Trois journalistes nigériens travaillant pour la radio privée Anfani, ont été interpellés mercredi à la suite d'un entretien accordé à un syndicaliste, qui a également été arrêté.
Ces arrestations portent à neuf le nombre de journalistes et à trois celui des leaders d'opinion récemment interpelés au Niger. Six journalistes, un opposant reconnu au pouvoir en place et un membre d'une ONG de défense des droits de l'Homme ont précédemment été arrêtés puis relâchés depuis le 25 janvier.
"Depuis 14H00 (13H00 GMT) mercredi, nos confrères Abdoul-Razak Idrissa, rédacteur en chef et deux autres journalistes, Mme Haoua Maïgari et Moussa Hassane sont gardés à vue à la police judiciaire", a indiqué la radio Anfani, qui les emploie.
Leur interpellation "est en lien avec un entretien" accordé récemment à Ismaël Salifou, l'un des dirigeants d'un syndicat d'enseignants, a souligné Anfani, sans donner plus de précisions.
Plusieurs radios privées dont Anfani ont annoncé l'arrestation d'Ismaël Salifou, sans préciser les raisons de son arrestation.
L'entretien portait sur un bras de fer qui oppose ce syndicat d'enseignants à un responsable de l'Education de Zinder (centre du pays), a expliqué Anfani.
Le climat politique est très tendu depuis août 2013 entre le régime du président Mahamadou Issoufou et son opposition.
Les six autres hommes interpellés puis relâchés fin janvier étaient accusés notamment de "propos outrageants à l'égard du président de la République" ou de "délit de presse et dénonciation calomnieuse".
Soumana Idrissa Maïga, l'un des journalistes précédemment libérés, est poursuivi pour "complot contre la sûreté de l'Etat et recel de malfaiteurs" après la publication le 17 janvier d'un article critique contre le pouvoir dans son journal L'Enquêteur, l'unique quotidien indépendant du pays.
Le ministre de la Justice, Marou Amadou avait annoncé en janvier que ses services allaient poursuivre "cinq" cas "d'appels à la haine ethnique, à l'insurrection et au coup d'Etat" proférés sur des médias locaux.
Les organisations de journalistes ont dénoncé ces vagues d'arrestations, estimant que les détentions préventives sont "en violation de la loi sur le régime de la liberté de la presse".
Un texte de 2010 dépénalise les délits de presse au Niger.