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An 2 de la Renaissance : Mahamadou Issoufou face au «nigéropessimisme» !
Publié le jeudi 2 mai 2013   |  Le Souffle


Mahamadou
© Autre presse par DR
Mahamadou Issoufou, le président du Niger


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Le président Mahamadou Issoufou a fait le bilan de ses deux ans de Renaissance le 7 avril dernier. Tout était rose, comme dirait l’autre. De toutes les façons, il ne pouvait en être autrement. Le premier des nigériens ne pouvait que décrire, chiffres à l’appui, les réalisations qu’il a faites dans tous les compartiments. Il en avait bien intérêt, d’autant plus qu’il avait fait des promesses et que « le peuple » l’attendait.

Le même peuple, malgré le bilan « positif » qui lui a été servi, continue d’attendre avec beaucoup plus d’impatience cette fois ci. Quelque chose s’est passée. De plus en plus, des voix s’élèvent pour fustiger avec véhémence et virulence la gouvernance du «Guri système», caractérisée selon elles, tantôt par « la rapacité », tantôt par « l’amateurisme et l’incompétence ». Et il n’ya pas que les opposants et les « électrons libres » de la société civile qui s’en délectent, il ya également et tout bonnement, des « amis » du président qui doutent ouvertement de ses capacités et de ses intentions. C’est un signe qui ne trompe pas, des nigériens sont de plus en plus sceptiques et pessimistes sur la manière avec laquelle Mahamadou Issoufou manage ce pays. Il n’ya pas de doute, la Renaissance est en panne !

« L’argent ne circule pas ! ». Il n’ya pas d’instituts de sondage dans ce pays, mais à l’évidence, beaucoup de nigériens à Niamey, Maradi ou Zinder ne s’estiment pas du tout contents de la Renaissance. Normal, me diriez-vous, puisque tout le monde ne peut pas être content. L’argument des mécontents ? « L’argent ne circule pas dans le pays ! » C’est un argument massue, il faut le reconnaitre, car le vécu de nombre de nigériens se précarise de plus en plus, sans que quelques espoirs ne se pointent à l’horizon. Malgré les augmentations de salaires, l’immense majorité des travailleurs, tombés dans le piège de la bancarisation, n’arrivent plus à joindre, ne serait-ce qu’un bout. Dans les ménages défavorisés, la situation est encore plus alarmante. Nombreuses sont les familles, tout aussi nombreuses, qui survivent avec à peine un repas par jour.

Et quel repas ? Dans les campagnes, malgré la présence des « projets », l’appauvrissement est presque généralisé, la malnutrition fait des ravages et les enfants aux « grosses têtes et ventres ballonnés » envahissent d’ores et déjà les « centres de récupération ». Cet échec social de la Renaissance mérite d’être souligné. Les investisseurs nationaux, embêtés par la HALCIA et les coups médiatiques de journaleux peu scrupuleux, renforcent les armatures de leurs coffres ou transfèrent carrément leurs avoirs à l’étranger. Ce qui a pour corollaire d’assécher les circuits financiers du pays, mais pire, de dissuader les investisseurs étrangers. C’est l’argent qui appelle l’argent ! D’où la situation actuelle, caractérisée par une stagnation économique qui se traduit dans la réalité, par une absence de liquidité dans les porte-monnaie.

A Maradi, capitale économique du Niger, fragilisée déjà par l’absence d’un marché, les flux des marchandises en transit pour le Nigéria qui enrichissent une bonne partie de la ville, s’amoindrissent dangereusement. D’un « convoi », voir deux par semaine, pendant les périodes fastes du transit, à peine un convoi quitte Maradi pour Kano chaque mois ces temps-ci. Ce qui a pour conséquence la diminution des revenus de tous ceux qui travaillent dans le secteur, mais également, la diminution des recettes douanières. Bref, à Maradi comme partout ailleurs, l’argent ne circule pas ! Nous touchons des doigts les contours d’une vraie crise économique. La Renaissance en question Le pays, même si l’on veut se le cacher, traverse une crise sociale et économique. Le PNUD est venu nous le confirmer en classant notre pays dernier de la planète, malgré notre deuxième place de pays exportateur d’uranium et bien que nous ayons rejoint le club très sélect des pays producteurs et exportateurs de pétrole

. La Renaissance accuse les coups. Il en pleut de partout. La HALCIA, instrument conçu au départ pour punir les nigériens qui ont détourné ou dilapidé l’argent public antérieurement à la 7ème République, s’est très tôt transformée en un outil de chantage politique, au mieux une canne destinée à pécher les militants fortunés. Ce qui a conduit l’un de ses responsables, parmi les plus crédibles, à démissionner. Ça a été une grosse déception pour le peuple nigérien. En matière de leadership politique, la récente « bagarre » entre le PNDS et le MODEN/FA a profondément contribué à changer l’appréhension des nigériens sur les acteurs de la Renaissance. Les nigériens étaient scandalisés de voir les deux principales formations politiques au pouvoir se déchirer lamentablement, alors qu’elles avaient toutes les cartes pour réussir.

