Créé en 1965 par le Pr Abdou Moumouni Dioffo, l'Office National de l'Energie Solaire (ONERSOL), devenu aujourd'hui le Centre National d'Energie Solaire (CNES), a fait du Niger un véritable pionnier en matière de développement de l'énergie solaire. C'est lui, le Pr Abdou Moumouni Dioffo, le véritable père du solaire à l'échelle mondiale. Après de brillantes études à l'école régionale de Zinder et à l'école supérieure de Niamey, Abdou Moumouni Dioffo entre à l'école Normale William Ponty de Dakar en 1944. Il obtint, en 1948, le brevet de capacité colonial (options mathématiques élémentaires) au lycée Van Hollenhoven de Dakar. Admis en préparation aux grandes écoles au lycée Saint-Louis de Paris (1948-1950), il obtint successivement une licence es-sciences à la Faculté des Sciences de Paris en 1953; le diplôme d'études supérieures de sciences physiques en 1954; l'agrégation des sciences physiques en 1956 et le doctorat d'Etat es-sciences physiques en 1967 à Paris. Il a, à son actif, de nombreuses publications dont ''Etudes théoriques et expérimentales de la répartition de l'énergie du rayonnement concentré dans le plan focal de miroirs paraboliques précis''.
''A l'époque, l'intérêt de développer l'énergie solaire, c'était d'avoir des alternatives au choc pétrolier. C'est encore d'actualité pour beaucoup de pays non producteurs de pétrole, qui ont besoin de valoriser leurs ressources nationales pour économiser les devises. A cela, deux autres optiques se sont ajoutées : l'épuisement des ressources pétrolières, et les questions environnementales et le réchauffement planétaire'', nous confie le directeur général du CNES, Dr Saleye Yahaya.
C'est ce qui, selon lui, a déterminé le choix de nombreux pays sur les énergies durables, c'est-à-dire qui ne s'épuisent pas et qui sont propres. Cela a commencé au niveau international avec le programme solaire mondial de l'UNESCO pour la période 1996-2005, dans lequel il y avait une commission solaire mondiale pilotée par les Chefs d'Etat des pays membres. ''C'était la première conscientisation sur l'importance de développer des sources renouvelables pour un développement durable. Cela a continué avec la création, en 2011, de l'Agence Internationale des Energies Renouvelables qui est une agence autonome basée à Abu Dhabi, aux Emirats Arabes Unis'', a ajouté Dr Saleye Yahaya.
Le CNES a connu des périodes brillantes, notamment des années 1970 à 1980, où non seulement le centre expérimentait les technologies venues d'ailleurs, mais aussi a pu déposer un brevet pour la conception de moteur solaire. ''On était vraiment à la pointe de développement de ces sources d'énergies'', se souvient le directeur général du CNES, rappelant que ce centre avait pour missions, entre autres, la promotion des sources d'énergies renouvelables en amont et en aval : ''En amont, en permettant le développement des moyens technologiques qui ne sont pas disponibles; et en aval, en conscientisant et en incitant les autorités et les utilisateurs à prendre conscience de l'intérêt d'utiliser et de développer les énergies renouvelables. Nous avons nos propres laboratoires, nous avons notre histoire de développement des appareils solaires, nous avons des partenaires extérieurs tels que les universités du Nigeria, les universités italiennes etc. Nous avons travaillé aussi avec des sociétés françaises et des centres de formation français, des laboratoires des Etats-Unis. En aval, nous collaborons avec des institutions régionales de développement des énergies renouvelables tels que les CRE; les institutions internationales etc.'', a souligné le directeur général du CNES.
La journée nationale des énergies nouvelles instituée par une loi, et qui est la vitrine en énergie solaire, se tient depuis quelques années. Auparavant, il y avait le marché des énergies renouvelables au Sahel et en Afrique de l'ouest qui a connu deux éditions, et qui a été remplacé par le Salon des énergies renouvelables dont la dernière édition a eu lieu au mois de septembre dernier. ''Ce sont des instances qui nous permettent d'expliquer aux populations, et surtout de conscientiser les dirigeants sur l'intérêt de développer les énergies renouvelables. Le premier rôle que nous devons assigner aux énergies renouvelables est celui du développement. Il faut mettre au point des formes d'énergies modernes qui ont la force de décupler nos moyens d'action. Si le monde s'est développé, c'est parce qu'on a trouvé surtout de nouvelles sources d'énergie. Et le meilleur indicateur de développement d'une société reste l'énergie. La société qui consomme beaucoup d'énergie, est la société qui se développe. Et la société qui a moins d'énergie est celle qui est sous développée'', soutient Dr Saleye Yahaya.
Au denier recensement effectué en 2006, il a été enregistré 1 mgwt solaire installé dans toutes les régions rurales du Niger. ''On ne peut certes pas le comparer avec les 100 mgwt de la Nigelec en milieu urbain. Mais 1 mgwt joue beaucoup de rôles. Il est utilisé dans la santé, dans l'adduction d'eau, dans les télécommunications etc., a dit le directeur général du CNES.
Parlant de l'énergie éolienne, il a indiqué qu'elle doit exister aussi au Niger. Selon le spécialiste du solaire, cette énergie éolienne dépend de la topographie du terrain. ''L'avantage de l'énergie éolienne, c'est qu'elle est plus compétitive que l'énergie solaire. L'énergie solaire est facile et disponible ; mais elle reste encore chère par rapport à d'autres sources d'énergies. Il faut donc donner à la météorologie les moyens de sonder cette énergie éolienne au Niger'', ajoute-t-il.
En relation avec le ministère en charge de l'énergie, le CNES a réussi à faire approuver, par le gouvernement, un projet d'électrification solaire des communautés rurales pour un montant de 5 milliards de francs CFA. Initialement, plus de 200 localités étaient visées par ce projet, notamment dans les régions de Tahoua, Dosso et Tillabéri. ''Mais je crois qu'on a dépassé ce niveau. On est en train de l'élargir à Maradi, Zinder, Diffa et Agadez. Le gouvernement entend investir au moins 20 milliards de francs CFA dans l'électrification rurale, dont 7 milliards de francs CFA dans le solaire'', a affirmé soutient Dr Saleye Yahaya.
Il faut dire que tous les centres de santé construits au Niger ces dernières années sont automatiquement équipés au solaire. C'est une avancée importante, estime le responsable du CNES. ''Sans le solaire, on n'aura pas un bon taux d'électrification. En ce qui concerne l'énergie domestique, il faut emmener le Niger à élaborer un programme de développement de l'énergie solaire domestique; le chauffe-eau ou la cuisson solaire; puisque le bois énergie est une des causes de désertification dans notre pays. L'Etat doit mettre le paquet pour qu'on ait une approche plus globale de la chose. Et plus nous le développons, plus ça va devenir moins cher et plus pratique'', conclut-il.