa résidence présidentielle, au sein du palais, à Niamey.
Sa dernière apparition publique remonte au 19 août 2023, lorsque des images de la télévision
nationale l'ont montré sur le perron de la résidence à l'occasion d'une visite d'une médiation
nigériane.
Depuis, ses conditions de détention se sont durcies, en octobre ; le régime militaire l'avait
accusé d'avoir tenté de s'évader, une version rejetée par ses avocats.
Il est privé de ses téléphones et seul son médecin est habilité à le voir, deux fois par semaine.
"D'après lui, physiquement ils vont bien. Ils ont le moral très haut. Le président est engagé à
continuer sa résistance. C'est un homme de conviction, un républicain convaincu.
Démissionner, pour lui ça n'a pas de sens", afirme à l'AFP, Hamid N'Gade, son conseiller en
communication.
"Il aurait pu démissionner, retrouver ses enfants mais il ne l'a pas fait. Bazoum aujourd'hui,
c'est le symbole du courage et de la démocratie", ajoute un membre de son entourage proche.

En janvier, son fils Salem Bazoum, jusqu'à lors détenu avec ses parents, a été mis en liberté
provisoire et est parti pour le Togo.
- Que lui reproche le régime militaire ? -
Mohamed Bazoum, qui n'a eu aucun contact avec ses avocats, est notamment poursuivi pour
"complot d'attentat à la sécurité et l'autorité de l’Etat" et "crime de trahison".
Il lui est par exemple reproché d'avoir parlé au téléphone avec le président français
Emmanuel Macron et le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken pour qu'ils l'appuient
"par une intervention armée", lors du coup d'Etat.
La décision de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de
l'ouest (Cedeao) ordonnant mi-décembre la remise en liberté du président Bazoum est restée
lettre morte.
Le pays a depuis quitté la Cedeao et le mois dernier, la Cour d'Etat du Niger, une juridiction
créée par le régime militaire, a levé son immunité présidentielle.
"Cette Cour n'a aucune légitimité. Ces personnes ont été nommées par un putschiste qui n'a
jamais prêté serment", estime Mohamed Seydou Diagne, l'un des avocats de M. Bazoum.
- Sera-t-il jugé ? -
La levée de son immunité ouvre la porte à un procès, bien qu'aucune date n'ait encore été
fixée.
Et les peines encourues sont très lourdes.
"Le crime de trahison c'est la peine de mort par fusillade, encore en vigueur au Niger même si
elle n'est plus exécutée depuis trente ans. Et pour complot contre l'autorité de l'Etat, c'est la
perpétuité", alerte Moussa Coulibaly, ancien bâtonnier du Niger et avocat de M. Bazoum.
Un procès pourrait permettre à Mohamed Bazoum de s'exprimer publiquement pour la
première fois depuis le coup d'Etat.
"C'est une juridiction d'exception qui ne répond à aucune des garanties fondamentales pour
le droit à un procès équitable. On n'accepte pas les simulacres de procès", prévient Me
Diagne.
"Ce ne sera qu'une parodie de justice. Ils sont déterminés à tout prix à lui coller une
condamnation", ajoute Oumar Moussa, son directeur de cabinet adjoint.
- Qui sont ses soutiens ? -
Dans les premières semaines qui ont suivi le coup d'Etat, de nombreuses chancelleries
occidentales ont appelé à sa libération immédiate.
La Cedeao a pris de lourdes sanctions économiques pour faire pression sur le régime de
Niamey et a même menacé d'intervenir militairement pour replacer M. Bazoum au

pouvoir. Cette intervention n'a jamais eu lieu et les sanctions ont été levées en février.
Ces derniers mois, rares ont été les prises de paroles internationales pour réclamer la
libération de M. Bazoum.
"Il subit des pressions inacceptables de la junte qui en a fait son otage. Nous nous inquiétons
de la levée de son immunité et du simulacre judiciaire qui risque de s'ensuivre", a déclaré une
source diplomatique française, sollicitée par l'AFP.
"Nous n'avons pas de commentaire (sur la situation de Bazoum), nous n'interférons pas dans
les décisions politiques de nos Etats membres", a afirmé à l'AFP, un porte-parole du FMI dont
l'aide au Niger a repris.
Au Niger, des mouvements rebelles réclamant son retour au pouvoir ont récemment
revendiqué des attaques contre un important oléoduc acheminant du pétrole.

pid/bam/jg
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