La parole, dit-on, est comme de l’eau. Quand elle se verse, on ne peut la ramasser. Depuis que le vieux Tandja a affirmé et soutenu qu’il a laissé 400 milliards lorsque Salou Djibo lui a fait un coup d’Etat, l’information occupait tous les salons de débats. Pas un seul jour où l’on ne discute de cette affaire.
Finalement, après une longue attente, le Président Tandja réapparaît sur la scène politique nigérienne pour clarifier ses propos sur le dossier. Devant un parterre d’invités et d’une armée de journalistes micros et caméras en action, le vieux soutient bel et bien que les 400 milliards sont réels et qu’il les a laissés dans trois sites différents. 300 milliards à la Banque Islamique de Développement (BID), le reste à l’Office des Produits Vivriers du Niger (OPVN) et à la Centrale d’Approvisionnement en Intrants et Matériels Agricoles (CAIMA).
Dans ses explications, le Président Tandja a profité pour fustiger l’enrichissement effréné et sans scrupule des dirigeants actuels. Mais à la sortie de ce point de presse, les invités sont restés sur leur soif. Apparemment, le vieux n’a pas convaincu. Il ne s’est qu’embourbé davantage dans le marécage des contrevérités pour ne pas dire qu’il a perdu beaucoup de plumes. La sagesse a parlé mais n’a pas convaincu. Les supposés 300 milliards auxquels il fait allusion ne sont rien d’autres que le fonds relatif au barrage de Kandadji.
Quel bailleur de fonds est fou pour arroser le Niger en bloc de ce pactole ? Cette première sortie officielle de Tandja depuis son éviction convainc enfin les nigériens que le vieux tire sa révérence politique. En l’accompagnant dans son deuil, il est temps qu’on lui conseille cet adage : «lorsqu’on n’a rien à dire, mieux vaut se taire».