Forum national sur les décès maternels et périnatals : des experts identifient les défis critiques pour améliorer la prise en charge et réduire la mortalité au Niger
Le Forum national sur les décès maternels et périnatals, ouvert à Niamey le mercredi 13 novembre 2024 et placé sous le thème « Plus jamais de décès maternels et périnatals évitables au Niger. Agissons ensemble ! », a débuté sa première session par un panel d’experts dédié à l’analyse approfondie des défis entravant la réduction de la mortalité maternelle et périnatale au Niger. Lors de ce premier panel « Défis en matière de Prise en charge : Ressources humaines, infrastructures, matériels/équipements/médicaments et autres produits de santé/Continuité des soins », placé sous la modération du Professeur Madi Nayama, six experts du domaine ont apporté des réponses claires à des questions cruciales, en mettant en évidence les obstacles liés à la disponibilité et à la qualité des ressources humaines qualifiées, la satisfaction des besoins en personnel selon les normes, l’organisation des soins pour un meilleur accès, l’extension de la couverture sanitaire géographique, l’équipement adéquat des formations sanitaires, ainsi que l’utilisation effective et la maintenance des équipements disponibles. Ils ont également évalué les progrès et les défis persistants dans la gestion logistique des médicaments vitaux pour les femmes enceintes, les mères et les nouveau-nés, tout en proposant des pistes pour surmonter ces contraintes et améliorer durablement la santé maternelle et périnatale au Niger.
Réduction de la mortalité maternelle et néonatale au Niger : urgence face à un déficit de personnel et un manque criant d’équipements
Lors de son intervention, le Directeur Général de la Santé de la Reproduction (DGSR), Dr Harou Issoufa, premier paneliste, a répondu à la question essentielle des défis qui entravent la réduction de la mortalité maternelle et périnatale au Niger. Il a mis en lumière des obstacles majeurs, notamment un déficit criant en ressources humaines, des équipements insuffisants pour répondre aux urgences vitales, une couverture limitée des interventions essentielles, des disparités entre milieux urbains et ruraux, ainsi que des défis liés à la qualité des soins, à l’engagement communautaire et à l’approvisionnement en médicaments vitaux.
« Les défis sont énormes », a-t-il affirmé d’emblée. « En termes de ressources humaines, nous faisons face à un déficit criard. Nous disposons de huit fois moins de personnel que ce qui est requis pour répondre aux normes de couverture sanitaire. De plus, le personnel est majoritairement concentré en milieu urbain, tandis que 80 % de notre population vit en milieu rural ».
Dr Issoufa a souligné l’importance des infrastructures et des équipements pour répondre aux urgences vitales. « La réanimation d’un nouveau-né est une question de minutes, mais malheureusement, les équipements nécessaires ne sont pas toujours disponibles », a-t-il regretté. Il a également insisté sur le fait que, bien que des interventions efficaces soient identifiées, leur couverture reste loin des objectifs fixés, notamment pour les consultations prénatales, les accouchements assistés et la planification familiale.
Au-delà de la disponibilité des services, Dr Issoufa a mis l’accent sur le défi de la qualité des soins. « Il ne suffit pas que les prestations soient disponibles. Leur qualité est primordiale », a-t-il expliqué, plaidant pour l’accréditation des écoles de santé pour garantir des ressources humaines qualifiées.
Un autre défi majeur réside dans l’engagement communautaire. « Pour réussir, il est impératif d’impliquer la communauté et de coordonner les efforts de tous les acteurs présents ici », a-t-il ajouté, insistant sur la nécessité de mécanismes de redevabilité et de coordination efficaces.
Dr Issoufa a également évoqué les enjeux liés à l’approvisionnement en médicaments vitaux pour les femmes et les nouveau-nés. « Sans produits, il n’y a pas de programme. Notre défi est de faire en sorte que ces médicaments atteignent le dernier kilomètre, y compris dans les cases de santé et chez les relais communautaires ».
Enfin, il a souligné l’importance de garantir un paquet complet de soins pour chaque visite en formation sanitaire : « Chaque femme et chaque enfant doivent recevoir ce dont ils ont besoin à chaque interaction avec le système de santé ».