Sur un autre plan, le président Issoufou est accusé d’être plus tourné vers l’extérieur que vers l’intérieur. Ses multiples voyages à l’étranger et son entêtement à engager militairement le Niger dans la crise malienne, en sont probablement pour quelque chose. Quant aux ministres, leur bilan est plus ou moins mitigé. Certes, il ya quelques individualités qui se distinguent du lot. Mais de l’avis général, cette équipe-là, n’est pas tellement au niveau, pour parler euphémique. Les nigériens ne sentent pas encore les orchestrations d’une équipe compétente où les ministres font preuve d’une réelle maitrise de leur porte feuille. D’où leur insistance à réclamer un remaniement. Après plus de deux ans aux commandes, certains ministres continuent d’avoir encore le trac et s’expriment souvent dans un français approximatif. Le même schisme traverse les régions.

Ici également, les responsables sont tout aussi attentistes et oisifs, pour ne pas dire incompétents. On l’a vu et entendu, nombreux sont ces dignitaires régionaux et communaux qui confondent volontiers « dormir sous ses lauriers » à « dormir sous ses oreillers » ou plus ahurissant, « le chanvre indien » à « la chambre indienne ! ». Quant à leur demander de conjuguer un verbe du second groupe à la troisième personne du pluriel, ne seraitce qu’au présent, c’est franchement leur demander de bouger des montagnes. Rien de rassurant, en effet. Cela donne plutôt l’air d’un pays gouverné par des cadres qui ne sont pas à leurs places. Toute chose qui contribue à éroder sérieusement la Renaissance.

Les ripostes du «Guri système».

Et comment la Renaissance se défend- elle face à toutes ces « agressions » quand ses ministres, ses gouverneurs, ses préfets et maires sont incapables de la défendre ? Comme tous les locataires précédents du palais Toula, Mahamadou Issoufou et son staff misent sur la communication tout azimut. Les médias publics sont utilisés comme il se doit. La quasi-totalité des « grands journaux » sont mis sous coupe réglée, moyennant publicité, « fonds d’aide à la presse », publireportage, abonnement, voyages et autres avantages connexes. Toutes ces presses chantent la Renaissance, malheureusement et souvent, avec des voix très discordantes. Leurs analyses sont grossièrement partisanes, ce qui a un effet totalement contre productif. Actuellement, l’impact de tous ces médias en faveur de la Renaissance, ne vaut même pas celui d’un journal régional ou d’une radio communautaire pris au hasard.

Les autres cordes sur lesquelles grattent les acteurs de la Renaissance, sont la lutte contre la corruption, les détournements et l’impunité, l’annonce des chiffres mirobolants, les grands chantiers, la remise des nigériens au travail etc. malheureusement, sur ces thèmes là, la réalité est tout autre. La corruption continue plus que jamais à ramper dans tous les cabinets où se prennent des décisions importantes. Beaucoup de marchés publics sont accordés sur des bases purement partisanes. Des voleurs nommément identifiés, continuent de narguer royalement les nigériens. Les chiffres aguicheurs qui leur sont martelés, en dehors de ceux relatifs au recrutement à la Fonction Publique, n’ont encore aucun effet sur leur vie quotidienne.

Les grands chantiers piétinent par manque de financements extérieurs ou de subventions de l’Etat. C’est le cas notamment du grand marché de Maradi, dont la première phase est terminée depuis quatre mois et rien à l’instant ne dit que les travaux vont redémarrer. Bref, un sentiment d’insatisfaction s’empare à présent des nigériens. … Et les nigériens qui en rajoutent. Les nigériens sont très critiques, c’est évident. C’est d’ailleurs une bonne chose pour les gouvernants. Autant avoir à faire à des gens qui savent de quoi il s’agit que d’avoir à faire à des gens qui ne savent rien. Mais les nigériens ont également des tares. Ils sont assez souvent amnésiques. Ils oublient vite. Ils ne voient plus tout ce que Mahamadou Issoufou a fait en seulement deux ans de fonction.

Les augmentations de salaires, le recrutement de médecins et d’enseignants en quantité, les routes et infrastructures qui sont construites, les hectares de terres récupérées, les périmètres aménagés, les milliers de motopompes distribuées, de tout cela ils n’en ont visiblement plus souvenance. Et certains d’entre eux profitent pour en rajouter. En faisant fit du contexte. Ils savaient pourtant que la chute de Kadhafi allait profondément modifier la distribution des cartes dans leur pays. Ils savent également que la crise malienne et les attentats de Boko Haram au Nigéria sont autant de facteurs qui compliquent sérieusement la situation économique de notre pays. Ils savent aussi que la nature est tout sauf clémente dans leur beau pays.

Ils savent que le PDES est le programme le plus structuré que le Niger ait réussi techniquement à monter jusque-là. Et ils savent plein d’autres choses positives dans la gouvernance actuelle. Mais bof ! On attend, on doute, on suppute, on critique le président comme s’il vient de terminer son deuxième mandat ! Du pessimisme et rien d’autre. En l’occurrence, du « nigéropessimisme ». Mahamadou Issoufou doit s’en accommoder, d’autant que, souvenez-vous, il a été l’inventeur de ce mot qui n’existe dans aucun dictionnaire.

Écrit par El Kaougé Mahamane Lawaly

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