On dit souvent que la pluie laisse place au beau temps. Pourtant, à Niamey, cette maxime semble bien éloignée de la réalité. Dans cette capitale sahélienne, comme dans tant d’autres métropoles africaines, arpenter les rues après une averse diluvienne s’apparente davantage à un parcours du combattant qu’à une promenade agréable. La pluie qui s’est abattue sur la ville mercredi dernier en a donné une illustration claire, contraignant nombre de citadins à une épreuve de force contre les éléments.
Les Niaméens, habitués aux rigueurs climatiques du Sahel, sont nombreux à avoir choisi de rester à l'abri, refusant ainsi de se confronter aux caprices d’un ciel déchaîné. Mais pour ceux qui ont osé s'aventurer à l'extérieur, la ville a dévoilé un visage hostile, où chaque pas doit être calculé avec soin. La pluie, loin d’être une simple ondée, transforme les rues en véritables pièges. Les piétons doivent alors faire preuve d'une agilité quasi-féline, progressant sur la pointe des pieds, à la recherche des rares îlots de bitume encore épargnés par la boue. Ce défi quotidien devient un spectacle surréaliste, où l’on voit des passants sauter d'une flaque à l'autre, s’engager dans une gymnastique improvisée, faite de glissades incertaines, de sauts hésitants, et parfois, de chutes inévitables.
Pour ces marcheurs, la situation devient encore plus délicate lorsqu'un véhicule s'approche. Chaque voiture ou moto qui passe devient une menace, car elle soulève des gerbes d’eau boueuse, forçant les piétons à des esquives précipitées pour éviter d'être éclaboussés. La tension monte, et l'idée même de traverser une rue inondée devient une course effrénée contre l'inévitable.
Dans les quartiers périphériques de la ville, où l’urbanisation est souvent défaillante, le tableau est encore plus sombre. Là, les habitants se trouvent face à des "lacs" impromptus, des mares géantes qui rendent les chemins presque impraticables. Il faut alors redoubler d’ingéniosité pour contourner ces obstacles ou, à défaut, accepter de patauger dans la boue jusqu'aux chevilles. Les routes, déjà difficiles à emprunter en temps normal, deviennent des champs de boue où le passage est une véritable épreuve. Ainsi, à chaque nouvelle averse, les habitants de ces zones scrutent anxieusement le ciel, redoutant les nuages sombres qui présagent d'une prolongation de leurs peines et d’une exacerbation de leur calvaire quotidien.
Niandou Tawaye et Aïssa Altiné (Nigerdiaspora)