Déficit de personnel de santé : entre réalités alarmantes et urgence d’actions concertées pour réduire les décès maternels et néonatals
Quant au second paneliste, M. Sani Kané, Directeur des ressources humaines, il a apporté des réponses précises sur la situation actuelle de satisfaction des besoins en personnel selon les normes ainsi que sur les défis liés aux ressources humaines qualifiées pour améliorer la santé maternelle et périnatale. Il a dressé un état des lieux des besoins en personnel qualifié et des défis qui entravent la réduction des décès maternels et périnataux au Niger.
M. Kané a souligné deux indicateurs essentiels pour mesurer la disponibilité des ressources humaines dans le secteur de la santé. Le premier concerne la densité du personnel de santé. Selon les recommandations de l’OMS, il devrait y avoir 23 agents de santé pour 10 000 habitants, soit 2,3 agents pour 1 000 habitants. Cependant, au Niger, ce ratio est nettement insuffisant, atteignant seulement 5 agents pour 10 000 habitants. De plus, des disparités régionales marquent cette situation : la région de Niamey affiche la densité la plus élevée, avec 1,87 agents pour 1 000 habitants, tandis que Zinder enregistre la densité la plus faible, avec seulement 0,36 agents pour 1 000 habitants.
Le second indicateur repose sur les ratios par profession médicale. Concernant les médecins, la norme de l’OMS recommande 1 médecin pour 10 000 habitants. Or, au Niger, ce ratio s’élève à 1 médecin pour 16 647 habitants, bien en deçà des exigences internationales. La région de Tahoua, par exemple, compte seulement 1 médecin pour 42 706 habitants, mettant en évidence une situation critique. À l’inverse, le ratio des infirmiers est plus favorable : on dénombre 1 infirmier pour 2 814 habitants, dépassant la norme de l’OMS fixée à 1 infirmier pour 5 000 habitants. De même, pour les sages-femmes, le Niger enregistre un ratio de 1 sage-femme pour 3 309 femmes en âge de procréer, surpassant ainsi la norme de 1 pour 5 000.
Ces données reflètent une situation contrastée où des progrès sont observés pour certaines catégories de personnel, mais des lacunes importantes subsistent, notamment pour les médecins.
M. Kané a mis en lumière plusieurs défis majeurs à surmonter pour améliorer la situation des ressources humaines dans le secteur de la santé. Tout d’abord, il a souligné la nécessité d’un recrutement massif et régulier. En effet, le dernier recrutement significatif remonte à 2019, et il est crucial de renforcer les effectifs, notamment en recrutant davantage de médecins pour combler la pénurie actuelle. Les collectivités territoriales et les partenaires doivent également jouer un rôle actif dans cet effort de recrutement.
Un autre défi majeur est le déploiement équitable du personnel de santé. Actuellement, 60 % des agents de santé sont concentrés en milieu urbain, ce qui laisse les zones rurales et reculées gravement sous-desservies. Bien qu’un projet pilote de déploiement soit en cours, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour garantir une répartition plus équilibrée.
M. Kané a également évoqué la féminisation du secteur, qui représente un défi spécifique. En effet, 60 % du personnel de santé est féminin, et une grande partie de ces femmes sont mariées, ce qui complique leur affectation dans des zones éloignées en raison de contraintes sociales, culturelles et religieuses. À l’École Nationale de Santé Publique (ENSP) de Niamey, 96 % des élèves sont des femmes, dont 30 % sont mariées, ce qui accentue les difficultés liées à leur déploiement dans certaines régions.
Enfin, M. Kané a insisté sur la nécessité d’une meilleure coordination et synergie dans la gestion des ressources humaines. Une gestion centralisée et locale plus efficace est essentielle pour éviter les déséquilibres dans la distribution du personnel et assurer une couverture sanitaire adéquate dans toutes les régions du pays.
M. Kané a insisté sur l’urgence de mobiliser tous les acteurs pour répondre à ces défis. La coordination entre l’État, les collectivités locales, et les partenaires internationaux, ainsi qu’une gestion optimisée des ressources humaines, sont essentielles pour améliorer la santé maternelle et néonatale et réduire les décès évitables au Niger.
Cette intervention a souligné la nécessité d’actions concrètes et coordonnées pour surmonter les obstacles qui freinent le progrès dans ce domaine crucial pour le bien-être des familles nigériennes.
