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Au Niger, Mohamed Bazoum « sacrifié » sur l’autel de l’accalmie AES-CEDEAO ?

Publié le mercredi 13 novembre 2024  |  Beninwebtv.com
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© Présidence par DR
Visite de travail du Président de la République, S.E.M Mohamed Bazoum, dans la région de Tahoua
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Il est de notoriété publique que le sort des anciens chefs d’État africains renversés par des coups d’État laisse souvent à désirer. Contraints de quitter leur pays ou de rester sans réelle liberté, ils vivent rarement dans des conditions favorables. Tel est le cas de Mohamed Bazoum, déchu de la présidence du Niger le 26 juillet 2023.


Plus de 15 mois après son renversement, la situation de l’ancien président nigérien semble sombrer dans l’oubli. Le silence qui entoure sa détention amène à se demander si le sort de Bazoum serait la rançon d’un retour au calme entre la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) et les États de l’AES (Alliance des États du Sahel).

Les exigences de la CEDEAO au moment du renversement de Bazoum avaient engendré de vives tensions avec les pays de l’AES, qui avaient affirmé leur rupture avec cette organisation. Aujourd’hui, le cas de Bazoum semble relégué au second plan dans la crise sociopolitique nigérienne, et le silence assourdissant de l’organisation sous-régionale, dans le bras de fer entre le Bénin et le Niger, témoigne de ce laisser-aller, laissant place à des États profitant de la situation pour se rapprocher de l’AES, au mépris des normes communautaires.

Bazoum simplement oublié par la CEDEAO ?
Si c’est le cas, cela signifierait une capitulation de facto. Bien que l’institution soit parfois accusée d’agir en syndicat de chefs d’État, son silence face à la situation de Mohamed Bazoum révèle un manque de cohésion et une fragilisation profonde. À moins d’une médiation discrète, Bazoum semble abandonné sans voix diplomatique forte pour le soutenir.

Il est étrange que le sort de cet ancien président soit devenu une simple affaire interne au Niger, alors que le respect des droits humains est défendu à travers le monde. Bien que la paix soit à ménager, des efforts diplomatiques pourraient être entrepris pour obtenir un accord de libération de Bazoum, selon des conditions consensuelles. Cela servirait d’ailleurs les intérêts des dirigeants actuels du Niger, en cette période où la légitimité du coup d’État s’efface et où il est temps de fédérer la nation autour de nouvelles perspectives.

Peut-on espérer une magnanimité des nouvelles autorités ?
Si les États de l’AES avaient une approche moins clivante, ils pourraient montrer leur bonne foi en appelant à la libération de Bazoum. On peut comparer cette situation à celle du Burkina Faso, où le président de la transition déchu, le colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, est accusé depuis son exil au Togo de tenter de déstabiliser le régime actuel.

Depuis le 29 juillet 2024, date où la Cour d’appel de Niamey a ordonné la libération provisoire de quatre anciens ministres de Bazoum — Hama Adamou Souley (Intérieur), Ahmat Djidoud (Finances), Rabiou Abdou (Plan) et Yacouba Ibrahim (Énergie) — pour « atteinte à la sécurité nationale » et « crime de trahison », ils attendent toujours de recouvrer leur liberté.

Possibles concessions ?
Le 15 décembre 2023, la Cour de Justice de la CEDEAO avait ordonné la libération immédiate et inconditionnelle de Mohamed Bazoum, de son épouse Hadiza Ben Mabrouck et de leur fils Salem. Cependant, seul ce dernier a obtenu une libération provisoire. En juin 2024, l’immunité de Bazoum a été levée, ouvrant la voie à un éventuel procès, et une dizaine de ses proches ont été provisoirement déchus de leur nationalité pour « atteinte à la sécurité nationale ».

Les militaires au pouvoir auraient beaucoup à gagner en faveur de l’opinion publique en faisant des concessions, surtout dans le contexte actuel où le climat semble propice. Neuf membres du Front patriotique de libération (FPL), un groupe rebelle pro-Bazoum, ont déposé les armes le 11 novembre 2024, alors que d’autres mouvements continuent de défier les nouvelles autorités. Dans son ouvrage « Le Prince », Nicolas Machiavel conseille aux souverains de ne pas ouvrir plusieurs fronts à la fois, un conseil qui résonne particulièrement pour les dirigeants actuels du Niger.
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