Niamey, (ANP)-Le Niger ambitionne de diversifier son industrie pétrolière avec notamment la création d’un complexe pétrolier et d’une raffinerie à Dosso (Ouest) dans l’optique d’asseoir sa souveraineté sur ce secteur vital.
Dans une interview accordée à l’agence nigérienne de presse (ANP), le directeur général des hydrocarbures au ministère du pétrole, M. Chaibou Ibrah Abdoul Nasser explique l’importance de ces initiatives annoncées par le Chef de l’Etat, le Général Abourahamne Tiani, lors d’un message le 2 Août 2024, la veille de la fête nationale de l’arbre.
Le Niger, rappelle-t-on, produit quotidiennement 110.000 barils de brut de pétrole, dont 20.000 sont destinés à la raffinerie de Soraz (société de raffinage de Zinder) et 90.000 destinés à l’exportation, opérée par Wapco Niger via le port de Sèmè Kpodji au Bénin.
Expliquant le choix du Chef de l’Etat de créer un complexe pétrolier et une seconde raffinerie pour le pays, M. Chaibou Ibrah soutient que l’exploitation du brut dans le pays est plus bénéfique que son exportation. Mieux, note-t-il, le choix du Président de la transition est une question de « souveraineté ».
« On n’aura plus besoin de traverser d’autres frontières pour avoir des produits transformés, notamment les produits pharmaceutiques, des produits en plastiques… Tous ces produits-là peuvent être fabriqués sur place. Alors le besoin en importation va se réduire, et c’est ce qui va favoriser la souveraineté nationale dans ces activités », affirme-t-il.
Les autorités de transition ont annoncé en plus la création d’un institut du pétrole à l’université de Zinder, dans la même région qui abrite la Soraz.
Le directeur général des hydrocarbures juge l’ambition du Chef de l’Etat ‘’souverainiste’’.
« Nous ne pouvons pas exploiter une telle richesse sans nos cadres compétents dans ce domaine. Un institut de pétrole est la plus grande solution qui soit adaptée dans ce sens, c’est-à-dire former des cadres nationaux qui vont exploiter notre richesse pour nous permettre d’installer une souveraineté dans ce secteur », fait-il valoir.
Une autre question d’actualité dans le secteur pétrolier au Niger, c’est la question de la reprise de la coopération avec l’Algérie.
A l’occasion d’une visite ministérielle algérienne à Niamey, le 7 Août 2024, rappelle-t-on, les deux (2) pays ont annoncé la reprise de leur coopération pétrolière, avec notamment le projet du bloc Kafra (Bilma, Nord) et la poursuite de la construction du gazoduc transsaharien (Nigeria-Niger-Algérie).
Pour M. Chaibou Ibrah, ces deux dossiers présentent des grandes opportunités pour le Niger notamment.
« L’entreprise pétrolière algérienne Sonatrach [Société nationale pour la recherche, la production, le transport, la transformation, et la commercialisation des hydrocarbures] a fait des découvertes sur ce bloc Kafra et a relevé un potentiel pétrolier énorme qui peut être exploitable par cette entreprise. Donc, conformément au contrat de partage de production, cette entreprise tiendra ses engagements et nous espérons dans un délai très court, la mise en production de ce bloc », informe Chaibou Ibrah.
Il ajoute : « Ce bloc en question révèle un potentiel en bitume dans les environs de Sokor, et le Niger a besoin du bitume pour bitumer ses routes et faciliter le transport ».
Le gazoduc transsaharien, indique-t-on, devrait relier à partir de 2027, le Nigeria à l'Algérie en passant par le Niger pour transporter du gaz naturel nigérian vers l'Europe.
« Il va traverser le Niger sur plus de 1000 km et c’est une coopération entre le Niger, le Nigeria et l’Algérie. Alors grâce à des discussions qui se sont tenues antérieurement, les ministres de ces trois pays ont pris des engagements pour réaliser ces Gazoducs qui vont alimenter le marché international en gaz de ses 3 pays », explique le cadre du ministère nigérien du pétrole.
« Je vous rappelle que le Niger détient un potentiel gazeux de plus de 23 milliards de mètres cubes qui sont approuvés et qui sont prêts à être mis en exploitation », renseigne-t-il, avant de poursuivre en expliquant que « donc l’une des retombées serait la mise en exploitation de ce gaz naturel, ainsi que sa valorisation sur le marché international. Donc une fois que notre gaz est sur le marché international, nous aurons des retombées énormes, ensuite l’autre gain attendu serait, que, une fois que ce pipeline traversera le Niger sur plus de 1000 km, nous bénéficierons ce qu’on appelle le droit de passage ».
Le directeur en charge des hydrocarbures au ministère nigérien du pétrole s’est également exprimé sur la réduction des prix de l’essence et du gasoil à la pompe annoncée par le Gouvernement en conseil des ministres le 17 juillet 2024.
Selon la nouvelle tarification effective depuis le 23 juillet 2024, le prix de l’essence (Super 9) est tombé de 540 francs CFA le litre à 499 francs CFA, alors que le litre du gasoil est passé de 668 à 618 francs CFA.
« Aujourd’hui le premier souci de nos autorités, c’est de faciliter le quotidien de la population nigérienne. C’est dans ce sens qu’ils ont procédé à cette réduction de prix », déclare-t-il.
« Nous sommes en train de réfléchir pour voir comment baisser davantage en touchant d’autres aspects que nous allons bientôt mettre à la disposition des plus hautes autorités pour une prise de décision optimale », annonce-t-il.
Selon lui, le Niger dispose de plusieurs potentialités pétrolières et gazières encore non exploitées.
« Aujourd’hui grâce à Dieu, il y a eu des études qui ont été faites, à part le bloc d’Agadem, nous avons Kafra, nous avons Bilma (qui relève un grand potentiel), nous avons des indices au niveau de Ténéré et au niveau du bloc de Dibela… », détaille la source.
« Donc tous ces blocs nécessitent une phase d’exploitation pour la mise en production et grâce à Dieu nous le ferons parce que nous avons des contrats et des partages de production avec Kafra, avec Savana. Et plaise à Dieu, pour Bilma nous espérons que d’ici 2025 la SONIDEP, qui est une entreprise nationale, va développer ce bloc pour que nous aurons notre premier baril ‘’Made by Niger et ça, c’est vraiment un honneur pour le pays ».
L’opérateur pétrolier national a lancé ses activités amont le 22 juin 2024.
Le Niger compte 44 blocs pétroliers et une zone en exploitation (Agadem) parmi lesquels 9 sous licences et 35 ouverts à l’exploration, selon le cadastre pétrolier du pays.