Ressources Humaines : des disparités alarmantes et des défis à relever
Le troisième paneliste, Dr Manzo Farouk, Directeur Régional de la Santé Publique (DRSP) de Zinder, a répondu à la question portant sur les défis liés aux ressources humaines qualifiées pour améliorer la santé maternelle et périnatale au niveau régional. Il a expliqué que, bien que la question des ressources humaines soit un sujet d’intérêt général, les disparités régionales demeurent très marquées.
Pour illustrer cette situation, il a souligné la faible densité du personnel de santé dans la région de Zinder. Cette dernière présente un ratio alarmant de seulement 0,38 agents pour 1 000 habitants, bien en dessous de la norme de l’OMS, qui est de 2,3 agents pour 1 000 habitants. En tenant compte des agents affectés à l’hôpital national des Zinder, ce ratio chute à 0,20 agents pour 1 000 habitants. Cette situation est encore plus frappante lorsqu’on examine certains départements comme Magaria, où il y a un médecin pour 150 000 habitants, ou Tanout, avec un médecin pour 320 000 habitants. Dans le département de Belbegie, un seul médecin doit couvrir 156 000 habitants.
En plus de la pénurie de médecins, le Dr Manzo a mentionné que la région de Zinder fait face à un besoin criant d’infirmiers et de sage-femmes. Actuellement, la région nécessite 1 256 infirmiers et 440 sage-femmes pour combler les manques. Le ratio de sage-femme à Zinder est particulièrement inquiétant, avec une sage-femme pour 10 500 femmes en âge de procréer, bien au-dessus de la norme de l’OMS de 1 sage-femme pour 5 000 femmes. Cette situation s’accompagne également d’un taux de couverture sanitaire très faible dans la région, de 48 %, bien inférieur à la moyenne nationale de 55 %.
Dr Manzo a également mis en lumière des difficultés spécifiques liées à l’organisation des services de santé dans la région. Il a évoqué le cas des Centres de Santé Intégrés (CSI), où un seul agent doit gérer l’ensemble des activités. De plus, la région dispose de six hôpitaux départementaux (HD), mais seulement deux d’entre eux disposent d’anesthésistes, ce qui complique l’offre de soins spécialisés. Le manque d’effectifs dans des spécialités cruciales comme la chirurgie et l’anesthésie constitue un autre défi majeur.
La gestion des concours de recrutement a aussi été abordée. Selon Dr Manzo, bien que des concours soient organisés chaque année, le manque de personnel reste flagrant, car de nombreux agents choisissent d’orienter leur carrière vers d’autres spécialités, au détriment des soins de santé de base. Cette tendance est particulièrement visible dans les données de satisfaction des besoins en personnel. En 2023, la région de Niamey avait exprimé un besoin de 207 agents de santé, mais n’a reçu que 24, soit un taux de satisfaction de 11,6 %. En 2024, sur 195 agents requis, seulement 11 ont été affectés, soit un taux de satisfaction de 5,64 %.
Dr Manzo a également insisté sur l’importance de réfléchir à des stratégies adaptées pour redéployer les agents de santé, en particulier dans les zones rurales. Le taux de féminisation du personnel de santé, qui atteint 96 % à l’École Nationale de Santé Publique (ENSP), soulève des problématiques supplémentaires. Bien que la majorité des élèves formés soient des femmes, nombre d’entre elles refusent d’être affectées dans des régions éloignées en raison de contraintes sociales et familiales. Cela souligne la nécessité de repenser la parité et de motiver davantage les hommes à s’engager dans ces zones sous-desservies.
Enfin, Dr Manzo a conclu en rappelant que la gestion des ressources humaines doit être alignée avec les besoins réels des populations. Il a souligné que l’avancement des agents dans leur carrière doit tenir compte des besoins de terrain, afin d’éviter une concentration excessive de profils similaires dans certains bureaux alors que d’autres domaines manquent cruellement de personnel. Une meilleure gestion des effectifs et une formation adaptée aux besoins spécifiques du ministère de la Santé sont nécessaires pour répondre efficacement aux défis actuels.
