L’Assemblée nationale française a adopté une motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier, mettant fin au mandat du Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, à peine trois mois après son investiture. Pour la première fois en plus de six décennies, un gouvernement français tombe sous le coup d’une motion de censure adoptée par l’Assemblée nationale. Mercredi soir, le Premier ministre Michel Barnier a été désavoué à une large majorité, scellant ainsi la chute de son cabinet après moins de trois mois d’exercice.
Le couperet est tombé à 20h26 lorsque Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, a annoncé l’adoption de la motion de censure par une large majorité. En quittant Matignon, Michel Barnier devient le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, avec moins de trois mois à son actif. Ce geste, qui n’avait pas été observé depuis la chute du gouvernement de Georges Pompidou en 1962, oblige Michel Barnier à remettre la démission de son gouvernement au président Emmanuel Macron, conformément à l’article 50 de la Constitution française.
Le bras de fer entre le gouvernement et l’opposition s’était intensifié ces derniers jours autour du budget 2025, en particulier de ses mesures sociales. Le Premier ministre avait activé mardi soir l’article 49.3 de la Constitution pour forcer l’adoption du volet social du budget 2025 sans vote parlementaire, déclenchant une vive opposition à l’Assemblée nationale. Cette décision a exacerbé les tensions déjà vives entre le gouvernement et les partis d’opposition.
Le vote de la motion de censure a été rendu possible grâce à une alliance inédite entre les députés de La France Insoumise et ceux du Rassemblement National qui a obtenu suffisamment de voix pour renverser le gouvernement.
Investi à Matignon il y a à peine trois mois, Michel Barnier devient le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République. Son mandat, issu de négociations ardues après les législatives anticipées de juillet dernier, aura été marqué par des conflits incessants avec une Assemblée nationale profondément divisée.
Dans son dernier discours, quelques heures avant le vote fatidique, Michel Barnier avait mis en garde contre les conséquences de cette censure, appelant à la responsabilité des parlementaires. Mais la coalition improbable entre LFI et le RN a eu raison de son appel, scellant la fin de son gouvernement.
Ce revers pour Emmanuel Macron ouvre une période de flou politique. Le président a annoncé vouloir nommer un nouveau Premier ministre rapidement, mais la configuration actuelle de l’Assemblée nationale, éclatée et instable, complique la formation d’un gouvernement capable de gouverner efficacement.
Pour l’heure, Michel Barnier et son équipe sont en affaires courantes, tandis que les tractations pour désigner son successeur s’accélèrent. Cette crise met également en lumière les tensions croissantes entre l’exécutif et le législatif, un défi majeur pour Emmanuel Macron, dont la majorité relative à l’Assemblée semble de plus en plus difficile à tenir.
La chute du gouvernement Barnier pourrait avoir des répercussions durables sur la vie politique française.
Pour Emmanuel Macron, qui doit désormais nommer un nouveau Premier ministre, l’urgence est double : stabiliser un paysage politique fracturé et préparer un nouveau gouvernement capable de rallier des soutiens parlementaires suffisants pour gouverner. Le Président Macron, se doit désormais de rétablir rapidement un semblant de contrôle pour éviter une paralysie prolongée des institutions.
Avec cette censure inédite, la France entre dans une zone de turbulences politiques aux contours encore flous, mais dont l’issue déterminera l’avenir des réformes et des politiques budgétaires du pays.