Les vérités de Tandja Mamadou #aNiamey

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Les vérités de Tandja Mamadou

Publié le vendredi 7 fevrier 2014 | Actuniger

© aNiamey.com par Moussa Sogodogo
L`ex-premier Malien Modibo Sidibé, en tournée dans la sous-région, reçu en audience, par l`ex president du Niger, Mahamadou Tandja
Samedi 13 avril 2013.Niamey

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L’ancien Président de la République, Tandja Mamadou, a enfin parlé ! C’est la première fois, depuis sa chute, le 18 décembre 2010 à la suite du coup d’Etat du général Salou Djibo, que l’ancien président s’exprime publiquement. Il aura fallut attendre donc près de quatre années pour que Tandja Mamadou sorte de son mutisme à l’occasion d’une conférence de presse qu’il a tenu ce jeudi 7 février 2014 à sa résidence de Niamey.

Cette sortie médiatique du président Tandja, très attendue par les nigériens fait suite à la publication, il y a quelques semaines d’un enregistrement en off de certaines déclarations qu’il a tenu face à ses partisans et dans lequel il affirmait avoir laissé près de 400Milliards FCFA à son départ. L’affaire avait soulevé une véritable polémique poussant le gouvernement, après avoir échoué à convaincre l’opinion sur le bien fondé des propos du président, à engager une procédure d’audition de l’ancien président et qui s’est par la suite transformée en véritable imbroglio judiciaire.

C’est donc pour apporter sa part de vérité que le Président Tandja a animé la conférence de presse de ce jeudi. Comme il fallait s’y attendre, elle a été largement relayée par la presse nationale, donnant lieu à plusieurs interprétations notamment sur les réseaux sociaux et les principaux sites d’informations du pays où les commentaires se multiplient depuis la mise en ligne de l’intégralité de la conférence (Voir la video complete du point de presse de l'ancien Président Tandja Mamadou ).

Le Président Tandja a donc choisit l’opinion nationale pour donner sa part de vérité par rapport à cette affaire des 400Milliards alors que la tentative du procureur de l’auditionner comme annoncé par le ministre de la justice Marou Amadou s’est soldée jusque-là par un échec. Sur les conseils de son avocat, Maitre Souley Oumarou, un ancien dirigeant et ex-député du PNDS, le Président Tandja, comme on va le voir dans la transcription de ses propos, n’entend pas se soumettre à une éventuelle audition, ni même répondre à une éventuelle convocation du Procureur ou de la gendarmerie qui est chargée de cette procédure.

Voici donc un condensé de la conférence de presse du Président Tandja. Il convient de noter que comme à son habitude et dans pareille circonstance, c’est en langue nationale (Haoussa) que l’ancien président s’est exprimé. Il a d’ailleurs refusé de répondre aux nombreuses questions que lui ont soumis les journalistes à la fin de la conférence, préférant se cantonner sur l’unique affaire qui fait couler et fera encore couler beaucoup d’encre à Niamey.

Sans sombrer dans une analyse somme toute subjective à cette étape du processus, notons qu’au vue des premières réactions, la sortie du Président Tandja n’a pas véritablement répondu aux attentes des nigériens. Ce qui est normal puisque les rumeurs ont pris le dessus sur cette affaire, contexte politique assez agité oblige.

Il n’ y a pas eu, donc, de grands déballages ni de personne indexé, le Président Tandja s’est borné à donner des pistes pour étayer ses arguments et renvoyer la balle dans le camp des autorités actuelles en réclamant, ni plus ni moins, qu’un audit de sa gestion des affaires de l’Etat.

C’est donc fidèle à sa mission d’informer les nigériens, que la rédaction d’actuniger.com, vous propose cette synthèse des propos tenus par l’ancien président Tandja. Nous nous sommes efforcés de regrouper la conférence sur quelques axes qui ont été les plus sensibles afin notamment de permettre aux internautes nigériens, à ceux de l’extérieur ou ceux qui ne comprennent pas véritablement la langue utilisée, d’avoir une idée de la part de vérité selon Tandja. En attendant de revenir à de plus amples informations sur les implications de cette affaire qui n’a pas finit de tenir l’opinion nigérienne en haleine.

Nous nous excusons au passage pour la liberté que nous avons pris pour une transcription approximative des propos tenus en hausa lors de la conférence sans occulter le fait que nous avons strictement veillé à reproduire le sens en français des propos tenus par Tandja. L’essentiel étant de faciliter la compréhension et vous pouvez d’ailleurs suivre l’intégralité de la conférence sur notre site.