Les défis de l’organisation des soins de santé au Niger : un enjeu crucial pour la santé des femmes et des enfants
Dr Abdoulaye Mariama Moumouni, Directrice de l’Organisation des Soins (DOS), a quand elle exposé les principaux défis auxquels le système de santé est confronté pour assurer un meilleur accès aux services et prestations de qualité pour les femmes enceintes, les mères et les nouveau-nés. Dans sa réponse, Dr Abdoulaye a mis en lumière plusieurs axes clés, tout en insistant sur le cadre stratégique adopté par le gouvernement nigérien pour relever ces défis. "Je voudrais d’abord rappeler notre plan de développement sanitaire 2022-2026, qui est notre document de référence, aligné aux engagements internationaux, notamment l’agenda 2030 des Nations Unies, et la politique de couverture sanitaire universelle", a-t-elle précisé.
Le Niger s’est doté d’un plan stratégique de couverture sanitaire universelle 2021-2030, qui repose sur trois piliers, avec un accent particulier sur l’amélioration de la qualité des soins et l’accès aux services de santé. "L’objectif spécifique de notre plan est d’améliorer l’accès des populations, en particulier les mères et les enfants, à des soins de santé de qualité", a expliqué la Directrice. Cependant, plusieurs défis subsistent pour transformer ces objectifs en réalités tangibles sur le terrain.
Le premier défi souligné par Dr Abdoulaye est l’application effective des normes et standards de santé à tous les niveaux de la pyramide sanitaire. Cela comprend non seulement les soins de base essentiels, mais aussi les infrastructures, les ressources humaines, les équipements et les médicaments. "Nous devons nous assurer que ces normes soient appliquées de manière cohérente dans toutes nos structures de santé pour garantir une prise en charge optimale", a-t-elle souligné.
La continuité des soins est un facteur déterminant de la qualité des services de santé, mais elle reste un défi majeur. "Les services doivent être accessibles en permanence, au-delà des horaires classiques de la fonction publique, pour répondre aux besoins urgents des femmes enceintes, des mères et des nouveau-nés", a-t-elle affirmé. Cependant, la réalité est souvent loin de cette aspiration, avec des services comme les vaccinations ou les consultations prénatales limités à quelques jours par semaine, ou des structures de santé qui ferment trop tôt.
Un autre défi transversal demeure la pénurie de personnel qualifié, en particulier dans les centres de santé intégrés (CSI). "Dans un CSI, comment peut-on assurer la continuité des soins avec un seul agent?", a interrogé la Directrice. Cette pénurie affecte directement la capacité des structures sanitaires à offrir des soins de qualité de manière régulière.
La mise en place d’équipes d’assurance qualité, particulièrement pour la prise en charge des urgences, est un autre défi majeur. La Dr Abdoulaye a mis en avant l’expérience positive de certains centres, comme celui de Tahoua, où des équipes d’amélioration de la qualité ont été mises en place avec succès. "Nous avons beaucoup à apprendre de l’expérience du CSME de Tahoua, notamment en matière de gestion des urgences", a-t-elle précisé.
Le système de référence et contre-référence reste inefficace dans plusieurs régions, ce qui rend difficile la gestion des cas complexes. "Le système est multisectoriel et nécessite une collaboration continue entre les différents niveaux de santé", a-t-elle observé. Le CSME de Tahoua est cité en exemple, où des pratiques de contre-référence ont permis de renforcer les compétences des agents et d’améliorer la qualité des soins.
Enfin, Dr Abdoulaye a évoqué le défi de la supervision de qualité dans les structures de santé. "La supervision, lorsqu’elle est bien menée, est un levier essentiel pour améliorer les soins. Mais elle reste insuffisante en raison de la surcharge des équipes managériales", a-t-elle expliqué. Le ministère de la Santé prévoit des réformes pour renforcer cette supervision, en particulier dans les districts sanitaires à grande échelle comme celui de Dosso, qui regroupe jusqu’à 60 CSI.
Malgré ces défis, la Dr Abdoulaye a exprimé son optimisme quant à l’avenir du système de santé au Niger. "Les autorités administratives s’engagent à améliorer la logistique, et les réformes envisagées dans les districts permettront de renforcer les capacités managériales pour une supervision de qualité", a-t-elle conclu.
