Après qu’il a vidé les partis politiques de l’opposition de leurs militants, le gouvernement s’est attaqué aux journalistes et acteurs de la société civile en procédant à de vagues d’arrestations en leur sein. La semaine dernière, quatre journalistes, un acteur de la société civile et un homme politique, fervent militant du CDS-Rahama, aile Mahamane Ousmane ont fait l’objet d’interpellations même si par la suite, ils ont été relaxés fautes de charges suffisantes contre eux.
Mais pour les analystes de la vie politique, ces arrestations ne sont que l’arbre qui cache la forêt. Elles relèvent de la pure diversion d’un régime décidé à amuser le peuple, le temps de mener ses négociations avec AREVA et faire oublier les grands dossiers accablants qui font frissonner le gouvernement, entre autres, l’audit de la transition de Salou Djibo, l’affaire du prêt contracté au Congo Brazzaville et l’affaire Exim Bank. La liste est longue, si l’on y inclue les marchés de gré à gré octroyés à certains militants du régime et qui ont entrainé l’éviction de deux membres du gouvernement impliqués.
Toutes ces affaires dérangent. Or, les journalistes et les acteurs de la société civile en font leurs objets de préoccupation. Pas une semaine où les deux structures ne s’invitent pas sur les plateaux des médias pour en débattre.
Le gouvernement ne l’admet à peine et voit en cela une manifestation latente pouvant le déstabiliser. Les renégociations des contrats miniers qui se déroulent actuellement avec Areva et que les journalistes et les acteurs de la société civile suivent avec vigilance perturbent le schéma des rounds du gouvernement avec le groupe nucléaire français.
Aujourd’hui les tentatives manifestes de ménager Areva dans le cadre des renégociations qui sont en cours, montrent clairement que le gouvernement va signer les yeux fermés les contrats en défaveur du peuple nigérien. Les exonérations gracieusement octroyées à Areva, le refus par ce dernier de se voir appliquer les textes de 2006 sont des preuves tangibles que le géant minier Areva veut encore se tailler la part du lion sur nos richesses nationales.
Par ce contrat, la France veut encore continuer sa politique de saprophyte qui consiste à vivre sur le dos des autres. C’est ce parasitisme que la société civile et les journalistes dénoncent quotidiennement à longueur de leurs débats.
Mais, apparemment, Areva a trouvé un terrain favorable, acquis à sa cause puisque c’est même au sein du gouvernement que certains caciques du régime et pas des moindres prennent fait et cause pour cette institution. Il est difficile de croire que le gouvernement tienne tête à Areva, en dépit des professions de foi publiquement exprimées par la partie nigérienne. Tout comme on ne peut parier un seul franc sur l’aboutissement du volet lutte contre la corruption et l’impunité en cette ère de débauchages où le seul leitmotiv semble être les prochaines échéances électorales.
On ne manquera pas d’assister à quelques actions de charme, mais pendant combien de temps ? Et pour quels fretins résultats ? L’avenir nous édifiera.