Sur la discussion qui a fait l’objet d’enregistrement et de publication

« C’est une discussion en privé qui s’est tenue dans mon propre salon et avec des partisans qui m’ont rendu visite chez moi. Et c’est tout à fait normal qu’il y ai des échanges avec des gens qui vous considèrent et étaient près de 70. Je n’ai jamais cru que ça allait déboucher sur une telle polémique. Je n’ai cité personne et donc je ne comprends pas pourquoi cette affaire est arrivée là où les autorités l’ont amené aujourd’hui. J’ai discuté avec mes hôtes, chez moi et en privé et je ne vois pas ce qui m’empêcher de discuter sur n’importe quel sujet dans mon propre salon. Et c’est lors de cette discussion avec mes partisans, que j’ai soulevé cette question puisqu’on a parlé de beaucoup d’autres sujets. C’est tout à fait normal que si 70 personnes viennent vous rendre visite que vous échangiez avec eux. D’ailleurs leurs préoccupations, ce n’est pas les débats stériles sur l’uranium ou le pétrole ! Leurs préoccupations c’est plutôt ce qu’ils vont manger au quotidien. Donc loin de nous, l’intention de nuire aux autorités actuelles.

Sur les 400 Milliards de FCFA en question

« Cet argent, j’ai dit que c’était près de 400Milliards FCFA donc 300Milliards et quelques! J’ai dit à peu près puisqu’il y a une grande différence entre 400 Milliards et 300 Milliards et quelques. Maintenant pour revenir à cette question, je tiens à dire que premièrement, ce sont les bailleurs de fonds qui ont réuni une somme de près de 300Milliards de FCFA en faveur du Niger. Cet argent se trouve logé à Djeddah au niveau de la Banque Islamique de Développement (BAD). Il n’avait pas été confisqué par Tandja et ne se trouvait donc pas sous mon lit où chez moi. Deuxièment, sur les 100 Milliards ou presque qui reste, je vous renvoie aux actifs en nature qui se trouve auprès de l’OPVN ou de la Centrale d’approvisionnement (CAIMA, NDLR). Il faut faire le compte et comptabiliser la valeur de ce que nous avons laissés et vous allez voir qu’on s’approche des 100Milliards. En réunissant les deux sommes, vous verrez si j’ai raison ou pas sur les presque 400Milliards que j’ai évoqué.

Sur la provenance de cette somme

Le président de la BID, Mohamed Ali, était venu ici même à Niamey et nous sommes partis ensemble à Kandadji pour poser la première pierre de la construction du barrage de Kandadji. Nous voulons que les travaux commencent pour la construction du barrage et j’ai estimé qu’on peut démarrer les travaux puisque une somme de près de 120Milliards existaient déjà. Par la suite, nous avons pu mobiliser une somme qui s’est établie à près de 230Milliards de FCFA auprès de nos partenaires financiers. C’était avant le jour fatidique où les militaires ont mis fin à mon régime. A partir de cet instant, le pouvoir était entre leur main et c’est eux qui ont eu à gérer les affaires de l’Etat. Moi ce que je réclame, c’est un audit sur les dix ans que j’ai passé à la tête de l’Etat et ainsi voir combien nous avions laissé à notre départ ».

Relativement à la procédure engagée par le parquet pour son audition

« C’est le ministère de l’Economie et des finances qui se charge de la gestion du patrimoine de l’Etat. Donc, c’est lui qu’on devrait convoquer pour venir, avec les preuves à l’appui, faire l’état de la situation financière du pays et ce que nous avions laissé quand nous avons été débarqué du pouvoir. C’est à lui de dresser le bilan puisque c’est lui le responsable des finances de l’Etat, ce n’est pas au Président de la république de se charger de cette question. Donc, il est nécessaire de convoquer le ministre de l’Economie et des finances, de mon époque, pour faire un audit sur mes années de gestion. Il a tous les documents.

Sur les suspicions de détournements du régime Tandja

Si moi, Mamadou Tandja, je n’ai rien donné à l’Etat, ce n’est pas dans les caisses de l’Etat que j’aurai puisé. J’ai peur de Dieu et je veux que les nigériens se rassurent. Je n’ai pas gardé l’argent chez moi ni dans un compte bancaire à l’extérieur et je souhaite que toutes les investigations soient menées dans ce sens. Devant Dieu, moi Mamadou Tandja si on trouve, n’importe où, que j’ai de l’argent sale, je le donne au pays. L’argent n’est rien pour moi et mon objectif c’était de travailler pour les nigériens depuis les années 1980 et j’ai eu la chance d’être élu Président de la République du Niger. C’était une lourde responsabilité que j’ai tenu à assumer convenablement. Nous estimons que nous avons travaillé pour le peuple nigérien et c’est pourquoi, d’ailleurs, nous avions évoqué cette question avec mes hôtes de ces questions pour qu’ils sachent que nous avons travaillé sans relâche quand ils nous ont fait confiance.

Par rapport à l’audit que réclame l’ancien Président

Maintenant, moi ce que je veux, c’est de faire un audit total sur ma gestion à la tête de l’Etat afin que les nigériens puissent savoir combien j’ai laissé lors de mon départ. Ce n’est pas ma fortune, c’est le patrimoine des nigériens et ils ont le droit de savoir. Je n’ai touché à aucun rond et je souhaite vraiment que cet audit se fasse. C’est d’ailleurs ce que Dieu même souhaite puisqu’avant ma prise de fonction, j’ai juré sur le Saint Coran et j’ai peur de ce serment.

Aboubacar Yacouba Barma

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