Infrastructures sanitaires au Niger : défis, avancées et perspectives pour une couverture géographique optimale
Lors de cette première session des panels, deux questions cruciales ont été posées à M. Oumarou Saadou, le Directeur des Infrastructures et des Équipements Sanitaires (DIES), concernant les défis liés à l’extension de la couverture sanitaire géographique et à la gestion des équipements dans le pays. Dans ses réponses, il a donné des statistiques précises, les efforts en cours pour améliorer l’infrastructure sanitaire et les défis persistants, tout en intégrant des éléments de solution et de perspective pour l’avenir.
M. Oumarou Saadou s’est d’abord référé à l’annuaire statistique 2023, qui présente un aperçu de l’état des infrastructures et des équipements sanitaires sur l’ensemble du territoire national. Selon les données, le Niger dispose actuellement de 1431 Centres de Santé Intégrés (CSI), de 2169 cases de santé qui attendent d’être transformées en CSI, ainsi que de 72 districts sanitaires, dont seulement 35 ont des blocs opératoires. À cela s’ajoutent 8 Centres Hospitaliers Régionaux (CHR), 7 centres de santé mère-enfant, et 2 hôpitaux de référence.
Cependant, la situation reste préoccupante en ce qui concerne les équipements nécessaires pour la prise en charge des femmes et des enfants. M. Saadou mentionne que le pays dispose de 3116 tables d’accouchement, 135 appareils d’échographie, 147 tables d’opération et 80 appareils d’anesthésie. En termes d’énergie, 826 groupes électrogènes et 332 installations solaires sont répartis à travers le pays, mais la question de leur fonctionnement optimal reste un défi majeur.
En réponse à la seconde question, M. Saadou a mis en lumière un problème majeur : la vétusté des équipements existants. Beaucoup de ces appareils sont anciens et nécessitent des remplacements urgents. Au niveau de la maintenance, il souligne que le pays ne compte que 65 agents de maintenance répartis à travers le territoire, dont seulement 11 ingénieurs, dont la majorité est basée à Niamey. Il existe un grand déficit de techniciens spécialisés, notamment en dehors de la capitale, avec des zones entières manquant d’ingénieurs biomédicaux pour assurer l’entretien des équipements complexes.
Le Directeur des Infrastructures et des Équipements Sanitaires a également évoqué l’importance d’un budget d’amortissement pour ces équipements, souvent négligé dans les budgets des établissements. En outre, le manque de pièces de rechange locales complique la maintenance, car de nombreuses pièces doivent être commandées à l’étranger, entraînant des délais importants.
Malgré ces défis, des initiatives prometteuses ont été mises en place. Récemment, une libération exceptionnelle de 1,2 milliard de francs CFA a permis de relancer la transformation de 41 cases de santé en CSI, un projet bloqué depuis quatre ans. D’autres projets sont en cours, notamment avec le programme Lafiya Iyali, qui prévoit la transformation de 35 cases de santé en CSI dans les régions de Zinder et Maradi, ainsi que la construction de 5 Hôpitaux de District (HD). Ces évolutions laissent entrevoir une amélioration significative des infrastructures.
Concernant les équipements, M. Saadou annonce l’acquisition de sept nouveaux scanners et trois IRM, dont la livraison est attendue d’ici fin décembre. Ces ajouts permettront de renforcer l’accès aux services d’imagerie médicale dans toutes les régions, réduisant ainsi les disparités entre Niamey et les autres zones du pays.
Enfin, le Directeur des Infrastructures et des Équipements Sanitaires conclut sur une note positive, affirmant que bien qu’il y ait encore beaucoup à faire, les réformes en cours, combinées à l’engagement de l’État et des partenaires, promettent un avenir meilleur pour le système de santé nigérien.
Réformes logistiques et défis dans la gestion des médicaments vitaux et essentiels pour les femmes enceintes, les mères et les nouveau-nés
Dr. Abdou Bagoudou Rakia, Directrice de la Pharmacie, des Laboratoires et de la Médecine Traditionnelle, a clôturé les travaux de cette première session de panels en répondant aux questions sur les avancées en matière de gestion logistique des médicaments vitaux en particulier pour les femmes enceintes, les mères et les nouveau-nés, ainsi que les défis rencontrés dans ce domaine.
