Samedi 27 Avril 2013, troisième jour d’émeutes à Diffa. Alors que le Premier ministre était attendu pour tenter de régler le problème, les choses vont se compliquer davantage. Des jeunes sortis de partout ont barricadé les rues, brûler des pneus, saccagé des voitures, une banque ainsi que d’autres édifices.
Les forces de l’ordre ont bien entendu tenté de contenir les énergumènes, elles ont malheureusement fait usager de balles réelles blessant grièvement 3 manifestants et une dizaine d’autres légèrement blessés. Selon le président régional du Mouvement des jeunes pour l’émergence du Niger (MOJEN) que nous avons joint au téléphone, la jeunesse de Diffa a posé depuis longtemps des revendications qui n’ont pas été prises en compte par les autorités locales en l’occurrence le gouverneur de la région. Ce dernier n’aurait pas considéré ces revendications à fortiori organiser des rencontres en vue de désamorcer la tension déjà palpable. Mais que demandent les jeunes diffalais ? Le principal noeud du problème réside au niveau des recrutements effectués sur le site pétrolier d’Agadem.
Les jeunes estimes que les cadres d’Agadem font venir des employés de Niamey et d’autres régions tout en ne permettant pas aux locaux d’accéder aux emplois mêmes subalternes. C’est cette situation qu’ils veulent combattre en créant le Comité régional des jeunes de Diffa qui serait à la base des manifestations qu’on déplore aujourd’hui. Interrogé par la radio Anfani, le député national au titre de la région de Diffa, M. Lamido Moumouni, membre du groupe parlementaire de opposition (ARN) a soutenu que le problème du chômage des jeunes, « la pauvreté généralisée » sont d’autres motifs non négligeables qui pourrait expliquer la situation ainsi née.
En fait, M. Lamido Moumouni est surplace, il fait parti de la délégation du Premier ministre qui est à Diffa depuis samedi vers 18 heures. Dimanche, nous apprenons que la situation reste très tendue avec des rencontres entre les représentants des jeunes et la délégation du Chef du gouvernement qui ont échoué. A en croire le correspondant de la radio Anfani, les mouvements s’étendent à d’autres localités de la région, notamment N’guigmi où un bar a été brûlé ainsi que d’autres dégâts constatés. Ces violences sont à mettre dans le compte de la malédiction de l’or noir. Depuis que le Niger est pays producteur de pétrole, c’est la deuxième fois que ce genre de situation éclate dans notre pays.
C’est Zinder, région tutrice de la raffinerie de SORAZ, qui a ouvert le bal avec mort d’Hommes concernant la revendication de baisse des tarifs des hydrocarbures. Aujourd’hui, c’est Diffa, région où se situent les puits de pétrole d’Agadem, qui fait parler d’elle. Heureusement, là on ne déplore pas encore de perte en vie humaine. Le Premier ministre, des députés, des membres du gouvernement ainsi que d’imminentes personnalités du pays sont déjà surplace. Ce qui permet d’espérer que le chaos soit évité. En tout cas, on se rappelle que c’est d’un coup de maître que Brigi Rafini avait réussi à calmer les tensions de Zinder. En principe, rien ne doit lui empêcher de rééditer l’exploit de Zinder à Diffa.
Une chose est sûre, la situation est très grave et c’est ce dont le Niger a le moins besoin en ce moment. Chaque nigérien doit apporter sa petite contribution pour la résolution de ce épineux problème qui, s’il n’est pas traité efficacement pourrait mettre à mal les 1 267 000 km² de notre pays. Dès lors, il ne s’agit plus d’une affaire qui concerne la seule région de Diffa, c’est désormais une préoccupation nationale qui doit être gérée en conséquence. Une seule et unique voie de solution existe : les jeunes doivent renoncer à la violence comme moyens de revendication et les autorités à tous les niveaux ont le devoir de les écouter et leur proposer les solutions les plus accessibles. De grâce, ne faisons pas de mal à notre Niger, c’est le seul que nous ayons !