Au moment où le Niger, notre cher pays, avance à grands pas vers la reconquête de sa crédibilité et de son aura d’antan dans le concert des Nations qui gagnent, dans un contexte dominé par l’éclosion, un peu partout sur l’étendue du territoire national, des chantiers de la Renaissance, dans ce Niger où les signes de l’espoir s’affichent à tout bout de chemin, on assiste, hélas, à la résurgence des vieux démons de la politique du verbiage sur fond de… ‘’gros mots’’. Mais quel est donc ce pays où, du 1er janvier au 31 décembre, le débat politique occupe, sans trêve ni répit, le devant de la scène?
Le plus grave, c’est de constater que, ces derniers temps, certains hommes politiques cristallisent la vie nationale sur de la chose politique en nous entrainant sur le terrain glissant d’une certaine thématique trop gênante, et surtout nuisible à la sauvegarde de l’unité nationale. Nul besoin de rappeler que cette unité, source de cohésion sociale et de base de développement, reste une des plus grandes valeurs que nous nous devons de préserver jalousement. Le bons sens le commande, le sens du patriotisme l’impose: nous devons, si tant est qu’il faut encore continuer à polémiquer et à parler politique, veiller à ne prononcer aucun mot fâcheux, encore moins poser un acte qui participe à la démolition des fondements de notre démocratie et de notre cohésion sociale. Car, hier comme aujourd’hui, la particularité et la force du Niger et de son peuple résident dans la culture de cette parfaite symbiose qui unit les Nigériens. Une valeur largement partagée, que beaucoup de nations admirent et nous envient.
Cette force merveilleuse fait vivre, dans une vision commune, dix-sept millions d’hommes et de femmes qui gardent jalousement, dans leur diversité, le culte d’une même patrie, le Niger, le dévouement et l’attachement à une même cause, la paix et la sécurité.
La formation de cette grande nation est fruit du travail des grands hommes qui, tout au long des siècles, malgré les vicissitudes de leurs époques, n’ont jamais failli à leur idéal: la construction d’une nation nigérienne unie et solidaire.
C’est pourquoi, ce brusque regain du vocabulaire malsain, qui frise l’ethnocentrisme et le régionalisme, ainsi que l’appel de pied à notre armée républicaine pour intervenir sur la scène politique, constituent des atteintes à notre loi fondamentale. Cela doit cesser pour de bon ! La Constitution du 25 novembre 2010, rappelle en effet, en son article 8, que ‘’La République du Niger est un Etat de droit. Elle assure à tous l’égalité devant la loi, sans distinction de sexe, d’origine sociale, raciale, ethnique ou religieuse. Elle respecte et protège toutes les croyances. Aucune religion, aucune croyance ne peut s’arroger le pouvoir politique ni s’immiscer dans les affaires de l’Etat. Toute propagande particulariste de caractère régionaliste, raciale ou ethnique, toute manifestation de discrimination raciale, sociale, sexiste, ethnique, politique ou religieuse, sont punies par la loi’’.
Plus loin, la même Constitution indique, en son article 9, que ‘’Les partis politiques à caractère ethnique, régionaliste ou religieux sont interdits. Aucun parti ne saurait être créé dans le but de promouvoir une ethnie, une région ou une religion, sous peine des sanctions prévues par la loi’’.
La classe politique nigérienne, dans son ensemble, a une lourde responsabilité qui exige d’elle un dépassement de soi et un comportement exemplaire à tous les niveaux. Et tout comportement irresponsable de la part d’une certaine classe politique est un danger ‘’patricide’’ qui doit interpeller tout un chacun.
La paix et l’unité nationale, la sécurité et la tolérance, la solidarité et l’amour de la patrie, doivent être des vertus cardinales partout et pour tous, et ne doivent nullement souffrir des ambitions des uns et autres. C’est dire qu’aujourd’hui, plus que par le passé, tout désordre, toute velléité de formation de clans ethno-régionalistes ou autres, toute activité politique qui ne cadre pas avec les lois et règlements de la République, tout activisme politique malsain et toute propension au complot et à la démobilisation du peuple, à la diffusion de rumeurs et fausses nouvelles pour nuire à la sécurité et au développement harmonieux du pays et déstabiliser les institutions dont le peuple s’est souverainement doté, doivent être combattus avec la dernière énergie.
Car, comme l’a si bien dit et répété le Président Seyni Kountché dans une de ses nombreuses allocutions sur la culture de la paix : ‘’Aucune Nation n’a pu s’ériger dans le désordre, la chienlit et l’anarchie. Les tâches qui nous attendent sont beaucoup trop grandes et beaucoup trop nombreuses pour que nous nous distrayions en sombres manœuvres et en actions déstabilisatrices. Cultivons donc notre amour pour la paix et la quiétude dans notre Patrie, et dans le monde entier. De notre voisinage immédiat, comme de lointaines contrées, nous parviennent les échos des menaces contre la paix, contre l’unité des peuples et leur dignité. Gardons donc toujours à l’esprit que la paix est un bien précieux, mais précaire dans nos Etats. On la perd bien plus facilement qu’on ne la recouvre ».