En réponse à la question sur les avancées en matière de gestion logistique (approvisionnement et distribution) des médicaments vitaux et essentiels pour les femmes enceintes, les mères et les nouveau-nés, Dr. Rakia a souligné l’importance cruciale de la disponibilité des médicaments, affirmant que "sans médicaments, il n’y a pas de programme de santé". Pour améliorer la gestion logistique des médicaments vitaux, en particulier pour les femmes enceintes et les nouveau-nés, le ministère de la Santé a initié trois réformes majeures, comme l’a expliqué Dr. Abdou Bagoudou Rakia, Directrice de la Pharmacie, des Laboratoires et de la Médecine Traditionnelle.
La première réforme porte sur la chaîne unique d’approvisionnement, qui vise à centraliser les efforts de tous les acteurs du secteur. Cette approche permet d’assurer une disponibilité constante des produits essentiels, tout en garantissant une distribution équitable et transparente des médicaments. Elle favorise également une meilleure coordination entre les différentes parties impliquées.
Par ailleurs, le système d’information en gestion logistique (SIGL) représente un levier technologique clé dans cette stratégie. Actuellement en cours d’implémentation, ce système permet de collecter et d’analyser les données relatives à la gestion des stocks, depuis les Centres de Santé Intégrés (CSI) jusqu’au niveau central. Cette innovation offre ainsi la possibilité de prendre des décisions éclairées pour améliorer l’approvisionnement.
Dr. Rakia a souligné l’importance de la distribution au dernier kilomètre (LDK), une approche qui vise à rapprocher les médicaments des patients en concentrant les stocks au niveau des districts. Cette méthode a déjà montré son efficacité en réduisant considérablement les ruptures de stocks et en augmentant la disponibilité des médicaments dans les formations sanitaires.
Abordant la question des défis, Dr. Rakia a détaillé les obstacles auxquels ces réformes ambitieuses se heurtent. L’un des défis majeurs réside dans la qualité des données collectées pour le SIGLE. Sans des données fiables, la gestion des médicaments reste difficile et expose le système à des pertes importantes dues aux péremptions.
En outre, la pénurie de ressources humaines qualifiées complique la mise en œuvre des réformes. Si des pharmaciens sont disponibles au niveau régional, leur absence dans les districts limite la capacité à superviser efficacement la chaîne d’approvisionnement à un niveau décentralisé.
Un autre défi notable est lié à l’alignement des partenaires du secteur. Dr. Rakia a insisté sur la nécessité de sensibiliser ces derniers afin qu’ils adhèrent à la vision de la chaîne unique d’approvisionnement, garantissant ainsi une gestion plus cohérente et coordonnée.
Quant à l’opérationnalisation complète de la LDK, elle nécessite encore des ressources humaines et matérielles supplémentaires, malgré les progrès enregistrés jusqu’à présent. Cette étape reste cruciale pour atteindre une distribution optimale des médicaments.
Dr. Rakia a souligné la problématique de la faible capacité de production locale. Actuellement, seulement 1% des besoins en médicaments du pays sont couverts localement. Elle a plaidé pour un renforcement de la production locale afin de réduire la dépendance aux importations et d’assurer une disponibilité accrue des produits.
Dr. Rakia a rappelé l’importance du recrutement de professionnels qualifiés, notamment des pharmaciens et logisticiens, afin de garantir une gestion optimale de l’ensemble de la chaîne logistique. Ces défis, bien que complexes, peuvent être relevés grâce à un engagement concerté du ministère de la Santé et de ses partenaires.
La Directrice de la Pharmacie, des Laboratoires et de la Médecine Traditionnelle a conclu sur une note d’optimisme, soulignant que bien que des défis importants subsistent, les réformes en cours et l’engagement du ministère de la Santé, soutenu par les partenaires, offriront de nouvelles opportunités pour améliorer la gestion des médicaments essentiels au Niger, en particulier pour les femmes et les enfants.
Ainsi, bien que le Niger ait encore de nombreux défis à relever, les initiatives en cours et les réformes envisagées montrent une volonté forte d’améliorer l’accès des femmes, des mères et des nouveau-nés à des soins de santé de qualité, dans le cadre de l’ambition nationale de couverture sanitaire universelle.